dimanche 19 octobre 2014

Culture et disproportion

Dans la guerre que le Hamas a déclenchée l'été dernier, la disproportions des pertes humaines indique paradoxalement à quel point la cause d'Israël est juste.
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Le Figaro rapportait à la mi-octobre que selon un haut responsable militaire français, "L'adversaire est intelligent, et il s'adapte: Daech se mêle à la population des villes, installe ses postes de commandement dans les hôpitaux, les écoles." On lit bien Daech et non Hamas. Conclusion, pour éviter les dégâts collatéraux, les avions français patrouillent au-dessus de l'Irak, mais ne bombardent pas. L'efficacité du dispositif: nulle. Ce n'est pas grave semble-t-il. Pour nous Français, l'Irak c'est loin.

Sur le même théâtre d'opérations, les premières frappes américaines ont multiplié les victimes civiles, femmes et enfants, en particulier quand un "Tomawak " a impacté un regroupement de réfugiés dans le village de Kafr Daryan en Syrie. De nombreux autres civils ont trouvé la mort quand l'Air Force a confondu un peu plus loin, des silos à blé avec une base de l'État islamique. Le porte-parole du Conseil National de Sécurité américain, Caitlin Hayden, en a pris acte: "les normes élevées [fixées par Obama pour éviter les dommages collatéraux], ... ne couvrent pas les frappes actuelles sur la Syrie et l'Irak." Les États-Unis renoncent donc ouvertement à minimiser les victimes civiles.

Pourtant, il y a quelques semaines, les mêmes ignoraient les boucliers humains du Hamas et accablaient l'État juif d'accusations de "disproportion" et de "massacres". Cependant, même si les critiques occidentales de la défense si difficile d'Israël étaient infamantes, l'écart entre le nombre de victimes de part et d'autre, 2.100 morts à Gaza, 73 victimes pour Israël, est plein de sens. Il indique paradoxalement de quel coté se trouve la cause  juste.

1) Du coté du Hamas, il n’y avait strictement aucun dispositif de protections des civils, alors que sa stratégie de tirs indiscriminés sur les zones vitales d'Israël allait nécessairement déclencher un retour de feu. Pas le moindre abri, alors que le Hamas sait si bien creuser et bétonner, pas de système d'alerte, pas d’équipes médicales dédiées. Par contre les chefs était parfaitement protégés dans les étages et les sous-sols des hôpitaux;

2) Amateur de boucliers humains, le Hamas a contraint sa population à rester sur les sites où des frappes étaient annoncées, ou même à s'y rassembler. Il en a été si fier que son porte-parole Sami Abou Zouri, a revendiqué publiquement ce crime de guerre;

3) Le Hamas a tiré ses roquettes depuis les sites civils les plus populeux (écoles, mosquées, hôpitaux, hôtels, quartiers d'habitation), suscitant des pertes civiles en retour. Les images de civils trépassés, d'enfants en particulier, étaient souhaitées comme gages de victoire dans la guerre des média en Occident, et ferments d'agitation de la rue arabe. En transportant le djihad de la sphère militaire au cœur de la vie civile et de la société, en procédant à l'exécution publique de civils sans jugement, aux antipodes de la philosophie des Conventions de Genève  sur la guerre, le Hamas et ses satellites affichaient leur proximité idéologique avec al-Qaeda, al-Nusra, et l'État islamique.

4) De nombreuses roquettes, plus de 700, sont retombées sur le territoire de Gaza causant des pertes nombreuses et des destructions, comme l'incendie des réservoirs de carburant de la centrale électrique. Le Hamas aura aussi répandu l’horreur par amateurisme, en négligeant totalement les conséquences mortelles de la malfaçon de ses roquettes  pour les civils de Gaza.

Inversement, le nombre de victimes israéliennes du Hamas a été bien mince, même si la douleur a été immense. Cela malgré ses commandos de marine, ses tunnels d'attaque, et ses 4.500 roquettes tirées au jugé (à la différence des missiles, les roquettes, non guidées, ont toutes les chances de ne tuer que des civils). Ce résultat étonnant de tient pas du miracle, mais d'un intense effort collectif de l’État juif.

La protection des civils d'Israël repose sur l'éducation permanente de la population à la conduite à tenir en cas d'alerte. Ensuite, depuis des décennies, la population est encouragée à équiper son logement d'une pièce hautement protégée. En complément, de nombreux abris étaient disponibles dans les villes, les villages et toutes les aires civiles.

A coté de ce dispositif, les autorités israéliennes ont créé un réseau d'alertes sonores instantanées dans les zones visées par les tirs. Et bien sûr, une merveille de la technologie israélienne, Dôme  d'acier, a assuré les interceptions en vol. 

Enfin, un Centre de Commandement Médical, entrainé aux situations d'urgence, déployait le plus promptement possible ses équipes soignantes sur le Front intérieur.

Israël aime infiniment la vie, la vie des êtres humains, des siens bien sûr, mais aussi celles des autres, et même celles de ses adversaires. C'est en partie un legs de la Shoah. Ne plus perdre une seule vie désormais. C'est aussi une éthique. Pour gagner, le Hamas résume son avantage en une formule: "Nous aimons la mort, plus que vous n'aimez la vie." L'éthique de la mort, à l'usage de ses enfants d'abord, est revendiquée officiellement. C'est la culture du djihad contemporain, aux couleurs du nazisme, le noir, à Gaza tout comme en Irak.

La "valeur-vie" d'Israël lui a fait construire un hôpital de campagne pour Gaza au passage d'Erez (le Hamas l'a bombardé au mortier), et continuer d'accueillir les civils gazaouis pour des traitements lourds dans ses hôpitaux, en dépit des hostilités. Elle lui a fait multiplier avant ses frappes toutes sortes d'avertissements, y compris personnalisés, qui mettaient parfois ses propres soldats en danger. Ainsi, les dommages infligés aux civils gazaouis ont été radicalement inférieurs aux "normes" ordinaires de la guerre. Un civil perdu pour un militaire à Gaza, contre en moyenne dans les guerres, 4 pertes civiles pour un combattant, soit quatre fois moins. C’est pourquoi il n’y a eu "que" 2.100 morts à Gaza, dont 49% de moujahids en armes.

C'est ici qu'il faut souligner que les accusations occidentales de massacre et de carnage proférées contre Israël, les "manifestations de solidarité" de la gauche et l'extrême gauche, le financement de la reconstruction sans démilitariser le Hamas, contribuent à valider la stratégie des têtes brûlées djihadistes de la région, et à arracher toujours plus de vies à la malheureuse population-otage de Gaza.

Éditorial :  Culture et disproportion
Pour un autre regard sur le Proche-Orient n°15  Octobre 2014

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