Résumé : Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne (AP), considère que la reconnaissance d’Israël comme État juif est une ligne rouge. Il est urgent que les Palestiniens reconnaissent les droits du peuple juif sur leur antique patrie, comme Israël a déjà reconnu les droits des Palestiniens sur cette terre il y a 35 ans.
***
Les média ont annoncé que Mahmoud Abbas, le chef de l’AP, a rejeté les propositions de paix qui lui étaient soumises par le secrétaire d’État américain John Kerry. Les Palestiniens ont fait savoir par des voies non officielles que Mahmoud Abbas a envoyé une lettre à John Kerry dans laquelle il a souligné à nouveau sa totale opposition à demande de reconnaissance d’Israël comme État juif. Ce refus est présenté comme une « ligne rouge » que les Palestiniens ne franchiront pas.
Cette « ligne rouge » ne se réduit pas à un simple problème de sémantique ; elle renvoie au contraire à l’essence-même du conflit. La position palestinienne se résume en un déni du droit des Juifs d’établir leur État sur la terre de leur patrie. Elle indique aussi, sans autoriser le moindre doute, qu’en dépit de l’opinion générale, les Palestiniens ne sont pas prêts à un compromis historique avec le sionisme, le mouvement de renaissance national juif. Une paix stable, fondée sur une reconnaissance mutuelle et la fin de toute revendication ultérieure n’est donc pas en perspective. Une Autorité palestinienne faible semble prête à accepter la partition de la Palestine mandataire en deux États, peut-être en accord avec la théorie des étapes de l’OLP [1], mais elle exclut toujours d’accepter la légitimité de l’entreprise sioniste.
Le contraste avec Israël est frappant. Israël reconnaissait « la légitimité des droits des Palestiniens » dans les Accords de Camp David de septembre 1978, et il était prêt à de généreuses concessions territoriales pour rendre effective la partition de la terre d’Israël/Palestine. L’amère vérité, c’est que l’asymétrie du conflit-israélo-palestinien n’a pas changé depuis un siècle. Dans son essence, ce conflit ethno-religieux ne porte pas sur le territoire, bien qu’il ait naturellement une dimension territoriale, mais sur l’assurance de la reconnaissance par l’autre partie de droits nationaux sur un territoire donné.
En dépit de leur image de partenaire peu digne de confiance quand ils passent un accord écrit, les Palestiniens accordent aujourd’hui une grande importance au langage employé dans les textes qu’on leur demande de signer. Yasser Arafat, considéré par la plupart des Israéliens comme le mensonge incarné, refusa en 2000 de signer un accord qui comprenait une clause sur la fin de toute demande ultérieure. Pour lui, le conflit ne pouvait que s’achever par la disparition d’Israël. De la même façon, Abbas ne peut pas apposer sa signature sur un document où il est dit que les Juifs sont retournés dans leur patrie. Nous savons que la perception des Juifs comme des envahisseurs étrangers de la Palestine est une constante fondamentale de l’attitude palestinienne, et qu’elle est instillée dans les esprits des jeunes générations par les écoles de l’Autorité palestinienne.
La rigidité de cette attitude est aussi attestée par l’absence de débat sur la reconnaissance d’Israël comme État juif entre Palestiniens. Délibérer du droit des Juifs sur la terre d’Israël est inconcevable dans le débat palestinien actuel. Personne, pas même les Palestiniens qualifiés de « modérés » n’appellent à un débat interne sur la reconnaissance du droit d’auto-détermination des Juifs dans leur patrie historique. Dans les enquêtes d’opinion palestiniennes, on ne demande pas si Israël doit être reconnu comme un État juif. Dans le discours palestinien, le langage normatif qui invoque les droits et les normes internationales est réservé aux exigences des Palestiniens. On ne l’applique jamais pour analyser les demandes des Israéliens.
Les efforts des media palestiniens pour nier le passé juif et ses liens historiques avec le Mont du Temple, et avec même le Mur occidental [Kotel], est la preuve d’une volonté de réécrire l’histoire. Dans la même veine, l’archéologie palestinienne est utilisée pour effacer toute trace de présence juive de cette terre. Les sources coraniques qui mentionnent les liens des Juifs avec la terre d’Israël sont même ignorées. Ces agissements des Palestiniens ne servent qu’à prolonger le conflit car on ne leur apprend pas que les Juifs sont une part de l’histoire de cette terre. Tout cela est intolérable, et il faut y mettre un terme avant qu’Israël ne se dispose à signer un accord de paix complet.
Dans les négociations avec les Palestiniens des années 1990, on a fait l’erreur de ne pas insister sur la reconnaissance d’Israël comme État juif. Benjamin Netanyahou a très bien compris la nécessité d’une telle reconnaissance de la part des Palestiniens pour garantir un accord de paix de valeur historique. Son insistance à l’introduire dans le cadre d’un accord complet en est une expression justifiée.
De plus, les Palestiniens sont dans une situation différente de celle des Égyptiens et des Jordaniens à qui on ne demandait pas de reconnaitre Israël comme un état juif. Ils n’avaient pas de revendication sur la Palestine, alors que Palestiniens et Israéliens combattent pour le même territoire.
Les Israéliens ont reconnu la légitimité des droits des Palestiniens il y a 35 ans. Il est urgent que les Palestiniens apprennent de « l’autre » avec lequel ils sont en conflit, et qu'ils fassent comme eux s’ils veulent sérieusement la paix.
Efraïm Inbar est le directeur du Centre d’études stratégiques Begin-Sadate ; il enseigne à l’université Bar-Ilan et il est membre de Middle Est Forum
[1] Note du traducteur : Cette théorie, développée dans une résolution adoptée à Alger le 9 juin 1974 par le Conseil National palestinien, stipule que si Israël ne peut pas être détruit d’un seul coup, il doit l’être par étapes successives. Des victoires limitées, des gains de territoires partiels, sont donc des buts tactiques recherchés.
Titre original : Palestinian Red Line
par Efraim Inbar, BESA Center Perspectives Paper No. 227, le 16 décembre 2013
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
Plus le temps passe plus l'évidence de l'hypocrise ,de la fausseté et du manque de
RépondreSupprimermorale de la part de la plupart des Occidentaux me saute aux yeux.