Pour faire adopter son accord nucléaire avec l'Iran, l'une des plus graves catastrophes de la génération pour l'Amérique, Obama mise sur une stratégie d'intimidation féroce. Netanyahou donne l'exemple de la résistance aux menaces de la Maison Blanche.
Les tensions israélo-américaines sur l'Iran, de plus en plus vives depuis un mois, ont déclenché une vague de critiques contre le premier ministre Benjamin Netanyahou.
En réalité, dans cette épreuve, Netayahou a démontré qu'il est un homme d'État impressionnant. Son discours devant les deux Chambres du Congrès a été vigoureusement condamné dans un premier temps. Loin d'avoir été un désastre, il a permis de poser les paramètres du débat. Ses déclarations largement diffusées ont structuré la critique de « l'accord » iranien et elles ont eu un large écho dans l'opinion publique américaine. Elles ont contribué en grande partie à persuader la majorité des Américains de s'opposer à une désastreuse capitulation devant l'Iran.
Il est profondément absurde de suggérer qu'en vertu d'une déférence obligée envers un Président américain naïf, le premier ministre d'Israël doive mettre des gants. Son pays est confronté à une menace existentielle et les États-Unis renforcent un pays islamique terroriste, notre voisin le plus dangereux, qui est en train de devenir un État nucléaire du seuil. D'autant que certains de ses dirigeants ne craignent pas une destruction mutuelle certaine, et réaffirment même aujourd'hui leur détermination de rayer le « cancer » que constitue Israël de la surface de la terre.
La réalité, c'est que l'administration américaine a passé un pacte avec un État terroriste qui a fait le serment, explicite, de détruire Israël. De plus, les États-Unis ont dégagé pour lui plus de 150 milliards de dollars, que les Iraniens se vantent d'affecter au développement des activités terroristes anti israéliennes, de leurs supplétifs. Il aurait été inadmissible que Netanyahou manque à tous ses devoirs en tant que premier responsable de l'État juif en s'abstenant de s'opposer à une politique de cet acabit.
Comme de nouveaux détails épouvantables émergent sur l'inaptitude et l'immoralité de l'administration dans ses négociations avec l'Iran, certains anciens soutiens démocrates du président Obama commencent à poser publiquement la question de sa rationalité.
Il est proprement renversant que les États-Unis aient accepté de confier aux Iraniens, maîtres en duplicité, la responsabilité d'auto-contrôler la conformité à leurs propres engagements à la place d'un organisme indépendant. Cela met en lumière la naïveté de l'administration et montre la duplicité d'Obama qui avait pris publiquement l'engagement que l'exécution des dispositions de l'accord serait rigoureusement contrôlée. Cela illustre parfaitement que ce sordide « accord » de capitulation devant des terroristes islamiques génocidaires est une farce. Récemment, la trahison d'Obama est apparue encore plus grave quand on a appris qu'il avait fait secrètement une offre de concessions de son cru (qui furent refusées) au satanique président génocidaire de l'époque, Mahmoud Ahmadinejad. C'était bien avant que le «modéré» Hassan Rouhani n'entre en fonction. Ce dernier vient d'accuser cette semaine les Israéliens de tuer et de violer des femmes et des enfants.
Clairement, dès le début, la stratégie à long terme d'Obama a été d'opérer un réalignement général au Moyen-Orient à partir d'un rapprochement des États-Unis avec l'État voyou le plus dangereux, et donc d'abandonner Israël, son seul allié authentiquement démocratique dans la région.
L'engagement d'Obama de poursuivre la coopération militaire, et ses assurances répétées qu'il est « derrière Israël, » ne méritent aucun crédit dans la mesure où il a retiré son soutien politique à Jérusalem au cours de la guerre de Gaza de 2014. Au cours de cette guerre, il a condamné sans relâche Israël pour avoir enfreint le principe de proportionnalité, il a établi une équivalence morale entre Israël et le Hamas, et il a même interrompu les fournitures d'armes à l'Etat juif. Cette attitude s'inscrit dans un schéma bien clair. Obama a constamment fermé les yeux sur les incitations à la violence et le terrorisme palestiniens, il est revenu sur les engagements de Bush conservant à Israël les principaux blocs d'implantations et permettant le tracé de frontières défendables. Enfin, il a menacé de retirer le veto US aux Nations unies, laissant au Conseil de Sécurité le champ libre pour appliquer des sanctions contre Israël. Il était par ailleurs méprisable de voir un Président américain humilier et dénigrer sans cesse le premier ministre d'Israël, alors qu'il rampait aux pieds des ayatollahs iraniens, avant de capituler.
L'immensité des efforts d'Obama, véritablement frénétiques, pour apaiser les ayatollahs malgré leurs appels répétés «Mort à l'Amérique !» se sont traduits par des attaques personnelles hystériques et des intimidations à l'endroit de tous ceux qui pressaient le Congrès de rejeter l'accord. Il a été particulièrement vicieux envers les opposants juifs, allant jusqu'à les accuser d'être des va-t-en-guerre, et donnant une nouvelle légitimité aux vieilles accusations de double allégeance, prisées dans le passé par les antisémites traditionnels.
Le sénateur Chuck Schumer, l'un des rares législateurs démocrates assez courageux pour s'opposer à Obama, a été accusé de double allégeance et soumis à des attaques antisémites venimeuses et sans précédent. L'hystérie d'Obama a même sidéré quelques-uns de ses soutiens démocrates qui lui ont conseillé la retenue et recommandé d'éviter d'utiliser «la haine antisémite» pour défendre ses positions.
