Dans le nuit de mercredi, vers minuit, au cours des tirs de roquettes à l'aveugle venant des terroristes de Gaza, des amis inquiets nous ont téléphoné des États-Unis pour nous demander ce que nous faisions.
Je n'ai pas pu être bien long, notre conversation ayant été presque immédiatement interrompue par une sirène qui perçait la nuit tranquille d'Ashkelon. Nos amis ont pu l'entendre clairement, en sureté, à la distance respectable de 10.000 km.
Une autre salve de roquettes sur Ashkelon nous a conduits dans la pièce sécurisée : j'ai continué la conversation avec en toile de fond le vacarme de la sirène, suivi par une explosion à présent familière : Iron Dome venait d'intercepter la roquette. De l'autre côté de l'océan, mes amis étaient sidérés : « comment pouvez-vous vivre comme cela, dans un tel enfer ? »
De fait, aucun civil ou que ce soit dans le monde, y compris le président des États-Unis Barak Obama, n'accepterait de vivre ainsi depuis 13 ans sans exercer son droit de se défendre, quel qu'en soit le prix. La fenêtre d'opportunité qui s'est à présent ouverte pour Israël rend possible le lancement d'une campagne stratégique pour détruire l'infrastructure militaire des groupes terroristes de Gaza, le Hamas et le Jihad islamique.
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Avi Ditcher |
Je peux tempérer l'inquiétude de ceux qui croient que la dissuasion des Israéliens vis-à-vis du Hamas est déjà réduite à sa plus simple expression. Il suffit de regarder des images de terroristes filmés avec des masques, de peur que leur visage soit identifié et qu'on les traîne devant un juge, pour comprendre que notre dissuasion fonctionne toujours et qu'elle est substantielle. Cependant, le principal problème auquel nous sommes confrontés est l'armement qui est à leur disposition, et la facilité avec laquelle leurs dirigeants (politiques et militaires) en usent contre les civils israéliens, protégés à Gaza par un bouclier humain formé de civils palestiniens. Le Hamas sait parfaitement que l'armée israélienne fera des efforts pour éviter d'infliger des dommages à des civils, même si le Hamas cible indistinctement les centres de population israéliens.
Si nous ne détruisons pas l'infrastructure militaire des terroristes à Gaza nous continuerons de vivre d'un cycle de tirs à un autre, sachant que l'intervalle de temps entre les cycles se réduit et que la portée des roquettes augmente. La moitié de notre population est d'ores et déjà soumise à une guerre d'usure. Nos frappes aériennes approchent du point d'efficience décroissante, à partir duquel elles ne parviendront plus à stopper ou à réduire le nombre de tirs contre Israël. Les terroristes du Hamas et leurs chefs agissent en fonction de leurs capacités opérationnelles et non selon notre logique.
La situation est mûre pour passer des opérations tactiques (Pilier de défense, Plomb durci, Bordure de protection) à une campagne stratégique pour réduire radicalement la capacité des terroristes de nous frapper. Cette campagne n'a rien à voir avec une opération d'un mois ou deux; elle s'étendra plutôt sur une année ou deux. Il n'y a absolument aucune raison d'abandonner des Israéliens pour des années encore, à une vie sous le feu de l'ennemi. Nous avons vaincu le terrorisme des attentats-suicide et nous serons capables d'éradiquer le terrorisme des roquettes. Arrêter des milliers de terroristes à Gaza et poursuivre les frappes aériennes, cela permettra d'obtenir les renseignements nécessaires pour modifier la dimension terroriste de Gaza. Voilà ce qu'il incombe de faire à nos dirigeants civils et militaires.
Avi Ditcher est un ancien ministre de la sécurité et de la défense du front intérieur, ancien directeur du Shin Bet, et membre de la Knesset
Titre original : Time for a strategic campaign
par Avi Dichter, Israel Hayom, 11 juillet 2014
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
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