Une émotion sourde étreint aujourd'hui l'Europe à l'invocation de l'islam. Selon une enquête IPSOS, 74 % des Français pensent que c'est une religion intolérante et incompatible avec la société française ( janvier 2013).
L'enquête Religiosité et lien social établit que plus de 75 % des allemands trouvent que l'islam n'a pas sa place en Occident et plus de la moitié qu'il est une menace (début 2013). Aux Pays-Bas, un sondage du Bureau de Recherche Maurice de Hond révèle que 72 % des néerlandais veulent inscrire l’interdiction de la charia dans la Constitution (fin 2012). Les scores de Marine le Pen bondissent en France. Etc.
Il faut dire qu'au nom d'Allah, Merah a abattu trois militaires, un père de famille et les enfants Sandler et Monsonégo, (mars 2012), et que des cellules jihadistes se sont constituées dans la foulée de ses exploits. Un gendarme est agressé au cri de Allah akbar à Roussillon (Nord Isère) (mars 2013). Un soldat Vigipirate est poignardé au cou à la Défense par un individu qui vient de terminer sa prière (mai 2013) sur la lancée du charcutage au hachoir du soldat britannique Lee Rigby par deux convertis à l'islam brandissant, outre leurs couteaux, la sourate al-Taubah. Un Iranien vandalise l'horloge astronomique de la cathédrale St Jean de Lyon, car "sa magnificence empêche le croyant de se concentrer sur sa prière." (mai 2013). Pendant ce temps la Suède ploie sous les émeutes urbaines. Quelques faits dans un océan.
En Israël l'envoyé de paix américain, John Kerry, reprend l'avion pour la cinquième fois sans avoir obtenu du président palestinien, non pas la reprise des négociations, mais pas même une rencontre à trois en présence de son vis-à-vis israélien. Posture politique tactique? Cela fait cent ans que les Arabes n'acceptent pas ce qu'ils perçoivent comme une intrusion infidèle dans le waqf à laquelle la religion prescrit le jihad pour unique réponse. Cela fait 65 ans, 13 ans, et 5 ans qu'ils ont refusé tous les arrangements, y compris ceux qui leur concédaient la partition de Jérusalem et les anciennes Judée et Samarie.
Pour accueillir le rameau d'olivier de J. Kerry et ses promesses, des fillettes chantaient à la TV de l'Autorité palestinienne, "Ô fils de Sion, créatures les plus diaboliques de la création, singes barbares, porcs maudits,... Jérusalem vomit de l'intérieur d'elle-même votre impureté, vous les impurs, quand elle pieuse et immaculée, vous la saleté incarnée, quand elle est cristalline et limpide" (juillet 2013) Petit échantillon d'un tsunami de haine apparemment inextinguible. En toile de fond, l'islam, en arabe jamais en anglais.
Mais les premières victimes des pouvoirs de l'islam contemporain sont les masses arabo-musulmanes, encalminées dans des sociétés injustes et bloquées, privées de ce minimum qui autorise une vie humanisée, ou plongées dans le sang et les larmes comme en Syrie. L'immense mouvement tectonique des printemps arabes désespérés en témoigne.
En toile de fond de ce chaos qui lèche de plus en plus hardiment le cœur de l'Europe, l'islam. Et face à cette évidence il y a une question: l'islam est-il réformable?
On peut bien sûr nier la question et participer aux grands travaux occidentaux de maquillage de l'islam. Religion de paix et de tolérance, mais alors qu'elle est inefficace ! "Pas de contrainte en religion," mais la seule religion est l'islam, les autres ne sont que des falsifications, justifiant destruction et asservissement, car on ne ment pas à Dieu. Religion de protection des minorités, mais si l'Infidèle est un mort ou un esclave en puissance, le dhimmi (protégé) est un demi-mort. Religion de fraternité, mais elle prescrit au musulman la haine comme devoir religieux et celui dont l'ardeur est jugée tiède devient en un tour de main un takfir (Infidèle), coupable d'apostasie, assigné aux feux de l'enfer et au bras séculier.
A quoi sert-il de dissimuler le potentiel de chaos et de violence inhérent au noyau fondamental de l'islam? N'est-il pas préférable, au prix d'une étude sérieuse de son fonds doctrinal le plus ultime, de se demander si sa réforme est possible et comment elle pourrait s'opérer, pour le bien de la civilisation, mais aussi pour celui de ses principales victimes, les musulmans.
