dimanche 22 juin 2014

La complicité de l'Europe et des États-Unis dans les enlèvements et la violence

Le colonel britannique Richard Kemp pose un regard d'expérience sur le terrible rapt des trois jeunes israéliens et il met et cause le comportement inqualifiable des Occidentaux. [NdT]

Résumé:
  • Quelques jours avant le rapt des trois jeunes garçons, Catherine Ashton, la responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, souhaitait la bienvenue au Hamas au sein du gouvernement de l'Autorité palestinienne. Elle venait d'étriller Israël, accusé de maintenir des terroristes sous les verrous et de prendre des mesures les empêcher d'opérer à partir de Gaza et de la Rive ouest du Jourdain. Ashton, si diligente quand il s'agit de condamner Israël, a mis cinq jours pour dénoncer ces enlèvements. Ses paroles et ses actes ont plutôt légitimé et encouragé le Hamas.
  • Les États-Unis et l'Union européenne paient les salaires des terroristes palestiniens en tant que donateurs de l'Autorité palestinienne ; ils financent aussi ses activités de propagande et d'incitation à la haine.
  • Comme tout gouvernement, Israël a le devoir absolu de protéger ses citoyens et conjurer toute menace terroriste est un aspect essentiel de cette obligation.

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    Cette semaine, le monde a éprouvé un terrible sentiment de répulsion devant des vidéos montrant des rangées de jeunes irakiens à genoux, abattus par des terroristes endurcis d'al Qaïda à Mossoul. Mais pour sa part, dans la Bande de Gaza et sur la Rive ouest du Jourdain, le Hamas a montré qu'il était tout à fait capable lui aussi de commettre des meurtres de sang-froid. C'est ce péril qui a provoqué la chasse désespérée d'Israël aux auteurs des enlèvements des jeunes Naftali Frenkel, Gilad Shaar et Eyal Yifrach. Ils faisaient du stop pour rentrer chez eux après la sortie de l'école dans le Gush Etzion, quand ils ont été kidnappés il y a une semaine.

      En tant que membre de Cobra, la Commission nationale britannique de gestion des crises, j'ai été impliqué dans des opérations visant à sauver des citoyens enlevés par des terroristes islamistes en Irak et en Afghanistan. Il n'y a pas d'action militaire de l'époque moderne qui soit aussi stressante : les probabilités jouent contre les captifs, l'avantage est du côté des ravisseurs, c'est une course contre la montre, et elle devient une affaire extrêmement personnelle.

        Les victimes nous regardent à travers leurs photos et nous les regardons dans les yeux. Nous ressentons leurs espoirs, leurs familles, leurs amis, et leur vie quotidienne. Rien - rien - ne doit faire obstacle à nos efforts pour les ramener chez eux. Bien que nous espérions le meilleur, nous nous préparions pour le pire.


        Anti-Israel caricature on the Fatah Facebook page
        Sur une page Facebook officielle du Fatah

        De l'extérieur, il est difficile de comprendre la réalité d'un enlèvement. Ceux qui ont la responsabilité de sauver ces vies sont forcés de jouer au chat et à la souris, un jeu où ils doivent à la fois rassurer l'opinion et semer des graines de désinformation chez les ravisseurs. Jusqu'ici, pour Naftali, Gilad et Eyal, les signes ne sont pas encourageants. Pour ce que nous en savons, une semaine plus tard, il n'y a ni preuve de vie, ni revendication, ni négociation.

        Hier, le 19 juin, le chef Hamas Salah Bardawil aurait affirmé selon l'agence d'information palestinienne Ma'an, que la "résistance palestinienne" (Hamas est l'acronyme de "mouvement de la résistance islamique") est bien l'auteur des enlèvements.

        La première priorité est toujours d'établir l'identité et les motifs des ravisseurs. Dès le début, le premier ministre Benjamin Netanyahou a affirmé que le Hamas était coupable. Le secrétaire d'État américain Kerry a été d'accord, et il semble que ce soit l'opinion dominante à Gaza et dans la Rive ouest du Jourdain.

