On a dit naguère qu’il y avait quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark. Il y a aujourd’hui quelque chose de pourri dans le royaume de la liberté d’expression.
On a vu de grands sages, intellectuels et juristes, s’offusquer avec raffinement des atteintes à la liberté d’expression antisémite de Dieudonné. Mais on n’a pas beaucoup réfléchi à un éléphant qui trône dans le salon de la démocratie française, à savoir les inégalités invraisemblables dans l’exercice de la liberté d’expression et leur rejeton repoussant, le discours imposé ou le politiquement correct.
Qui avait le droit d’estimer il y a quelques années que l’Amérique n’était pas condamnable en tout, qui a aujourd’hui le droit de dire que l’Euro est sans doute la pierre angulaire du déclin français, et d’être entendu.? Qui a le droit de dire que la colonisation a été le tremplin inespéré des colonisés vers la modernité, que la première et la plus meurtrière des traites esclavagistes était la traite arabe, que Mandela était loin d’être le saint ravi qu’on nous a asséné, et d’être entendu ? Qui a le droit de dire que Sharon a été un homme de paix avisé et prudent, qu’Israël, avec ses défauts, est en soi une étincelle de paix, d’intelligence, et d’espoir. Où que Mahmoud Abbas, le plus « modéré » des caciques du pouvoir palestinien « modéré » est un vieux terroriste ancré à jamais dans ses options négationnistes et éradicatrices, et d’être entendu ?
C’est qu’il y a des gens dont la liberté d’expression est difforme, obèse parce qu’ils sont assis sur un tas d’or. Par exemple le trio Pigasse-Bergé-Niel qui contrôle Le Monde, Le Nouvel Observateur, etc. Il a aussi des gens, parfois les mêmes, qui sont assis sur la liberté d’expression d’État, les dispensateurs et les destinataires de l’argent public qui décident vraiment qui a le droit, ou pas, à la liberté d’expression « politique » Pourquoi Le Monde archi déficitaire existe-t-il toujours, pourquoi l’Humanité, Libération, etc., pourquoi un tel et pas tel autre? (1)
La liberté d’expression est devenue la liberté du citoyen de crier les vérités niaises, biaisées et parfois aberrantes que les rentiers de la communication lui ont injectées dans le cerveau. Et les juristes raffinés raffinent à l’infini le point de droit sur l’interdiction ou pas du spectacle « Le mur » à Nantes.
Est-ce là un débat sans conséquences? C’est tout le contraire. La détresse économique torture le pays mais l’Euro est tabou sauf à très bas bruit, les salafistes enflamment le conflit de civilisations sous le drapeau de l’antisionisme, mais il faut psalmodier des hommages abstraits à la « diversité ».
Il faut repenser la liberté d’expression, à la fois un vide, un capital, et un trop-plein, pour en faire un outil de progrès.
Note:
1 - Le montant des aides de l'Etat à la presse est édifiant. Voir : Le montant des aides à la presse révélé Contrepoints 24 déc. 2013 http://www.contrepoints.org/2013/12/24/151104-le-montant-des-aides-a-la-presse-revele
Jean-Pierre Bensimon
Editorial Pour un autre regard sur le Proche-Orient n° 13 Janvier 2014
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