mardi 22 janvier 2013

Un panorama de la désinformation sur Israël et ses voisins

Nous sommes les témoins d'un phénomène surprenant. Depuis des décennies les média, l'université, la recherche, ne parlons pas de la sphère politique, entretiennent une immense illusion collective.
D'un coté la caricature d'un Israël égoïste, vorace, violent, voire criminel. De l'autre, la chimère d'un "peuple palestinien," sorti du chapeau il y peu, pauvre, victime, et modéré dans ses profondeurs même s'il voit rouge à force de se voir refuser ses droits nationaux élémentaires.

La fiction peut être élégante quand elle épouse grosso modo les traits marquants de la réalité. Mais quand elle tord les faits pour leur faire dire le contraire de ce qu'ils sont, sa tâche est ardue. Pour tenir debout, il lui faut sans répit inverser les faits, truquer l'enchainement des causes et des conséquences, masquer des évidences, inventer des faux, mal nommer toujours, et torturer le sens des mots. Et tout cela pour que l'opinion n'ait pas les moyens de porter un jugement qualifié sur la responsabilité des éruptions de violence, sur les vrais objectifs de chacun des protagonistes, sur la valeur morale de leur cause et de leurs méthodes.

CAMERA, un très sérieux organisme américain de surveillance des média, a proposé une liste de "bonnes résolutions" de début d'année aux organes d'information pour corriger les "biais" les plus courants des messages qu'ils diffusent. Cette liste est un bon moyen d'établir une topographie générale de la désinformation qui sévit en Occident. On s'en est inspiré dans ce qui suit.
 
 

1) Sur Gaza : elle n'est pas "occupée" : on n'y trouve pas le moindre israélien, civil ou militaire. Elle n'est pas un "camp de prisonniers", qui a jamais vu un camp de prisonniers assez surarmé pour tirer des fusées sur la capitale de son adversaire. Elle ne subit aucune pénurie. Les prix de denrées suscitent la convoitise des Égyptiens. La vie est beaucoup plus chère pour eux. Par ailleurs, tous les indicateurs de développement humain de Gaza (santé, vaccination, éducation, nutrition, mortalité infantile, durée de vie) sont bien supérieurs en moyenne à ceux du reste du monde arabe.

2) Sur la "modération" de Mahmoud Abbas. Comment nier que Mahmoud Abbas et son clan sont à la tête d'une immense entreprise d'incitation au conflit avec Israël, et qu'ils honorent en permanence des "héros nationaux" dont les seuls exploits ont été d'enlever la vie à des civils israéliens. Abbas vient de rendre un hommage effrayant au mufti nazi de Jérusalem, Amin al-Husseini, ami personnel d'Eichmann, familier de Hitler et de Himmler, chef d'une division de SS qui fit des ravages en pays slave. En politique, après avoir refusé une offre de paix de Olmert en 2008, Abbas a refusé de négocier sans préalables avec Israël ces quatre dernières années. En violation des accords d'Oslo (art 31 alinéa 7 de l'accord intérimaire de 1995), il a fait reconnaitre un faux État palestinien à l'ONU dans le but avoué de trainer Israël devant la Cour pénale internationale. Une manière originale de préparer une paix de compromis. En fait, comme vient de le déclarer Moshe Ya'alon, un haut responsables israélien, ses objectifs sont identiques à ceux du Hamas, démolir l'état juif, même si les moyens diffèrent.

3) Sur la transmutation des terroristes palestiniens en "militants" Le terrorisme se définit par  "des violences préméditées et politiquement motivées perpétrées contre des non combattants"  ou par "l'utilisation ou la menace d'utiliser la violence pour contraindre ou intimider des gouvernements ou des sociétés pour réaliser des objectifs de nature idéologiques ou religieuse". De ce point de vue, le terrorisme palestinien est une réalité quotidienne, mais mieux, il aura été le grand laboratoire du terrorisme mondial contemporain. Dénommer "militants" les lanceurs de roquettes de Gaza, alors qu'ils tirent "dans le tas" en espérant le plus de pertes civiles possibles, c'est innocenter ces crimes, couvrir leurs auteurs et faire injure aux vrais militants, écologistes, socialistes, des droits de l'homme, pour la paix, etc.

4) Sur la barrière de sécurité. Il faut cesser de la qualifier de "mur" (ce qu'elle est sur 5% de son parcours pour éviter les tirs de snippers), de "rideau de fer", ou de dire qu'elle ceinture Bethleem. Elle a permis de réduire de 99% le nombre d'attentats terroristes. Ce genre de séparation est très courant, aux quatre coins du monde, et pas seulement entre Israéliens et Palestiniens.

5) Sur les négociations de paix. Il faut cesser d'imputer à Israël l'absence de négociation israélo-palestiniennes. Ce sont les Palestiniens qui ont refusé de négocier en multipliant des conditions préalables qu'ils n'avaient jamais invoquées auparavant (arrêt des constructions, libération des prisonniers, lignes de 1967, etc.).Quand en 2009 Netanyahou a accepté d'interrompre les constructions pendant 10 mois, Abbas a attendu le 9ème mois avant de céder aux injonctions américaines, pour quitter son siège quelques jours plus tard. Plus vicieuse encore l'affirmation que Netanyahou "fait semblant" de vouloir négocier. Pour savoir s'il fait semblant, il n'y a qu'à le mettre au pied du mur en allant à la table des négociations. Si Abbas s'y refuse c'est qu'il a de nombreuses raisons d'avoir peur d'aboutir à un accord et de renoncer à la rhétorique jihadiste de son courant politique.

6) Sur l'incitation permanente à la haine des Juifs et d'Israël en "Palestine". Il règne en Occident un silence de cathédrale sur le sujet. Or, toutes les institutions liées à l'Autorité palestinienne (écoles, média, mosquées) ont fait de l'incitation leur principe d'existence. Des générations de Palestiniens sont formatées pour la haine et la guerre (le jihad), ce qui est le plus sûr moyen d'annihiler pour longtemps toute perspective de paix régionale. Cette haine se combine avec une victimisation des Palestiniens qui annihile chez eux les attitudes d'esprit créatives et constructives. Qui tient donc à entretenir la stagnation et la frustration de ces populations?

7) Sur les réfugiés juifs des pays arabes. Les cinq ou six cent mille réfugiés palestiniens (ou plutôt leurs arrières petits enfants) sont souvent à la une. Par contre, les 850.000 Juifs des pays arabes dépouillés de tout et contraints de quitter leurs maisons entre 1947 et 1972 sont véritablement effacés de l'Histoire par les media occidentaux. Or ces Juifs vivaient dans ces contrées depuis deux à trois millénaires ! Les terres qu'ils ont abandonnées au cours cette formidable épuration ethnique seraient cinq fois plus étendues que l'État d'Israël.

8) Sur la "centralité" du conflit israélo-palestinien au Moyen-Orient. Cette antienne n'est jamais questionnée, elle coule de source à force de répétition. Pourtant que d'effusions de sang à grande échelle, que de guerres, de soulèvements, et de révolutions où Israël n'a rien à voir. La guerre Iran-Irak, la guerre civile algérienne, les guerres civiles libanaises, la boucherie subie par les Frères musulmans à Hama en 1982, la guerre civile syrienne aujourd'hui, les soulèvements des "Printemps" arabes, n'ont rien à voir avec le conflit israélo-palestinien mais tout à voir avec la rage jihadiste contre les minorités infidèles et les appétits des dictateurs et théocrates arabes. La soi-disant "centralité" n'est qu'un moyen d'accuser Israël d'être à la source des guerres moyen-orientales. C'est l'une des déformations majeures de la réalité assénées à l'opinion européenne par ses media.

9) Sur le sort terrible des femmes, des homosexuels et des minorités dans le monde arabo-musulman. Qui informe aujourd'hui l'Occident que les Palestiniens sont l'un des foyers des "crimes d'honneur" où la jeune fille violée est exécutée par sa famille, que les homosexuels sont mis à mort dans l'arc sunnite-chiite, ou qu'à Gaza ils ne sont condamnés qu'à 10 ans de prison! Les persécutions des chrétiens d'Irak et d'Égypte ont à peine franchi le seuil des rédactions, mais pas celles des chrétiens palestiniens. Et la Syrie risque bien de devenir demain un grand tombeau pour les Alaouites et les chrétiens syriens.

10) Sur les Chartes constitutives du Hamas et du Fatah, les deux branches dominantes de la scène palestinienne. Celle du Hamas stipule entre autres gracieusetés que "Israël, parce qu'il est juif et qu'il  a une population juive, défie l'islam et les musulmans." Elle prévoit aussi que les Juifs devront avoir été intégralement éliminés pour qu'advienne le Jugement dernier. Le Fatah n'est pas en reste, qui se propose de réaliser par la violence "la libération complète de la Palestine, et l'éradication du sionisme dans ses composantes économiques, politiques, militaires et culturelles." Ouf ! Il y a là une base intéressante pour évaluer les processus de paix.

11) Sur la démocratie menacée en Israël Il n'y a pas une décision gouvernementale ou de la Knesset que la Cour Suprême d'Israël ne scrute avec la plus inflexible sévérité. Récemment, la député arabe israélienne Hanane Zoghbi, interdite de postuler aux élections par la Knesset pour avoir participé entre autres à la flottille dans le Marmara, a été réintégrée par la Haute juridiction. 34 partis participent à ces élections totalement libres. Au même moment, la mainmise du Hezbollah sur l'État du Liban, celle du Hamas sur Gaza, la corruption généralisée dans les Territoires, le mandat expiré depuis quatre ans de M. Abbas, ne font pas sourciller la fibre démocratique de beaucoup de journalistes.

12) Sur l'hyper médiatisation d'Israël. Depuis des années, toutes les affaires impliquant Israël avalent les pages des journaux et les temps d'antenne. Le débat présidentiel Obama-Romney sur la politique étrangère a été dévoré par la question d'Israël. Cette focalisation injustifiée permet de ne pas parler de l'occupation chinoise du Tibet, de la guerre cruelle des Turcs contre les Kurdes, des répressions sanglantes dans les pays arabes, des affres insoutenables du Congo. Et la focalisation sur Israël n'empêche pas un quasi black out sur ses réalisations scientifiques, techniques, médicales ou agricoles.


Un panorama de la désinformation sur Israël et ses voisins
Jean-Pierre Bensimon
Pour un autre regard sur le Proche-Orient  n°9  janvier 2013
 

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