mardi 22 octobre 2013

En bref : L’horizon de l’Iran nucléaire s’est bien dégagé

L'Iran s'est doté d'un bon communicant, Hassan Rouhani, qui fait ce que le pouvoir réel iranien, celui de Khamenei, lui a prescrit : obtenir de l'Occident une levée des sanctions contre un gel partiel du programme nucléaire militaire.
Ce qui est préoccupant, c'est l'accueil euphorique que lui a réservé l'administration Obama, plus en demande semble-t-il que l'Iran lui-même. Sa religion semble acquise. Tout sauf une intervention militaire. Quitte à renoncer au démantèlement des infrastructures iraniennes. 

Alors que l'Afrique du sud et la Libye avaient totalement démantelé leurs installations, on s’était contenté pour la Corée du Nord d’un simple gel de l’activité militaire nucléaire. A tout moment, elle gardait donc l'option d'une relance de son programme,  qu'elle a finalement choisie. Obama s'achemine vers le modèle coréen pour l'Iran.

Obama en quête de négociations, selon la presse iranienne

Or, si le gel d'un programme nucléaire est très aisément réversible, il n'en n'est pas de même de la levée des sanctions. Leur mise en place ou leur réactivation suppose des conditions politiques favorables et beaucoup de temps. 

Dans un modèle coréen, l'Iran stopperait son programme au seuil de la production de la bombe, mais il pourrait la fabriquer ensuite à son gré en quelques semaines. Pire encore, le réacteur à eau lourde d'Arak ne pourra plus être bombardé dès qu’il aura divergé car les produits dispersés, extrêmement radioactifs, rendraient impossible la vie dans l’aire frappée, pour longtemps. Les négociations en cours augurent donc d’une résignation occidentale à un Iran nucléarisé.

Sur sa route, reste Netanyahou qui répète depuis son discours de septembre à l’ONU qu’Israël n’acceptera pas un Iran nucléaire et que si Israël est seul, il agira seul. Mais a-t-il les moyens militaires, diplomatiques et politiques d’une opération de cette ampleur ?

En tout état de cause, les implications d’un Iran nucléaire sont gigantesques. L’Iran, dont le régime est expansionniste dans son principe, alimente d’ores et déjà nombre de guerres dans son voisinage. Sa puissance nouvelle lui permettra d’agréger autour de lui des pays dotés de ressources considérables, en particulier nombre de monarchies du Golfe. Il va défier d’emblée les régimes sunnites, enclenchant un mécanisme de prolifération de l’arme nucléaire dans la région la plus instable du monde. La portée de ses fusées et la dimension de son arsenal sont calibrés pour menacer aussi l’Europe et les États-Unis. 

Nous allons vers un Munich II, mais que la dernière cigarette est douce !
 
J-P B
Pour un autre regard sur le Proche-Orient n° 12  Octobre 2013

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