Un groupe d'étudiants israéliens, venus parler de leur pays sur les campus français, a été l'objet de manifestations de haine impressionnantes. L'un d'entre eux décrit ici, au prisme de sa subjectivité d'Israélien, ce qu'il a observé et compris de la France d'aujourd'hui.(NdT)
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En Israël, ces derniers mois, on a beaucoup parlé et écrit concernant la France, et ce n'était pas très flatteur. C'est précisément pour cette raison qu'un groupe d'étudiants de l'organisation Israël c'est ça, dont j'ai fait partie, a décidé de faire un voyage dans les campus de ce pays en compagnie de l'Union des étudiants juifs de France (UE J.F.) pour promouvoir un dialogue plus équilibré sur Israël.
Ido Daniel, du groupe d'étudiants israéliens |
Les difficultés étaient innombrables. Jusque récemment, le spectacle le plus populaire des jeunes français était celui du comédien antisémite Dieudonné, qui a ressuscité un salut nazi inversé, faisant éclater la France de rire et provoquant un tollé en Europe. Ce tumulte connut un pic à Paris, au cours d'une grande manifestation de plusieurs milliers de personnes, en plein jour, qui appela à jeter les Juifs hors de France et scanda: « Juifs, ce n'est pas votre pays. »
D'autres furent plus concrets et promirent d'envoyer les Juifs français dans des chambres à gaz. Cela conduisit à de nouveaux incidents antisémites qui contribuèrent au sentiment que quelque chose de très fâcheux était en train d'arriver dans la demeure de Voltaire de Descartes. Au cours de nos activités sur les campus, et avec mes yeux d'Israélien, j'ai vu beaucoup de sourires et une formidable curiosité pour Israël. Mais il y a eu des circonstances où j'ai réalisé que la haine des Juifs savait se dissimuler avec habileté.
D'autres furent plus concrets et promirent d'envoyer les Juifs français dans des chambres à gaz. Cela conduisit à de nouveaux incidents antisémites qui contribuèrent au sentiment que quelque chose de très fâcheux était en train d'arriver dans la demeure de Voltaire de Descartes. Au cours de nos activités sur les campus, et avec mes yeux d'Israélien, j'ai vu beaucoup de sourires et une formidable curiosité pour Israël. Mais il y a eu des circonstances où j'ai réalisé que la haine des Juifs savait se dissimuler avec habileté.
À l'université Lyon I, j'ai rencontré Nicolas. Quand il a vu que des Israéliens étaient sur le campus, il s'est approché de notre stand et il a posé plusieurs questions sur le processus de paix israélo-palestinien. Quand nous avons terminé notre discussion, il s'est interrompu un moment, et puis il a dit qu'il était venu avec une solution simple au conflit du Moyen-Orient. « Il suffit de démanteler Israël » dit-il avec un sourire. Pour ma part j'ai ri, car je croyait qu'il persiflait, et je lui ai demandé pourquoi il fallait faire ça. «Vous voyez,» poursuivit-il «ce qui arrive au Moyen-Orient, c'est la même chose que ce qu'il y a ici en France. Les Juifs sont riches et achètent des biens pour jeter les gens hors de leur maison. Comment ces types peuvent avoir tant d'argent ?» Nicolas continuait à sourire, et les mots me manquaient. Il ne persiflait pas. Ce n'était pas un jeu. Il croyait réellement à ce qui venait de sortir de sa bouche.
À l'université Paris VIII, située dans la banlieue nord de la ville des Lumières, personne ne riait, à aucun moment. Le bruit de la venue d'Israéliens sur le campus, et leur audace effrontée de vouloir parler avec des étudiants français, se répandit comme une traînée de poudre. Tout a commencé par une manifestation silencieuse, avec une musique de fond, qui se transforma rapidement en hurlements, en appels au boycott d'Israël, en injures, et en franches menaces.
Quand j'ai essayé de fixer dans un film ce qui était en train de se produire, j'ai été physiquement attaqué par l'un de ces activistes. Honteusement, la sécurité du campus, soutenue par les responsables de l'université, décida que c'était nous qui troublions l'ordre public, et elle démonta notre stand. Le porte-parole de l'université alla même jusqu'à me conseiller de rassembler mes affaires, «avant que les gardes ne vous mettent dehors par la force.» Peu de temps après, nous avons été poussés hors du campus, sous les clameurs des activistes anti-israéliens qui chantaient que les Juifs sionistes n'étaient pas les bienvenus dans leur université. Quelques minutes plus tard, je fis en sorte d'avoir une brève conversation avec l'une d'entre eux. «Pourquoi Israël? » lui demandai-je. «Parce que je suis contre le racisme, et vous êtes des racistes, des impérialistes, des colonialistes, des fascistes et des nazis.» répliqua-t-elle. «Prenez-vous parti contre les injustices qui se produisent ailleurs dans le monde ?» «Non, » répondit-elle avec fermeté. «Je ne m'occupe que d'Israël.»
Elle ne releva pas naturellement la contradiction qu'il y avait dans ses paroles. Pourquoi les activistes favorables au boycott m'empêchèrent-ils de filmer leur action ? Tout simplement parce qu'ils avaient peur. Ils avaient peur que je montre leur vrai visage, peur que je mette en lumière la nature violente de leurs activités, et plus important encore, ils avaient peur que je révèle le plus terrible secret du mouvement de boycott : une laine ardente contre les Juifs et leur droit à l'autodétermination, l'unique secret dissimulé sous le voile de leurs slogans creux sur «les droits de l'homme» et «la justice».
L'antisémitisme a plusieurs visages. Cependant contrairement à ce que l'on croit généralement, il ne s'est jamais réinventé lui-même. L'image du « Juif » au cours des années est passée de «bourgeois capitalistes,» «banquiers avides,» «saboteurs communistes» et «traîtres bellicistes.» « Le Juif-sioniste» n'est pas différent, il a des caractéristiques très similaires : le colonisateur voleur de terres, l'oppresseur raciste des minorités, et même le meurtrier de masse national-socialiste.
La même France a établi les valeurs de base de la société moderne avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen; elle a tendance à oublier ce rôle qu'elle a joué, un peu plus jour après jour. L'année prochaine marquera le 120e anniversaire de l'affaire Dreyfus et de la bataille d'Émile Zola pour la liberté d'expression dans la République française : il serait bon qu'au Palais de l'Élysée on se rappelle aussi du jour où des étudiants, Israéliens et Juifs français ensemble, ont été expulsés d'une université qui porte le nom d'une ville où les grands philosophes de notre temps sont nés, ont vécu et sont morts. Il y a quelques années, le lauréat du prix Nobel de la paix, Élie Wiesel, a demandé à l'Assemblée générale des Nations unies, rassemblée à l'occasion de la journée mondiale de la Shoah: « Le monde a-t-il retenu cette leçon ? » Ce vendredi après-midi à l'université Paris VIII, j'ai réalisé que le monde n'avait rien retenu du tout.
Titre original : My anti-Israel French experience
par Ido Daniel Times of Israel 24 avril 2014
Traduction: Jean-Pierre Bensimon
La grande fautive de cet antisémitisme est la télévision française, ensuite des juifs, eux même, comme Charles Enderlin, Shlomo Sand, vivant en Israel, sans aucune inquiétude ! Et oui c'est cela la démocratie.
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