Ce fut aussi un tournant pour les dirigeants juifs. Il est regrettable que jusqu'au mois dernier, à l'exception de l'Organisation Sioniste d'Amérique (ZOA) et de petits groupes, la grande majorité des organisations juives américaines en principe solidaires, soient demeurée silencieuses, dans la crainte de se confronter à Obama. Si elles avaient élevé la voix un an plus tôt, elles seraient aujourd'hui dans une position beaucoup plus forte. Israël étant confronté à une menace existentielle émanant d'un pays qui appelle à son annihilation, les principales organisations se sont finalement jointes à l'AIPAC pour exiger que le Congrès s'oppose à l'accord actuel. Parmi les exceptions, il y a le mouvement de la Réforme qui, pour sa grande honte, a refusé de prendre position.
Le pourcentage des Juifs américains opposés à l'accord à augmenté considérablement ces dernières semaines, quand ils se sont rendus compte de l'étendue de la trahison d'Obama et du recul de la position mondiale des États-Unis.
Mais il y a encore dans la communauté juive des éléments en vue qui soutiennent fermement la politique désastreuse d'Obama. On compte parmi eux, pour leur honte, de nombreux législateurs démocrates juifs. Leur comportement rappelle celui des dirigeants juifs sous la houlette du rabbin Stephen Wise en 1943. Ils s'évertuaient à apaiser le président Franklin Roosevelt au lieu d'exiger de lui une action pour sauver les Juifs au cours de la Shoah.
Les partisans juifs d'Obama se divisent en plusieurs groupes. Les idéologues extrémistes, que l'on peut considérer comme les successeurs de la gauche communiste aujourd'hui disparue, qui défendaient et mêmes applaudissaient les persécutions de Staline et ses massacres de Juifs. Ils étaient soutenu par des «compagnons de route» qui croyaient faire œuvre progressiste en soutenant l'Union soviétique. Dans la gauche d'aujourd'hui, leurs successeurs ferment les yeux devant la menace existentielle que pose à Israël la politique d'Obama.
Un autre groupe est constitué par des personnes de gauche bien intentionnées, qui s'en remettent aveuglément à Obama et au parti Démocrate. Ils sont psychologiquement incapables de moduler leur allégeance, même si l'avenir de l'État juif est compromis, même s'ils sont bien conscients que la grande majorité des Israéliens, favorables au gouvernement ou dans l'opposition, sont désespérément opposés à cet accord.
Par ailleurs, on assiste au retour de la déviation induite par le particularisme ou le nationalisme, qui dominait le mouvement de Réforme jusque dans les années 40. Il y a des groupes de rabbins qui, dans leur zèle pour afficher leur universalisme, ont créé une version tiède du judaïsme dans laquelle Israël est soit ignoré soit diabolisé. Le fondateur du mouvement Reconstuctionniste, Mordecai Kaplan, doit se retourner dans sa tombe devant l'attitude honteuse envers Israël affichée par nombre de ses disciples du XXIe siècle.
Plus important, il y a un nombre croissant de Juifs laïques sans aucun contact effectif avec la vie communautaire juive organisée, culturelle ou religieuse. Ils sont nombreux à avoir des épouses non-juives, identifiant inconsciemment le judaïsme avec la gauche. Ils soutiennent alors automatiquement le parti démocrate.
Cependant la vaste majorité des Juifs engagés, y compris les rabbins non orthodoxes non affiliés à J Sreet, a une certaine compréhension de la situation désastreuse du Moyen-Orient. Elle est désormais passionnément opposée à la capitulation d'Obama devant les Iraniens génocidaires. Les sondages indiquent que les deux tiers d'entre eux s'opposent à présent à l'accord avec l'Iran.
Où tout cela nous conduit-il? Les critiques juifs de Netanyahou l'accusent de persister à saper la relation israélo-américaine. Ils prédisent qu'Israël paiera cela chèrement dans l'avenir. Obama pourra utiliser la dernière année de son mandat pour prendre sa revanche. Rancunier, il cherchera à imposer à Israël des frontières non défendables et il l'abandonnera aux Nations unies. Cela pourrait bien arriver. Mais la haine d'Obama contre Netanyahou précédait le différend iranien. Elle sera encore active même si Israël abandonne son opposition. Grâce à Netanyahou pour l'essentiel, même si Obama réussit à mettre son veto sur le texte de refus du Congrès, l'opinion publique se sera retournée contre lui.
De fait, Netanyahou a fort probablement réussi à créer un climat dans lequel le successeur d'Obama, Démocrate ou Républicain, sera soumis à une pression croissante, l'incitant à s'opposer à l'hégémonie iranienne dans la région. Il cherchera à prévenir l'émergence d'un véritable État nucléaire.
Contrairement aux critiques de Netanyahou, dans le contexte d'un Président de moins en moins libre de son action à l'approche des élections, il se dessine une situation où Obama ne pourra pas appliquer son agenda anti-israélien. La campagne à venir reste donc extrêmement importante et un rejet de l'accord, même s'il est ensuite bloqué par le Président, pourrait servir à encourager l'administration suivante à faire marche arrière, à revoir les relations étrangères des États-Unis, et à ranimer la relation cruciale entre l'Amérique et Israël.
Titre original : Israel must keep confronting Obama
Auteur : Isi Leibler journliste et essayiste israélien
Première publication : Israel Hayom, le 25 août 2015
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
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