        De son côté, un autre leader du Hamas, Muhammad Nazzal, a présenté l'enlèvement des trois jeunes civils comme "une capture héroïque," et "un événement clé" pour le peuple palestinien. Il a dit que chaque jour qui passait sans que les Israéliens parviennent à trouver les jeunes garçons était "un formidable succès."

        Les commentaires de Nazzal illustrent la vision traditionnelle de la direction du Hamas sur les rapts et les meurtres d'Israéliens. Le groupe terroriste, que la communauté internationale a mis à l'index, est responsable des tirs "dans le tas" de milliers de roquettes mortelles sur la population civile d'Israël depuis la Bande de Gaza, les dernières salves datant de cette semaine.

        C'est ce même groupe terroriste que les Nations unies, les États-Unis et l'Union européenne - dans une démonstration magistrale de banqueroute morale et de trahison - ont reconnu d'une même voix comme le partenaire légitime d'un gouvernement unifié de l'Autorité palestinienne [AP]. Le jour qui a précédé le rapt des trois jeunes garçons, la responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, Catherine Ashton, a souhaité la bienvenue au Hamas au sein du gouvernement de l'AP. Elle venait d'étriller Israël accusé de maintenir des terroristes sous les verrous et de les empêcher d'agir à partir de Gaza et de la Rive ouest du Jourdain.

        Ashton, si diligente quand il s'agit de condamner Israël, a mis cinq jours pour dénoncer ces rapts. Ses paroles et ses actes ont plutôt légitimé et encouragé le Hamas. Sa passivité face à la répétition des opérations terroristes a renforcé la conviction du groupe terroriste qu'il est sur la bonne voie.


        Al-Hayat Al-Jadida, June 15, 2014


        Le kidnapping recevra un bon accueil chez les nouveaux amis intimes de Ashton en Iran. Prêt à tout lui aussi pour apaiser les ayatollahs, le Secrétaire aux Affaires étrangères britanniques, William Hague, a annoncé cette semaine la réouverture de l'ambassade de son pays à Téhéran, fermée en 2011 après son saccage sur les ordres du gouvernement iranien. On annonce même une collaboration des Renseignements militaires américains avec l'Iran sur la crise actuelle en Irak, où il y a seulement quelques années un grand nombre de soldats US et britanniques ont été massacrés. Ils utiliseraient des fournitures de munitions iraniennes, opérées par des terroristes entraînés, dirigés et équipés par Téhéran et l'un de ses groupes terroristes affiliés, le Hezbollah libanais.

        Au moment où l'Occident se rapproche des ayatollahs, les ayatollahs se rapprochent à nouveau du Hamas. Il a une semaine, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a rencontré les dirigeants du Hamas pour réduire les divergences surgies entre eux et l'Iran à propos du conflit en Syrie. Le Hamas, isolé par l'Égypte suite à l'effondrement du régime des Frères musulmans, semble prêt à tout pour restaurer des relations de pleine confiance avec la tyrannie iranienne. L'Iran est également tout à fait enthousiaste à l'idée de ramener le Hamas dans son giron : les ayatollahs le considèrent toujours comme un important instrument pour réaliser leur objectif primordial de destruction de l'État d'Israël.

        Dans ces circonstances, il n'est pas impossible que l'enlèvement des trois jeunes garçons ait été un geste du Hamas pour retrouver la grâce des ayatollahs.

        Il est difficile de ne pas être glacé jusqu'aux os à la pensée que trois jeunes garçons, qui pourrait facilement être nos enfants ou nos frères, passent nuit après nuit entre les mains de terroristes impitoyables… ou pire encore. L'angoisse des parents de ces enfants doit être inimaginable.


         Facebook, "Fatah - The Main Page", June 15, 2014
        Dans la population arabe palestinienne de la Rive ouest du Jourdain et de Gaza, y compris les enfants, un nouveau symbole est apparu, un salut avec trois doigts, signe de la joie provoquée par l'enlèvement de trois jeunes innocents. Parmi les nombreuses les images déplorables concoctées par les ordinateurs et les imprimantes palestiniennes la plus répugnante est probablement le dessein de trois rats, affublés de l'étoile de David, pendouillant sur le fil d'une canne à pêche, publié sur la page Facebook officielle du Fatah.

