A l'approche du terme des négociations de paix supposées durer neuf mois, Abbas a lancé une grande opération de chantage (NdT)
Avec la fin de la période de neuf mois et l'approche de la date limite des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne (AP) entamées au titre de l'initiative de paix du Secrétaire d'État John Kerry, Mahmoud Abbas fait grimper les enchères. Il avait montré à plusieurs reprises qu'il n'éprouvait aucun intérêt pour des concessions symboliques, permettant d'acter la fin du conflit et la reconnaissance de la légitimité de l'État juif. Et cela, malgré des contreparties: un tracé de frontières allouées à la souveraineté palestinienne, et la rétrocession de presque tout le territoire demandé. Mais le fait qu'il n'ait pas l'intention de signer un jour un accord de paix dans toutes les hypothèses concevables ne l'empêche pas poursuivre ses pressions sur les États-Unis et Israël, et de faire monter les enjeux, exigeant de nouvelles concessions pour rester à la table des négociations.
Cela signifie qu'il exige d'Israël la libération de davantage de terroristes meurtriers, le gel des constructions dans les implantations, sans abandonner en échange sa revendication du "droit au retour" qui permettrait de penser que les Palestiniens sont prêts à mettre un terme à leur guerre séculaire contre le sionisme. L'information qui nous apprend que Mahmoud Abbas ne planifie pas seulement son retour aux Nations Unies pour une reconnaissance internationale à la Pyrrhus, mais prépare aussi la dissolution formelle de l'Autorité palestinienne et l'abandon de la coopération de sécurité avec Israël, fournit un exemple récent de cette politique. En théorie, il y a là un énorme défi pour les Israéliens. Ceux-ci n'ont aucun goût pour l'administration directe de la Rive occidentale, qui est gouvernée par l'Autorité palestinienne contrairement au discours permanent sur "l'occupation" israélienne. En même temps, ils bénéficient de la coopération avec l'importante force de sécurité de Abbas pour maintenir la paix et faire échec au terrorisme dans cette zone.
Mais, en dépit de ces problèmes, il s'agit d'un bluff qu'Israël doit traiter comme tel. Bien qu'il ait de bonnes raisons de redouter ce qui se produirait si l'Autorité palestinienne disparaissait, Abbas et l'administration corrompue du Fatah auraient encore plus à craindre d'une telle décision que les Israéliens.
Israël a avantage à ne pas être impliqué dans la vie courante de la majorité arabe de la Rive Occidentale, même si l'autonomie accordée à l'Autorité palestinienne n'a pas préservé l'État juif d'une image d'oppresseur occupant de la région. Tout aussi important, la coopération avec les forces de l'AP a facilité la tâche des Forces israéliennes de Défense. Encore que Abbas sache bien qu'il est gagnant dans cet échange.
En premier, en tant que gouvernant de la Rive Occidentale, il exerce un pouvoir dictatorial sur l'économie et les média qui a profité à sa famille et à celles des membres de son parti, le Fatah. Ils y ont gagné enrichissement et puissance. La disparition de l'AP signifierait la disparition des revenus et la fin de férule du Fatah, un étau pesant sur la région. Ceux qui imaginent que la direction vénale du Fatah puisse faire un tel choix n'ont rien appris de l'histoire des 20 dernières années, où le règne de terreur et de corruption [de cette clique] a empoisonné la vie des Palestiniens.
Plus important encore, la coopération de sécurité avec Israël est une route à deux voies. Si Israël en tire avantage, Abbas sait aussi que sans le bouclier fourni par l'armée israélienne, sa sécurité personnelle ne serait pas assurée. Sans la protection israélienne, Abbas pourrait-il dormir la nuit sans redouter un coup d'état du Hamas qui reproduirait les événements de 2006, permettant aux islamistes de lui dérober Gaza? La dissolution de l'AP ne provoquerait pas seulement des maux de tête et une transition compliquée pour Israël. Ce serait aussi la fin du pouvoir du Fatah sur la Rive Occidentale.
Même si sans la protection des Israéliens Abbas ne perdait pas la vie, un Fatah réduit à la clandestinité serait forcé d'entrer en compétition avec le Hamas et le Jihad islamique, ce qui en ferait une organisation que nul ne reconnaîtrait, pas même l'administration Obama. Ce serait la fin des efforts de l'AP pour obtenir une indépendance, mais aussi la fin du statut de Abbas comme président putatif de la Palestine (bien qu'il soit en train d'exercer pour la dixième année, un mandat électif de 4 ans).
Le gouvernement d'Israël ne peut pas ignorer cette dernière menace palestinienne. Mais les Américains qui ne sont pas fervents du processus illusoire de Kerry, doivent tirer les conclusions de ces menaces. Si Abbas veut la paix, il peut l'avoir puisque Israël réaffirme clairement sa volonté de négocier une solution à deux États. Mais s'il veut trouver de nouveaux prétextes pour ne pas négocier, il faut l'écarter.
Titre original : Abbas’s Latest Bluff Shouldn’t Scare Israel
Par Jonathan S. Tobin Commentary magazine 20 avril 2014
Traduction: Jean-Pierre Bensimon
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