jeudi 2 mai 2013

Gérard Araud à l’ONU : « Feu sur la démocratie israélienne !»

Étrange administration de François Hollande! Alors qu’un voyage présidentiel en Israël est annoncé, la représentation française à l’ONU fait une déclaration plus diffamatoire que jamais à l’endroit d’Israël. Comme si la France dont l’image est très pâle à Jérusalem, avait renoncé à jouer un rôle quelconque au Proche-Orient.

Un discours officiel français sur Israël, ce n'est pas un constat, ce n'est pas une analyse, ce n'est pas une proposition. Non, c'est un acte d'accusation, le piétinement d'une souveraineté, un tissu de diffamations et de sous-entendus. Surtout, c'est un acte de soumission aux volontés effectives ou supposées d'un establishment arabe fantasmé.



Sur ce modèle, Gérard Araud, le représentant officiel de la France à l'ONU, a ciselé un chef d'œuvre le 24 avril. Il a finement calqué son propos sur les dernières revendications de Mahmoud Abbas. Araud a dit espérer "un retour des parties à des négociations sans préalables et sur des bases crédibles," sans signaler que c'est Ramallah qui empêche toute négociation depuis 5 ans en multipliant les préalables. Il a semblé contredire le raïs palestinien avec son "sans préalables". Il ne pouvait pas faire autrement en réalité, Obama ayant très publiquement invité Mahmoud Abbas à remiser une fois pour toutes ses préalables en mars dernier.

Mais ajoutait le représentant français, "sur une base crédible" détaillée un peu plus loin. Cette base crédible comportait d'abord des "mesures de confiance". De quoi s'agit-il? D'un extraordinaire procédé qui veut que les Palestiniens reçoivent un paiement rien que parce qu'il daignent s'asseoir à une table de négociation.

C'est le premier de leur préalable. Le second préalable palestinien, un thème mis en avant depuis peu, c'est la libération des prisonniers. Alors Araud se déclare "préoccupé par la situation des prisonniers palestiniens" et invite Israël "à prendre d'urgence les mesures appropriées." Qu'il s'agisse de terroristes souvent récidivistes, qu'ils soient rémunérés comme tels proportionnellement à la gravité de leurs actes, sur les fonds d'aide européens en particulier, n'émeut nullement Araud.

Et pour relever sa diatribe par une pointe de venin anti israélien, il appelle les autorités de ce pays "à respecter l'ensemble de leurs obligations internationales vis-à-vis des détenus palestiniens quel que soit leur statut." Traduisons: Israël, État hors-la-loi, ne respecte pas ces fumeuses "obligations". Pour mesurer l'abjection du propos, il est utile de rappeler que la protection judiciaire des prisonniers en Israël n'a pas d'équivalent en Occident. Ces derniers peuvent saisir directement rien moins que la Cour Suprême s'ils estiment que leurs "droits humains" ne sont pas respectés.


Araud poursuit par des louanges inconditionnelles des exploits de l'Autorité palestinienne, louanges comiques pour qui sait de quoi il retourne, sauf pour les pauvres arabes palestiniens qui en éprouvent dans leur chair la cruauté. Juché sur ses louanges de l'autocratie et ses diffamations de la démocratie, Araud saute à pieds joints sur la souveraineté et les prérogatives de l'État juif. Il demande le développement de la zone C au bénéfice des Palestiniens, faisant mine d'ignorer que l'Union européenne est signataire et garante du traité de 1995 qui alloue cette zone avec toutes les prérogatives d'administration à Israël. Araud exige aussi "la cessation des démolitions". Quand un tribunal a décidé de la démolition d'une construction illégale et quand les recours judiciaires ont été épuisés, M. Araud veut interdire à Israël d'exécuter la décision. Sur quelle base ? Que fait d'autre M. Araud que déployer une couverture pour les projets subversifs saoudiens et qatari qui financent spécifiquement les constructions illégales par centaines de millions de dollars en escomptant qu'une construction sur dix seulement sera détruite.

Et Araud demande encore, nous ne faisons que survoler ses requêtes, "un changement de la politique israélienne vis-à-vis de la Bande de Gaza et la levée du blocus." Il ouvre donc la porte à l'introduction libre de toutes les armes imaginables à Gaza puisque le soi-disant blocus se limite aux matériels à finalité militaire. Pourquoi ne demande-t-il pas aussi une libre passage des armes depuis l'Égypte qui a une frontière de 14 km avec Gaza? Ce serait la contribution française à la paix au Proche-Orient.

Araud ne mentionnera pas que Mahmoud Abbas a achevé son mandat en janvier 2009 et qu'il occupe depuis 4 ans le poste de président de l'Autorité palestinienne sans tenir d'élections. Il ne dira pas que Abbas est un autocrate arabe caricatural qui fait le vide autour de lui, comme en témoigne l'éjection du fameux Fayyad il y a quelques semaines. Il ne dira pas que la police de Abbas maltraite ou torture 90% des prévenus qui passe entre ses griffes, que les journalistes et bloggeurs vont en prison pour crime de lèse-majesté. Il ne dira pas que Abbas passe le plus clair de son temps à honorer les sombres fantômes du terrorisme palestinien historique dont il a été l'un des parrains éminents.

