Quelle attitude Israël doit-il adopter face aux menaces des Palestiniens et à la multiplication de leurs exigences pour des négociations qui ne mènent nulle part?
En réponse à la dernière tentative des Palestiniens de pousser Israël dans les cordes, le gouvernement israélien doit cesser de leur faire des cadeaux pour qu'ils participent à des négociations de paix. Jérusalem doit plutôt rappeler aux Palestiniens, par de sévères contre-mesures, qu'il est la partie la plus forte des deux, et qu'Israël peut leur infliger plus de dommages qu'ils ne peuvent lui en causer. Il faut que les Palestiniens se pénètrent de la leçon qu'il est contre-productif pour eux de se fixer des objectifs politiques maximalistes.
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La semaine dernière, Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, a fait capoter les conversations de paix avec Israël organisées par les États-Unis. Il a donné une gifle à Washington en relançant une guerre diplomatique contre Israël par l'intermédiaire des institutions internationales.
Plusieurs leçons peuvent être tirées du tour emprunté par les événements. Premièrement, la rupture des négociations est le rappel d'une réalité tenace que beaucoup de gens préfèrent ignorer : l'écart entre les positions des deux parties est trop important pour être comblé même par la mise en oeuvre d'une diplomatie créative, même avec le soutien d'une superpuissance. Les Israéliens et les Palestiniens déploient toujours une formidable énergie quand il s'agit de combattre pour des choses qui sont importantes pour eux. La paix et la coexistence ne sont pas les objectifs les plus importants pour les deux sociétés qui s'affrontent.
La conclusion que l'on doit en tirer, c'est que les tentatives pour négocier une résolution du conflit entre les parties doivent faire place à une approche plus réaliste de la gestion de ce différend. Les intentions louables de la communauté internationale doivent s'exprimer dans des objectifs partiels atteignables, permettant de réduire au minimum les souffrances des deux parties, plutôt que poursuivre l'objectif d'une fin de conflit illusoire.
En même temps, Israël doit sérieusement se demander s'il est pertinent de continuer à s'aligner sur les préférences de la communauté internationale, visant à l'application du paradigme des deux États, quand les preuves s'accumulent que ce paradigme ne fonctionne pas. La tentative d'imposer une raison étatique au mouvement national palestinien dans l'espoir qu'une structure proto-étatique comme l'Autorité palestinienne puisse se comporter comme la Jordanie ou l'Égypte, est vaine.
C'est l'inverse qui est vrai. L'Autorité palestinienne n'est pas parvenue à réussir le test principal de l'édification d'un État, l'instauration du monopole de l'usage de la force. Elle a perdu tout contrôle sur le territoire gouverné par le Hamas à Gaza, où des terroristes radicaux sont loin de construire un État avenant. Pire encore, l'Autorité palestinienne s'est transformée en une entité politique dictatoriale et corrompue, qui est loin de mériter l'aide des États éclairés. Plus important encore, elle éduque les enfants dans la haine des Juifs et propose l'attentat suicide comme modèle à la jeunesse palestinienne. Les chances de voir l'Autorité palestinienne se transformer en un État pacifique et responsable sont minces.
En fait la grande majorité des Israéliens a parfaitement compris que les dirigeants palestiniens de la Rive ouest, et plus encore ceux de Gaza, ne sont pas de véritables partenaires pour la paix.
Dans ce contexte, faire des concessions aux Palestiniens pour qu'ils continuent de participer à des négociations inutiles, est problématique du point de vue des intérêts d'Israël. Après tout, les Palestiniens ont davantage besoin d'Israël que l'inverse. Si Abbas est encore au pouvoir c'est d'abord grâce aux efforts déployés par les forces israéliennes pour débarrasser la Rive ouest du Hamas et des éléments djihadistes qui tentent de prendre le contrôle de l'Autorité palestinienne. De plus, sans le cordon ombilical économique d'Israël, l'Autorité palestinienne ne serait pas viable.
Il s'ensuit que les concessions et les gestes de bonne volonté des Israéliens visant à empêcher les Palestiniens de quitter les négociations, sans qu'ils fournissent la moindre contrepartie, n'ont pas beaucoup de sens. En particulier, la libération de terroristes condamnés est contre-productive. Elle sape le pouvoir dissuasif du système judiciaire d'Israël, elle renvoie dans les rues des individus déterminés à s'en prendre aux Israéliens, et elle radicalise la société palestinienne qui les accueille comme des héros de la nation.
De plus, depuis 1993, les Palestiniens ont fait preuve d'une absence totale de flexibilité en diplomatie, refusant toute évolution de leurs demandes maximalistes. Ils insistent encore sur la division de Jérusalem, ils rejettent les exigences de sécurité essentielles d'Israël, ils refusent de reconnaître les droits nationaux des Juifs et de prendre des engagements sur la fin du conflit.
Il faut répondre du tac au tac aux mesures unilatérales et aux menaces. Après tout, Israël est la partie la plus forte et elle peut infliger aux Palestiniens des dommages plus sévères que ceux qu'ils peuvent occasionner à Israël. Peut-être qu'il faut rappeler cela à l'Autorité palestinienne. La force politique crue est quelque chose que tout le monde comprend au Moyen-Orient. Dans cette région, la crainte est une meilleure monnaie politique que la compassion et l'équité.
La menace palestinienne de lancer à Israël un défi à l'ONU et dans les organismes internationaux, est creuse. Nul ne peut modifier la réalité sur le terrain sans l'accord d'Israël. Par exemple, l'admission de la Palestine à l'Unesco n'a pas changé la vie des Palestiniens d'un iota. Israël ne doit pas craindre non plus les procès palestiniens devant le tribunal pénal international. Les concessions continuelles pour qu'ils ne s'engagent pas dans ce genre de démarche expose Israël à un chantage permanent. Il est temps d'appeler le bluff palestinien par son nom et de mettre l'Autorité palestinienne face aux conséquences de ses actes.
Avec un peu de chance, le gouvernement d'Israël en finira avec cette habitude de rétribuer les Palestiniens pour leur participation à un simulacre de négociations de paix. Il est temps plutôt, de leur rappeler que les décisions prises à Jérusalem déterminent dans une large mesure leur destin, et que seules de véritables négociations et des compromis avec Israël pourront leur donner l'État qu'il désirent.
Titre original : Respond Firmly to Palestinian Blackmail
par le professeur Efraim Inbar, BESA Center Perspectives Paper No. 241 6 avril 2014
Traduction: Jean-Pierre Bensimon
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