Le musée du Jeu de Paume a accepté d'abriter une exposition de photos de membres de grandes organisations classées comme terroristes par l'Union européenne, le Hamas, le Jihad islamique, les Brigades al Aqsa. Les héros sont en armes, sourate coranique au front.
C'est l'œuvre, si l'on peut dire, de Ahlam Shibli, une arabe israélienne qui vit à Haïfa, mais qui tient à dire qu’elle est palestinienne. L'ensemble de l’exposition renvoie irrésistiblement à l'esthétique lugubre et aux clichés usés de la geste jihadiste de Gaza ou Ramallah. En cohérence avec les photos, les commentaires alignent les poncifs de la "résistance", du "martyre", etc.
C'est ainsi qu'un musée parisien financé par l'État devient le support prestigieux d'une opération pauvre et étriquée d'apologie du terrorisme, ou de la barbarie, comme on voudra.
L'opération a sans doute été conçue par les bureaux du boycott de l'Autorité palestinienne; en témoigne la coordination avec les musées d'Espagne et du Portugal où ses amis sont nombreux. Le but est d'injecter à dose continue dans le cerveau du public français et européen, le cirque visuel du Fatah. Il faut que ces images deviennent familières, anodines, pour que les Français entrent sans s'en rendre compte dans l'orbite idéologique des petits officiers de la guerre sainte au nom d'Allah. Il n'est pas sûr que cela fonctionne.
Paris est en train de consolider une tradition de soutien tonitruant au terrorisme palestinien. Le Maire de Paris a reçu à plusieurs reprises Salah Hamouri, un Palestinien emprisonné en Israël pour une tentative d'attentat. Il l'a fait savoir, et il s'est rendu à Ramallah pour recevoir un passeport palestinien. (Oui, ça existe). Des mairies communistes de la couronne parisienne, Vitry, Bezons, Saint-Denis Pierrefitte, Stains, La Courneuve, Gennevilliers, Ivry, décernent des titres de citoyens d'honneur à des terroristes confirmés (Marwan Barghouthi, Majdi Al-Rimawi, Amir Sharif Sawalma, Allam Kaabi). Le rendement attendu par le PC de ces manifestations est strictement électoral. Mais ce n’est pas toujours le but recherché.
En 2010, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris avait présenté une exposition de l'allemand Kai Wiedenhöfer qui venait de gagner un prix organisé par le fonds financier Carmignac, une série de clichés illustrant les malheurs infligés par Israël aux Gazaouis. En quête de placements arabes, Carmignac Finances, organisait en échange d’un retour espéré ou contractualisé, un simulacre de prix qui n'était qu'un coup de propagande pour le compte d'un client, avec la bienveillance de la Mairie de Paris, encore elle. Carmignac escomptait un rendement financier, le Maire de Paris un rendement électoral.
Les appuis de l'exposition du Jeu de Paume appartiennent à la sphère idéologique crypto-communiste qui pullule dans les postes de pouvoir culturel, universitaire et médiatique. François Mitterrand avait recruté dans cette vaste mouvance, pléthore de petites mains obéissantes. Marta Gili directrice du musée, et sa consœur Marie-José Mondzain sont emblématiques de ce petit monde. Le problème, c'est qu'un musée financé par l'État fasse l'apologie d'organisations labellisées terroristes par ce même État. Le communiqué embarrassé de Mme Filippetti montre qu'il n'y a pas d'État français, que des petits réseaux mènent leur petite politique en fonction de leurs seules attaches ou de leurs fantasmes, à condition de s'inscrire dans la ligne idéologique du mainstream et de demeurer dans certaines limites.
Pour justifier son accueil d'une exposition à l'évidence scélérate et parfaitement illégale, Marta Gili s'est abritée derrière la liberté d'expression artistique, tout en jouant la victime des partisans brutaux de la "censure". Malheureusement la loi interdit l'apologie du terrorisme, artistique ou pas. Ensuite il faut avoir beaucoup d'imagination pour déceler la moindre parcelle d'art dans le plat de diptères de Mme Ahlam Shibli.
Enfin, Mme Gili dans son respect éperdu de la liberté sans frontières de l'artiste, devrait organiser une exposition à la gloire des 19 martyrs du 11 septembre par exemple. Ou extraire le suc artistique et esthétique des images de l'égorgement de la famille Fogel par deux jeunes héros palestiniens de sa paroisse, une décapitation de bébé doit être un must en l'espèce. Elle pourrait aussi montrer partout la vidéo de l'égorgement de Daniel Pearl, un point fort de l'art contemporain, en droite ligne des méthodes et des exploits des figures sépulcrales qui garnissent en ce moment son musée.
Éditorial Pour un autre regard sur le Proche-Orient n°11 Juillet 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire