vendredi 11 avril 2014

Jérusalem n'est pas à vendre

La division de Jérusalem, l'une des obsessions des Palestiniens, ne sera pas acceptée par les Israéliens juifs et arabes, pour des motifs particulièrement puissants.

Le secrétaire d’État américain John Kerry a déclaré que le projet d’appartements à Gilo, situé dans la banlieue sud de Jérusalem, au-delà de la Ligne verte, était responsable de l’impasse où se trouvent actuellement les négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne.

De la part des Américains, c’est la preuve d’un profonde méconnaissance de la situation, parce qu’avec 40.000 habitants, Gilo sera rattaché à Israël en toute hypothèse, dans quelque accord que ce soit. De plus, les négociations de paix ont peu de chances de réussir tant que les Palestiniens demanderont la partition de Jérusalem.

Les Palestiniens, comme la majorité de la communauté internationale ne parviennent pas à comprendre que l’offre de diviser Jérusalem, formulée naguère par Ehoud Barak au sommet de Camp David, réitérée par Ehoud Olmert en 2007, était aux antipodes du profond attachement  que ressentent une majorité d’Israéliens pour la ville éternelle. Cette concession invraisemblable n’a jamais reçu le soutien politique intérieur indispensable à sa mise en œuvre. Des considérations stratégiques imposent aussi de contrôler les extensions de Jérusalem.


L’opinion publique israélienne est très impliquée dans le maintien du statu quo à Jérusalem. Tous les sondages montrent que plus des 2/3 des Israéliens veulent que Jérusalem demeure la capitale unifiée d’Israël, tandis que seuls 20% sont favorables à sa division et à sa transformation en capitale à la fois de l’État juif et du futur État palestinien. Le groupe qui fait preuve du soutien le plus ferme (presque 80%) à l’idée que Jérusalem demeure la capitale unifiée est celui des 18-24 ans. Dans ce groupe, le soutien le plus déterminé émane des Israéliens religieux et ultra-orthodoxes, le segment qui connait la croissance la plus rapide dans la population juive. Quand on leur demande si Israël doit abandonner le contrôle qu’il exerce sur le Mont du Temple, le premier Lieu Saint pour les Juifs, plus de 70 % des Israéliens ne sont pas d’accord.

Quand Barak a formulé son offre en 2000, plus de 250.000 personnes sont descendues dans la rue contre ce viol du tabou de Jérusalem, la plus grande manifestation qui s’est jamais tenue en Israël. On ne prend pas une mesure suffisante de l’effet galvanisant de la possession de Jérusalem dans la psychologie juive. De plus l’injonction des Orthodoxes contre les visites du Mont du Temple s’est émoussée, ouvrant à un nombre croissant d’Israéliens la possibilité d'une rencontre mystique d’un passé et d’un avenir métaphysiques. De tels sentiments sont politiquement puissants, ce qui ne renforce pas l’hypothèse que les Israéliens resteront les bras croisés devant un éventuel transfert de souveraineté à Jérusalem.

En 2000, il n’y avait pas à la Knesset la majorité requise pour la division de Jérusalem, et la coalition de Barak s’est désintégrée (d’autres facteurs y ont contribué aussi). De même en 2008, la coalition de Olmert a eu des difficultés car Jérusalem figurait sur l’agenda des négociateurs. Aucun gouvernement israélien ne survivrait probablement à des concessions sur Jérusalem dans la configuration politique actuelle, qui ne changera probablement pas dans l’avenir prévisible. Si des élections sont organisées dans un avenir proche, la force de l’opposition à toute concession sur Jérusalem ne ferait que croître.
L’importance de Jérusalem pour les Juifs n’est pas seulement d’ordre historique et religieux ; la ville a aussi une importance stratégique permettant le contrôle de la seule route qui conduit de la Méditerranée à la Vallée du Jourdain, par laquelle des forces militaires peuvent se déplacer sans traverser de fortes concentrations de populations arabes. Jérusalem est le pivot permettant d’ériger une zone de sécurité tout au long de la Vallée du Jourdain.

Si Israël désire conserver une frontière défendable à l’Est, il a besoin de sécuriser l’axe Est-Ouest de la côte à la Vallée du Jourdain, en passant par une Jérusalem unifiée. Conserver le contrôle du Grand Jérusalem, qui comprend les blocs d’implantations que le président Georges W Bush a reconnus comme des réalités à prendre en compte dans tout règlement à venir, est un impératif stratégique. Les arguments qui négligent l’immense potentiel de déstabilisation politique de l’Est du Jourdain et la nature fluctuante de la technologie militaire, dans le but de minimiser l’importance militaire de Jérusalem et son rôle central dans les lignes de défense d’Israël, sont de nature opportuniste. Définir des frontières stables et défendables, à partir de l’état actuel, mais transitoire, des technologies du moment et des circonstances politiques, serait une aberration stratégique. La tourmente qui s’est emparée du monde arabe ces dernières années souligne la nécessité d’une grande prudence.

En définitive, la partition de Jérusalem est purement et simplement une mauvaise idée à l’heure où les tendances qui sont dans l’air du temps ont présidé à la réunification de villes comme Berlin, Belfast ou Nicosie. Pourquoi Jérusalem serait-elle un cas à part ? Les Juifs y sont en majorité depuis 150 ans, et Jérusalem n’a jamais été la capitale d’un pays arabe ni d’une entité musulmane quelconque.

De plus, la minorité arabe de la ville a manifesté son choix de demeurer sous autorité israélienne : nombre de ses membres se sont déplacés du coté israélien de la barrière de sécurité qui a été édifiée autour de Jérusalem. Les sondages montrent clairement qu’une grande majorité des Arabes israéliens ne veulent pas vivre sous la loi palestinienne. Leur choix est rationnel dans la mesure où Jérusalem leur offre la qualité de vie d’une cité occidentale moderne, alors que quelques kilomètres plus loin, ce sont les standards de vie du tiers-monde, le chaos et l’intolérance religieuse qui sont la norme. Une Jérusalem unifiée est la meilleure garantie d’une vie meilleure pour tous les Jérusalémites.

 En un mot, la demande palestinienne de diviser Jérusalem est obstacle à un futur préférable.

Par Efraim Inbar, Israel Hayom, le 9 avril 2014
Traduction: Jean-Pierre Bensimon

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