Ce qui est étrange, c'est que ce tir de barrage contre l'État juif coïncide avec l'annonce d'un voyage prochain de François Hollande en Israël. Si l'on voulait faire capoter le déplacement présidentiel, on ne s'y prendrait pas autrement. Araud tient au nom de la France le discours le plus partisan, dévot faudrait-il dire, le plus humiliant qui soit. Il conforte l'image détestable de la France en Israël, celle du pays occidental le plus hypocrite et engagé aux cotés des éradicateurs arabes. L'assurance de n'être pas entendu, d'essuyer des fins de non recevoir polies. L'assurance de ne pas exercer la moindre influence sur le cours des évènements au Proche-Orient.

Ce discours imbécile de Araud était-il une peau de banane du Quai d'Orsay sous les pas de Hollande? Était-il un pur produit de la décomposition de l'autorité au sommet de l'État, réduit à une Cour du roi Pétaud ? Était-il une commande saoudienne, qatarie, ou autre, sonnante et trébuchante?


Pour un autre regard sur le Proche-Orient n° 10  Avril/Mai 2013
par Jean-Pierre Bensimon

(Voir ci-dessous un extrait de l'intervention de Gérard Araud à l'ONU pour la France)
 
Extrait de l'intervention de Gérard Araud du 24 avril 2013
"En ce printemps 2013, le Moyen-Orient est miné par deux crises, qui appellent d’urgence une réponse de la communauté internationale.

Le processus de paix israélo-palestinien, tout d’abord.

L’urgence, nous l’avons souligné à maintes reprises, tient, à la menace qui pèse sur la viabilité même de la solution des deux États, solution qui constitue la seule issue juste et durable au conflit.

Nous nous réjouissons que les États-Unis partagent ce sentiment de l’urgence qu’il y a à agir et nous sommes résolus à appuyer leurs efforts en faveur d’une relance d’un processus de paix. Nous espérons que ces efforts aboutiront au retour des parties à des négociations directes sans conditions préalables et sur des bases crédibles, en vue d’un règlement définitif portant sur l’ensemble des questions du statut final.

Créer un environnement politique viable pour ces négociations passe notamment par l’adoption des mesures de confiance permettant de casser la logique de défiance entre les parties et de prouver aux populations qu’un meilleur futur est possible par la voie des négociations.

Nous sommes à cet égard préoccupés par la situation des prisonniers palestiniens et par les tensions que suscite cette situation. Au-delà de l’aspect humanitaire auquel les autorités israéliennes doivent être sensibles et qui doit les conduire à prendre d’urgence les mesures appropriées, nous les appelons à respecter l’ensemble de leurs obligations internationales vis-à-vis des détenus palestiniens quel que soit leur statut.

Il importe également de permettre le développement économique de la Palestine, tâche à laquelle s’est notamment consacré le Premier ministre démissionnaire Salam Fayyad dont nous avons salué l’action décisive pour la construction des institutions d’un futur État palestinien. À cet égard, la France attache une importance cruciale à la poursuite des pratiques de bonne gestion, qui ont conforté la crédibilité de l’Autorité palestinienne et lui ont valu la confiance et la reconnaissance de la communauté internationale. Il faut dépasser la logique de projets et permettre le développement de la zone C au bénéfice des Palestiniens. En outre, la cessation des démolitions et des confiscations constitue un impératif humanitaire, et nous déplorons pour la seule journée d’hier seize démolitions rapportées par le BCAH.

Au-delà, rien ne se fera sans volonté des parties d’avancer véritablement vers la paix. Nous nous félicitons de l’attitude responsable affichée ces dernières semaines par les dirigeants israéliens et palestiniens et leurs déclarations en faveur de la solution des deux États. Ces intentions doivent se manifester dans les faits. Les mesures unilatérales, en particulier la colonisation qui se poursuit en violation du droit international et mine les perspectives de paix, doivent être évitées.

De l’Autorité palestinienne, nous attendons qu’elle fasse un usage constructif de son nouveau statut aux Nations unies. Dans la perspective des deux États, la question de l’unité palestinienne ne peut également manquer de se poser. Nous soutenons les efforts du Président Abbas et appelons les acteurs régionaux à les appuyer pour progresser sur la voie d’une réconciliation sous son autorité et conforme aux engagements internationaux de l’OLP. Un changement de politique israélienne vis-à-vis de la bande de Gaza et la levée du blocus sont également des impératifs. Ils ne peuvent que consolider le soutien aux partisans de la paix de la part d’une population aujourd’hui sous le joug exclusif du Hamas. Cela ne doit pas se faire au détriment de la sécurité d’Israël. La France a fermement condamné les récents tirs de roquettes et rappelé son attachement au strict respect de la trêve.

En conclusion, je voudrais marquer à nouveau la disponibilité de la France à contribuer à un règlement final, notamment avec ses partenaires européens. Ce faible espoir doit être nourri d’un soutien concerté de la communauté internationale et notamment des acteurs régionaux, qui doivent être mieux associés à la recherche d’une solution, dans l’esprit de l’initiative arabe de paix.

Conseil de sécurité - Situation au Proche Orient - Intervention de Gérard Araud, représentant permanent de la France auprès des Nations unies (24 avril 2013)

 

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