Revenons donc à la question, l'islam est-il réformable? Deux documents récents, L'islam peut-il se réformer? L'Histoire et de la nature humaine répondent oui (1) de Daniel Pipes, et La haine de l'islam pour les non-musulmans (2) de David Bukay, présentent des analyses approfondies de cette religion et de sa dynamique possible, que nous soumettons à l'étude de nos lecteurs. Ils demandent un effort particulier mais ils jettent une véritable lumière sur l'un des débats les plus essentiels de notre temps et ils donnent le moyen d'en saisir la substance idéologique et religieuse. Bien qu'apparemment contradictoires, en fait ces deux textes se complètent. Daniel Pipes développe une analyse historique, exposant comment les musulmans ont procédé pour juguler les effets des injonctions intenables de leur Tradition, tandis que David Bukay, remontant aux principes les plus fondamentaux de l'islam marqués par la culture tribale, montre en creux que toute entreprise de réforme tournerait autour de la dé-tribalisation de l'islam.
Les forces de blocage sont énormes (le maquillage occidental n'est pas la moindre), mais l'horreur vécue quotidiennement pas des masses musulmanes immenses libère d'autres forces, tout aussi considérables.
Notons pour terminer que les deux auteurs ne prennent pas en compte le facteur démographique (la poussée de la fécondité au milieu du 20ème siècle a démesurément accru le poids de la classe d'âge 15-25 ans, la plus manipulable par les idéologues au service du projet salafiste-jihadiste, mais son poids va désormais se réduire). Ils n'évoquent pas non plus l'utilisation de la manne pétrolière dans l'enracinement de l'idéologie du retour aux temps premiers de l'islam. L'Occident pourrait cependant peser sur l'orientation de cette arme stratégique. En tout état de cause, des changements majeurs sont à l'œuvre. Mais ils prendront du temps et ils seront souvent cruels.
par Jean-Pierre Bensimon
Pour un autre regard sur le Proche-Orient n°11 juillet 2013
Notes :
1 - Can Islam Be Reformed? History and human nature say yes Commentary Juillet/Août 2013
2 - Islam's Hatred of the Non-Muslim The Middle East Quaterly Eté 2013
L'enquête Religiosité et lien social établit que plus de 75 % des allemands trouvent que l'islam n'a pas sa place en Occident et plus de la moitié qu'il est une menace (début 2013). Aux Pays-Bas, un sondage du Bureau de Recherche Maurice de Hond révèle que 72 % des néerlandais veulent inscrire l’interdiction de la charia dans la Constitution (fin 2012). Les scores de Marine le Pen bondissent en France. Etc.
Il faut dire qu'au nom d'Allah, Merah a abattu trois militaires, un père de famille et les enfants Sandler et Monsonégo, (mars 2012), et que des cellules jihadistes se sont constituées dans la foulée de ses exploits. Un gendarme est agressé au cri de Allah akbar à Roussillon (Nord Isère) (mars 2013). Un soldat Vigipirate est poignardé au cou à la Défense par un individu qui vient de terminer sa prière (mai 2013) sur la lancée du charcutage au hachoir du soldat britannique Lee Rigby par deux convertis à l'islam brandissant, outre leurs couteaux, la sourate al-Taubah. Un Iranien vandalise l'horloge astronomique de la cathédrale St Jean de Lyon, car "sa magnificence empêche le croyant de se concentrer sur sa prière." (mai 2013). Pendant ce temps la Suède ploie sous les émeutes urbaines. Quelques faits dans un océan.
En Israël l'envoyé de paix américain, John Kerry, reprend l'avion pour la cinquième fois sans avoir obtenu du président palestinien, non pas la reprise des négociations, mais pas même une rencontre à trois en présence de son vis-à-vis israélien. Posture politique tactique? Cela fait cent ans que les Arabes n'acceptent pas ce qu'ils perçoivent comme une intrusion infidèle dans le waqf à laquelle la religion prescrit le jihad pour unique réponse. Cela fait 65 ans, 13 ans, et 5 ans qu'ils ont refusé tous les arrangements, y compris ceux qui leur concédaient la partition de Jérusalem et les anciennes Judée et Samarie.
Pour accueillir le rameau d'olivier de J. Kerry et ses promesses, des fillettes chantaient à la TV de l'Autorité palestinienne, "Ô fils de Sion, créatures les plus diaboliques de la création, singes barbares, porcs maudits,... Jérusalem vomit de l'intérieur d'elle-même votre impureté, vous les impurs, quand elle pieuse et immaculée, vous la saleté incarnée, quand elle est cristalline et limpide" (juillet 2013) Petit échantillon d'un tsunami de haine apparemment inextinguible. En toile de fond, l'islam, en arabe jamais en anglais.
Mais les premières victimes des pouvoirs de l'islam contemporain sont les masses arabo-musulmanes, encalminées dans des sociétés injustes et bloquées, privées de ce minimum qui autorise une vie humanisée, ou plongées dans le sang et les larmes comme en Syrie. L'immense mouvement tectonique des printemps arabes désespérés en témoigne.
En toile de fond de ce chaos qui lèche de plus en plus hardiment le cœur de l'Europe, l'islam. Et face à cette évidence il y a une question: l'islam est-il réformable?
On peut bien sûr nier la question et participer aux grands travaux occidentaux de maquillage de l'islam. Religion de paix et de tolérance, mais alors qu'elle est inefficace ! "Pas de contrainte en religion," mais la seule religion est l'islam, les autres ne sont que des falsifications, justifiant destruction et asservissement, car on ne ment pas à Dieu. Religion de protection des minorités, mais si l'Infidèle est un mort ou un esclave en puissance, le dhimmi (protégé) est un demi-mort. Religion de fraternité, mais elle prescrit au musulman la haine comme devoir religieux et celui dont l'ardeur est jugée tiède devient en un tour de main un takfir (Infidèle), coupable d'apostasie, assigné aux feux de l'enfer et au bras séculier.
A quoi sert-il de dissimuler le potentiel de chaos et de violence inhérent au noyau fondamental de l'islam? N'est-il pas préférable, au prix d'une étude sérieuse de son fonds doctrinal le plus ultime, de se demander si sa réforme est possible et comment elle pourrait s'opérer, pour le bien de la civilisation, mais aussi pour celui de ses principales victimes, les musulmans.
Revenons donc à la question, l'islam est-il réformable? Deux documents récents, L'islam peut-il se réformer? L'Histoire et de la nature humaine répondent oui (1) de Daniel Pipes, et La haine de l'islam pour les non-musulmans (2) de David Bukay, présentent des analyses approfondies de cette religion et de sa dynamique possible, que nous soumettons à l'étude de nos lecteurs. Ils demandent un effort particulier mais ils jettent une véritable lumière sur l'un des débats les plus essentiels de notre temps et ils donnent le moyen d'en saisir la substance idéologique et religieuse. Bien qu'apparemment contradictoires, en fait ces deux textes se complètent. Daniel Pipes développe une analyse historique, exposant comment les musulmans ont procédé pour juguler les effets des injonctions intenables de leur Tradition, tandis que David Bukay, remontant aux principes les plus fondamentaux de l'islam marqués par la culture tribale, montre en creux que toute entreprise de réforme tournerait autour de la dé-tribalisation de l'islam.
Les forces de blocage sont énormes (le maquillage occidental n'est pas la moindre), mais l'horreur vécue quotidiennement pas des masses musulmanes immenses libère d'autres forces, tout aussi considérables.
Notons pour terminer que les deux auteurs ne prennent pas en compte le facteur démographique (la poussée de la fécondité au milieu du 20ème siècle a démesurément accru le poids de la classe d'âge 15-25 ans, la plus manipulable par les idéologues au service du projet salafiste-jihadiste, mais son poids va désormais se réduire). Ils n'évoquent pas non plus l'utilisation de la manne pétrolière dans l'enracinement de l'idéologie du retour aux temps premiers de l'islam. L'Occident pourrait cependant peser sur l'orientation de cette arme stratégique. En tout état de cause, des changements majeurs sont à l'œuvre. Mais ils prendront du temps et ils seront souvent cruels.
par Jean-Pierre Bensimon
Pour un autre regard sur le Proche-Orient n°11 juillet 2013
Notes :
1 - Can Islam Be Reformed? History and human nature say yes Commentary Juillet/Août 2013
2 - Islam's Hatred of the Non-Muslim The Middle East Quaterly Eté 2013
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