dimanche 21 octobre 2012

Iran : masqué par la trêve électorale le différend entre Israël et l’administration Obama persiste

 Les dirigeants israéliens restent déterminés à agir pour dégrader le potentiel nucléaire de l'Iran, probablement dans six à huit mois, et Israël est persuadé qu'il a la capacité de réussir dans cette mission. C'est ce que l'envoyé du premier ministre Bibi Netanyahou, Zalman Shoval, a déclaré à The Cable Foreign Policy vendredi.

 
La demande d'une fixation par Washington de «lignes rouges» claires à l'Iran, a provoqué un différend public entre les États-Unis et le gouvernement israélien. Le franchissement de ces lignes déclencherait une frappe militaire. Selon Zalman Shoval, ancien ambassadeur et envoyé spécial du premier ministre, le désaccord public entre les administrations Netanyahou et Obama a été mis en veilleuse, mais une divergence fondamentale sur le seuil de déclenchement de frappes sur l'Iran persiste, de même que sur les modalité de communication de ce seuil au régime iranien.
 
« La bonne nouvelle c'est que cette guerre ne provoquera pas de rupture entre Israël et l'Amérique. Les choses se sont calmées un petit peu, dans leur expression publique, ce qui est une bonne chose ... Mais la vision stratégique de base Israël n'a pas changé. Nous continuons à croire que la fixation d'une ligne rouge, entendue comme un signal clair, constitue désormais l'avancée la plus importante à accomplir."
 
L'envoyé israélien a rejeté d'un revers de main la proposition iranienne d'une suspension graduelle de la production d'uranium, mais seulement après la suspension intégrale des sanctions. Il a aussi déclaré que la ligne rouge énoncée par l'administration Obama -  ne pas permettre que l'Iran entre en possession d'une arme nucléaire - , reste insuffisante si l’on se place du point de vue de la sécurité d'Israël.
 
« Israël ne fixe pas de date, mais si un certain niveau de sanctions ne parvient pas à obtenir les résultats désirés, d'autres mesures devront être envisagées, de la façon la plus concrète... nous raisonnons ici sur une période de six à huit mois. »
 
Pour Shoval, la ligne rouge d'Israël correspond au  moment où les Iraniens auront enrichi assez de matière fissile pour être en mesure de produire au moins une bombe sale à brève échéance.
 
Israël ferait un bon accueil à des sanctions plus dures que celles qui sont envisagées semble-t-il par les États-Unis et l'Europe, mais le gouvernement israélien n'observe aucun indice que ces sanctions soient en train de convaincre les dirigeants iraniens de changer le cours de leur programme nucléaire.
 
Même l'effondrement de la monnaie iranienne ne pousse pas le régime iranien à abandonner son programme nucléaire militaire.
 
« Cela ne suffira pas avec un régime idéologique et fanatique en Iran, où les dirigeants ne s'en font pas pour si peu de choses, sauf si cela met en danger leur propre survie… Ils feront toutes sortes de manœuvres dilatoires mais ils n'interrompront pas leur effort nucléaire… Ils le considèrent comme une protection vitale pour leur destin personnel. »
 
Pour Shoval, Israël est convaincu qu'il peut réussir une frappe solitaire contre le programme nucléaire iranien, à condition que le terme « succès » ait été correctement défini.
 
« Israël ne prétend pas pouvoir éliminer totalement le programmer nucléaire iranien… Mais il y a en Israël un consensus pour estimer que nous pouvons interrompre l'effort iranien pendant trois à cinq ans. Or, au Moyen-Orient, trois à cinq ans ce n'est pas une courte période comme vous le savez. Et les Américains pourront entrer dans le jeu dans ce laps de temps, s'ils le désirent... La conduite américaine des opérations de frappe militaire augmenterait les chances de succès, mais c'est aux États-Unis d'en décider. »
 
Shoval a aussi commenté la froideur apparente des relations entre Netanyahou et Obama.
« Les relations personnelles sont importantes mais elles ne sont pas le critère numéro un. Le critère numéro un pour les deux pays, ce sont leurs intérêts… Les contacts sont très amicaux, ils sont menés sur une base quotidienne, sur une base technique et professionnelle, et cela continuera ainsi pendant longtemps. »
 
Shoval a aussi affirmé la production controversée d'un graphique de la bombe par Netanyahou à l'Assemblée générale des Nations unies avait été un grand succès.
 
« C'était dans le but d'attirer l'attention ... Netanyahou n'était pas allé à l'Assemblée générale des Nations unies dans l'espoir d'obtenir un vote pro israélien. Shakespeare a dit, « le monde entier est une scène de théâtre »; les Nations unies sont une scène de mondiale de théâtre. »
 
D’après Josh Rogin : Netanyahu envoy: Our position on red lines has not changed
The cable Foreign Policy, le 05 octobre 2012
Traduction : Pour un autre regard sur le Proche-Orient n° 8 Octobre 2012

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