Le 13 septembre 1993 Yasser Arafat et Yitzhak Rabin signaient la « Déclaration de principes » qui devait mettre un terme au conflit israélo-palestinien grâce à un processus d’échange «la Terre contre la Paix.»
Sept ans plus tard éclatait l’Intifada al-Aqsa, une immense vague terroriste annoncée et initiée par Arafat, à qui l’on avait pourtant proposé ce qu’il était censé souhaiter. Ainsi Bill Clinton écrivait dans Le Monde du 5 janvier 2002 : «Il nous faut dire aux musulmans en colère une chose qu’apparemment ils ignorent : en décembre 2000, les États-Unis ont proposé un accord qui, dans les termes les plus définitifs, instaurait un État palestinien (Cisjordanie et Gaza) et garantissait la protection des intérêts palestiniens et musulmans à Jérusalem et sur le mont du Temple. Israël avait accepté ce plan, mais l’OLP a dit non. »
Arafat avait claironné partout qu’Oslo n’était qu’une paix « d’Houddaybya », une référence religieuse enjoignant de vaincre l’ennemi en violant les accords passés avec lui.
C’est ainsi que le proche d’Arafat, Fayçal Husseini, expliquait en 2001: « Quand nous demandons à toutes les forces et factions palestiniennes de considérer les Accords d’Oslo et autres accords comme de simples étapes ou des buts à court terme, cela signifie que nous tendons une embuscade aux Israéliens et que nous les trompons . » Il poursuivait : « … notre but suprême est [toujours] la libération de toute la Palestine historique de la Rivière [du Jourdain] à la Mer [Méditerranée], même si cela signifie que le conflit durera pendant encore mille ans ou pendant beaucoup de générations… La Palestine est en entier une terre arabe, la terre de la nation arabe, une terre que personne ne peut vendre ou acheter… »
En un mot les Palestiniens ne voulaient pas tant d’un État qu’ils n’avaient jamais demandé à l’Égypte ni à la Jordanie, que la destruction du pouvoir juif.
Mahmoud Abbas était alors en désaccord avec son chef, non sur les objectifs, non sur le statut moral des attentats contre les civils, mais sur l’opportunité tactique de la violence. Quand Olmert lui a offert un État en 2008, dans une configuration encore plus favorable que l’offre de Clinton, il s’est bien gardé d’accepter. Condolezza Rice a fait le récit de cet épisode.
A l’arrivée d’Obama, Abbas a multiplié les pré-conditions à sa participation à des négociations. Il ne voulait pas d’un État négocié qui mettrait un terme définitif à toute revendication ultérieure, et qui accessoirement pourrait lui coûter la vie comme feu Anouar Sadate.
John Kerry, l’actuel secrétaire d’État d’Obama est parvenu à le rasseoir à la table des négociations depuis le mois d’août, en cédant à ses conditions préalables léonines, comme si quelqu‘un désireux d’aboutir à la paix devait être payé pour négocier. D’ailleurs il refuse toujours tout entretien direct avec Netanyahou.
Aujourd’hui l’opinion israélienne et vraisemblablement son leadership, semblent avoir tiré les leçons de la grande embuscade d’Oslo. Israël a appris à comprendre les motifs et les méthodes de son inflexible adversaire. Oslo c’est fini. La formule associant coexistence , coopération et séparation est encore à trouver. Mais elle le sera avec le temps.
J-P B
Pour un autre regard sur le Proche-Orient n° 12 Octobre 2013
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