L’Europe n’est pas antisémite, la France n’est pas antisémite ! L’antisémitisme est une opinion réprouvée en Europe. Mieux, c’est un délit inscrit dans les législations de tous les États européens. Et les sondages l’attestent: seule une petite minorité de citoyens du Vieux continent partagent les poncifs antisémites.
Mais il y a d’un autre coté l’acharnement mis par l’Union européenne (UE) dans ses accusations publiques d’Israël, délibérément mensongères, les ressources financières qu’elle affecte au soutien de ses plus mortels ennemis, le traitement tout à fait discriminatoire qu’elle lui réserve.
Comme Israël, le seul État national juif de la planète, est le principal symbole du judaïsme de notre époque, comment comprendre cette férocité stratégique comme autre chose qu’un infernal antisémitisme d’État, grimé en croisade morale antisioniste politiquement recevable ? Aux premiers rangs des croisés, la France, le Royaume Uni, l’Espagne….
C’est ce qu’illustre la Déclaration d’Athènes signée le 11 juin dernier par l’Europe et la Ligue des États arabes.
La première priorité de l’assemblée euro-arabe (pt 7) a été de réclamer une conférence internationale sur l’exclusion des armes nucléaires du Moyen-Orient, une façon de s’en prendre à l’arme nucléaire supposée d’Israël, et de le désarmer si c’est le cas, une contribution sans doute à sa sécurité dans l’environnement harmonieux et apaisé qu’on lui connait.
Mythes accusatoires
Vient ensuite (pt 24) le déferlement des accusations, plus précisément des mythes accusatoires.
D’abord celui de l’illégalité de la présence israélienne au-delà des lignes de 1967. La leçon de Goebbels est bien apprise : un mensonge même s’il est gros, peut devenir une vérité, il suffit de le répéter assez souvent.
La présence israélienne est légale, l’activité d’implantation est légale, les rares « démolitions de maisons » sont légales, les constructions sont légales. L’Europe n’est-elle pas signataire et garante des accords Oslo II de 1995 qui octroient à Israël les droits de pleine administration de la zone C des anciennes Judée et Samarie? L’Europe n’est-elle pas engagée par les stipulations du mandat de la SDN de 1922, confirmées par l’article 80 de la Charte de l’ONU ? L’occupation n’existe pas (on n’occupe pas ce qui n’était pas un État constitué) et on n’occupe pas un territoire que l’on considère comme « disputé », pour lequel on accepte le principe de droits concurrents. On n’occupe pas un territoire que l’on a été prêt partager en 1937, 1947, 1949, 2000, 2001, 2007, jusqu’à aujourd’hui, partage que l’adversaire arabe a invariablement refusé.
Alors faute d’arguments l’Europe, à la remorque des États arabes, récite son Goebbels.
Le second mythe, c’est celui de « la grave situation humanitaire » de la Bande de Gaza largement imputable au blocus de la « Puissance occupante ». L’UE a bien raison de se tordre les mains. La Puissance occupante a plié bagages il y a près de 10 ans, la bonne situation humanitaire est confirmée, même par des voix arabes, et en guise de blocus, Israël fournit électricité, eau, et marchandises diverses. Il accueille même dans ses hôpitaux, entre autres, la belle-mère et la petite fille d’un grand ami, Ismail Haniyeh.
Trous de mémoire, absences, amnésie
Par contre l’UE, si experte en accusation d’Israël, a beaucoup de peine à maintenir sa vigilance morale quand elle regarde du coté palestinien.
Les accords d’Oslo par exemple exigent des parties « de s’abstenir de toute incitation, y compris la propagande hostile... » Le Fatah chantait par exemple 4 jours après les trois rapts d’enfants « Arrêtez-vous, fils de Sion, et prenez conscience que la mort est proche… Le Fatah est un roc dont les soldats aiment le combat. » Une ferme adhésion, entre mille, au principe de paix inscrit en tête du pt 24.
L’amnésie européenne, ce sont aussi toutes ces offres de paix israéliennes récusées, la dernière par les soins de Mahmoud Abbas à la fin 2007.
Les trous de mémoire, ce sont ces roquettes et missiles tirés au hasard depuis Gaza sur la population civile israélienne, sans répit. Des crimes de guerre terroriste caractérisés qui ont échappé à l’honorable assemblée d’Athènes.
Les absences, ce sont ces cinq jours que Catherine Ashton qui représente l’UE a mis avant de « regretter » le rapt des 3 enfants juifs à la sortie de leur école.
Au-delà, l’obscénité européenne
Non contente de conforter les accusations les plus grossières de l’État juif, l’UE a eu le culot de demander à Israël de souhaiter la bienvenue à ses cruels ennemis terroristes du Hamas, de travailler avec eux, appelant « Israël à coopérer avec le nouveau gouvernement palestinien. » Comme si elle souhaitait que les Juifs d’Israël s’auto-exécutent.
Cette duplicité se retrouve dans l’engagement d’aggraver encore le traitement discriminatoire d’Israël amorcé dans les « lignes directrices. » Les ministres arabes se disent « satisfaits » que « tous les accords entre Israël et l'Union européenne devront mentionner sans équivoque et explicitement, qu'ils ne sont pas applicables dans les Territoires occupés par Israël. »
Par contre, le soutien financier européen à diverses forces terroristes palestiniennes sera maintenu. Michael Theuler, le précédent président de la Commission de contrôle budgétaire de l’UE s’en était ému: « L’Autorité palestinienne, par exemple, consacre une part importante de son budget à payer les salaires de prisonniers palestiniens condamnés pour des infractions liées au terrorisme. Ces salaires sont jusqu’à cinq fois plus élevés que le salaire moyen en territoires sous contrôle de l’A.P. » Il demandait avant tout financement « l’amélioration de la situation des droits de l’homme sur les territoires de l’A.P, la répression de la corruption et la suppression des subventions aux terroristes palestiniens condamnés. » Silence M. Theuler ! Les nouvelles tranches de subvention attendent juste leur transfert.
Dans son essence, l’antisémitisme est une obscénité et une faute morale, et l’antisémitisme d’État européen, maquillé, grimé, déguisé, costumé, dissimulé, une faute politique et stratégique. L’alignement sur des forces arabes aujourd'hui à l’agonie ne dégage pas mais obscurcit l’avenir de l’UE.
Jean-Pierre Bensimon, le 26 juin 2014
Pour un autre regard sur le Proche-Orient n° 14 Juillet 2014
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