        On voir désormais partout ces expressions de joie, suivies de la distribution de douceurs. Le président de l'AP, Mahmoud Abbas, a condamné les enlèvements, et son appareil de sécurité a fourni une assistance à l'opération de sauvetage israélienne. Mais en introduisant les terroristes du Hamas dans son gouvernement, Abbas est aussi responsable des manifestations de joie obscènes d'une si grande partie de son peuple. Son Autorité palestinienne répand infatigablement dans les écoles, les programmes de télévision, dans les livres et dans les magazines, une propagande anti-israélienne et antisémite mensongère et cruelle, illustrée par une imagerie inspirée des nazis. Les Américains et l'Union européenne paient les salaires des terroristes palestiniens par le canal de dons à l'AP ; ils financent aussi sa propagande et son incitation à la haine, dont on a une échantillon dans l'imagerie qui célèbre l'enlèvement des enfants.

        L'opération de sécurité israélienne est focalisée à ce jour sur la recherche des trois enfants. Plus de 330 suspects appartenant au Hamas ont été arrêtés, des armes et des munitions illégales ont été saisies. En écho au nom de code de l'opération de sauvetage, "Gardiens de nos frères," le chef d'état-major de l'armée israélienne, Benny Gantz, a invité ses soldats à mettre dans leur prospection la même vigueur que s'il était en train de chercher leur propre frère ou des membres de leur unité. Il leur a aussi rappelé que la plupart des gens qui vivent dans la région où se déroulent les recherches ne sont pas impliquées dans les enlèvements, et qu'ils doivent les traiter avec attention et humanité.

        Simultanément, l'armée a pris des mesures pour affaiblir et démanteler le Hamas dans la Rive ouest du Jourdain. Dans certains milieux ces mesures ont été critiquées: elle seraient purement opportunistes, élargissant  l'opération sans nécessité. Or il n'en est rien. Avec ces derniers kidnappings, le Hamas a confirmé qu'il a toujours pour but d'enlever, d'attaquer, et de tuer les civils Israéliens dans la Rive ouest du Jourdain. Comme tout gouvernement, Israël a le devoir absolu de protéger ses citoyens, et prévenir la menace terroriste est un aspect essentiel de cette obligation.

        Il y a beaucoup d'imprévu dans toute opération militaire ; il est possible que l'opération "Gardiens de nos frères" conduise à une escalade de la violence. Des incidents se sont déjà produits. Probablement, Israël n'étendra pas l'opération actuelle à Gaza, à moins d'une sérieuse montée de la violence, ou si un lien entre les terroristes de Gaza et les rapts est mis en lumière.

        Quelle que soit la direction que prendra cette opération, la communauté internationale doit éviter de donner la même réponse à l'action défensive actuelle que celle qu'elle a si souvent affiché chaque fois qu'Israël cherche à se défendre des attaques de missiles en provenance de Gaza. La communauté internationale fait généralement silence sur les vagues de roquettes tirées sur les civils israéliens, et elle condamne ensuite Israël pour ses actions défensives destinées à empêcher les attaques suivantes. Ce sont ces réponses de la communauté internationale qui ont encouragé le Hamas, et qui ne représentent rien de moins qu'un soutien au terrorisme. Ce sont ces réponses, en même temps que son accord pour que le Hamas participe à un gouvernement d'unité palestinienne, qui ont conduit à l'enlèvement des enfants dans la Rive ouest du Jourdain.

        Le colonel Richard Kemp, membre distingué de Gatestone Institute, a fait carrière pendant 30 ans dans l'armée britannique où il a combattu le terrorisme et les soulèvements. Il a été sur la ligne de front dans les zones de guerre les plus dures du monde, en Irak, dans les Balkans, en Asie du Sud-est, et en Irlande du Nord. En 2003, il était commandant dans les forces britanniques en Afghanistan.

        par Richard Kemp, Gatestone Institute, le 20 juin 2014 
        Traduction : Jean-Pierre Bensimon
        Pour un autre regard sur le Proche-Orient n°14 - Juillet 2014

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