samedi 26 juillet 2014

Deux leçons importantes de Gaza

Comme le démontre l'opération en cours à Gaza, les trois solutions de retrait ou "concessions douloureuses" qu'Israël a tentées avec ses voisins arabes depuis 1993, ont indiscutablement augmenté les tensions et les effusions de sang. Il est temps d'en tirer la leçon explique Shraga Blum. (NdR)

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L’opération antiterroriste « Roc Inébranlable » n’est pas encore achevée mais l’on peut déjà tirer deux enseignements fondamentaux. Depuis 20 ans, Israël a tenté trois formules différentes afin de faire baisser la tension avec ses voisins. En 1993, l’Etat juif signait les accords d’Oslo avec l’OLP, qui comprenaient des retraits territoriaux israéliens et devaient mener à terme à un traité de paix définitif entre Israël et les Arabes palestiniens. En juin 2000, Tsahal opérait un retrait unilatéral du sud-Liban, et en août 2005, Israël se retirait unilatéralement et totalement de la Bande de Gaza, détruisant 21 villages juifs après en avoir expulsé leurs habitants.

Shraga Blum
Que l’on ait été pour ou contre ces trois initiatives, il faut être intellectuellement malhonnête ou atteint d’aveuglement idéologique pour nier qu’elles n’ont pas rapproché la paix mais l’ont au contraire éloignée, et ont été suivies d’un net regain de violence terroriste. A la suite des Accords d’Oslo, une vague d’attentats terroristes sans précédent a coûté la vie à plus de 1.000 israéliens. Depuis, les tentatives terroristes sont quasi-quotidiennes et il n’est dû qu’à la présence de Tsahal et du Shin-Bet en Judée-Samarie pour qu’il n’y ait pas eu des centaines de victimes supplémentaires. Parallèlement, les systèmes éducatifs et médias palestiniens, qu’ils soient du Hamas, du Jihad ou du Fatah d’Abou Mazen, instillent quotidiennement aux jeunes générations la haine du Juif, l’aspiration au martyr et la glorification des actions terroristes.

De son côté, le retrait – certains diront la fuite – de Tsahal du sud-Liban sous le gouvernement Barak a laissé cette région aux mains du Hezbollah qui en a fait une forteresse armée de quelques 150.000 missiles dirigés vers Israël. Cette initiative, interprétée comme de la faiblesse, ainsi que les négociations de Camp David qui ont suivi de près, ou Ehoud Barak a proposé des concessions sans précédent à Yasser Arafat, ont paradoxalement contribué au lancement de la 2e Intifada quelques semaines plus tard.

Enfin, le retrait de la Bande de Gaza opéré par Sharon en 2005, avec les promesses « d’une avenir plus sûr » et les ricanements méprisants en direction de ceux qui annonçaient des missiles sur Ashkelon, a transformé ce petit territoire en bastion avancé de l’Iran, avec son corollaire de tirs de roquettes et tentatives incessantes d’infiltrations terroristes en territoire israélien.

Ceux qui aujourd’hui répètent comme un mantra « que la situation était pire avant les Accord d’Oslo, le retrait du sud-Liban ou le retrait de la Bande de Gaza » disent une contrevérité, probablement pour éviter de se regarder dans le miroir et avouer qu’ils se sont fourvoyés. Les habitants des localités du Néguev occidental vous raconteront qu’avant les Accords d’Oslo, les habitants de la Bande de Gaza venaient faire leurs courses dans les villes juives et les Israéliens pouvaient aller faire réparer leurs voitures chez de garagistes arabes. C’est le cas aussi pour la Judée-Samarie où les relations judéo-arabes, sans être idylliques, étaient incontestablement meilleures avant l’arrivée de l’Autorité Palestinienne. Le retrait unilatéral du sud-Liban a été à l’origine de la 2e Guerre du Liban qui a coûté la vie à 121 soldats et 44 civils israéliens. Et il est Inutile de détailler les effets dévastateurs du retrait de la Bande de Gaza dont nous vivons actuellement un nouveau et tragique contrecoup.

Devant ce paysage trouble, il faut alors essayer d’imaginer la situation dans laquelle serait le pays si des dirigeants israéliens avaient suivi les conseils irresponsables des experts ou hommes politiques qui réclament un retrait du plateau du Golan et de la Judée-Samarie. Ces questions ont été hélas étudiées et évoquées sous divers gouvernements - ouvertement ou en coulisses – et il n’est dû qu’à l’entêtement bienvenu des Syriens ou de l’Autorité Palestinienne pour que ces plans n’aient pas été mis en application et que de nouvelles et dangereuses zones de violences n’aient pas été créées aux portes ou au cœur du pays.

Deuxième enseignement dont l’importance n’est pas moindre. Il y a un mois, lorsque furent kidnappés et assassinés les trois adolescents israéliens, des journalistes, des personnalités politiques et des internautes ont cru bon d’attribuer la responsabilité de cet acte aux parents de ces trois malheureux qui « auraient pris leurs risques » en les envoyant étudier dans la région du Goush Etzion, considérée comme « territoire disputé ». Argument ressassé jusqu’à la corde par les partisans du « camp de la paix » : « Ceux qui prennent le risque d’habiter dans ces régions doivent être prêts à en assumer le prix ». J’aimerais entendre aujourd’hui ce qu’ont à dire ces mêmes individus aux habitants de Sderot, Ashdod, Ashkelon, Beer-Sheva et même Tel-Aviv ou Rishon Letzion ! Sans le « Dôme de Fer » des centaines – voire des milliers - d’Israéliens situés du « bon côté » seraient morts. Peut-être devraient ils eux-aussi…aller habiter ailleurs ?? Paradoxalement, la Judée et la Samarie, bien qu’à portée de tir des missiles du Hamas, ont été les deux régions les moins touchées. Comme quoi….

Ces divers exemples confirment ce que de plus en plus de gens comprennent au fil des événements et ce qui devrait inspirer les futurs preneurs de décisions : le conflit qui nous oppose au monde arabe et à son cheval de Troie palestinien n’est pas territorial. Il instrumentalise un argument territorial – acceptable pour la communauté internationale - pour mener une lutte ininterrompue contre l’existence même de l’Etat d’Israël.

Shraga Blum est un journaliste indépendant qui contribue à l'hebdomadaire "P'tit Hebdo" et un analyste politique pour plusieurs sites internet en français

par Shraga Blum, publié par I24 NEWS,  le 24 Juillet 2014

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