La rhétorique de Kerry à propos d'Israël rappelle singulièrement celle de Chamberlain envers la Tchécoslovaquie en 1938. Mais Chamberlain avait la pudeur d'être beaucoup plus modeste que le secrétaire d'Etat américain.
Titre original : Kerry’s Speech Tops Chamberlain’s Remarks
Auteur : Rick Richman
Première publication: le 03 septembre 2015 Commentary Magazine
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
Dans son discours [du 2 septembre] sur l'accord iranien, John Kerry a mentionné « Israël » et les « Israéliens » 26 fois. Il faisait état, de façon un peu excessive, de ses préoccupations pour un allié exposé à un risque existentiel suite à la cascade de concessions consenties par l'administration Obama.
L'analogie entre la rhétorique de Kerry et celle de Neville Chamberlain parlant en 1938 de l'accord de Munich devant le Parlement britannique est encore plus oppressante.
Voici ce qu'a dit Kerry d'Israël et ses paroles de conclusion :
Avec cet accord, le peuple d'Israël sera davantage en sécurité, et il en sera de même pour les peuples de la région.… L'Histoire pourra juger [l'accord iranien] comme un tournant, un épisode où ceux qui construisent la stabilité ont pris le dessus sur ceux qui détruisent l'espoir. Nous serons capables de montrer, comme les générations qui nous ont précédés, que si nous y mettons le meilleur de nous-mêmes et si nous insistons pour que d'autres adhèrent à des standards aussi élevés que les nôtres, si nous faisons cela, nous aurons le pouvoir immense de tracer les contours d'un monde plus sûr et plus humain. C'est de cela qu'il est question, et c'est ce que j'espère que nous ferons dans les jours à venir.
Au cours du débat sur l'accord de Munich, le discours de Chamberlain était nettement plus modeste que celui de Kerry. Il reconnaissait la pertinence des critiques qu'il avait essuyées pour avoir dit que l'accord annonçait « la paix de notre temps, » et il disait qu'il espérait que les membres du Parlement « ne tiendraient pas compte des termes utilisés dans un moment d'émotion, après une journée longue et épuisante, suivie par les acclamations d'une foule de gens excités et enthousiastes. J'espère qu'ils ne verront pas dans les termes employés plus de choses qu'ils n'étaient censés dire. » Il affirma qu'il savait bien que « la faiblesse des forces militaires signifie la faiblesse de la diplomatie » et qu'il avait un programme pour accélérer le réarmement de la Grande-Bretagne. Il décrivit ensuite les conséquences de l'accord pour la Tchécoslovaquie et ses espoirs pour l'avenir :
J'espère et je crois fermement, que sous le nouveau système de garanties, la nouvelle Tchécoslovaquie jouira de davantage de sécurité, plus qu'elle n'en a jamais eu dans le passé… Dès que j'ai commencé d'exercer mes fonctions actuelles, mon but principal a été de travailler sans répit à la pacification de l'Europe, à la fin de ces suspicions et de ces animosités qui empoisonnent l'atmosphère depuis si longtemps.… La question de la Tchécoslovaquie est le dernier et peut-être le plus dangereux [obstacle]. À présent, nous sommes parvenus à le surmonter et je pense qu'il doit être possible de faire de nouveaux progrès sur la voie du bon sens.
Au moins, Chamberlain n'en remettait pas une couche sur « les bâtisseurs de la stabilité » prenant l'avantage sur « les destructeurs de l'espoir. » Au moins, il ne s'auto complimentait pas en prétendant qu'Hitler adhérait désormais à ce qu'il y avait de mieux en lui. Au moins, il n'affirmait pas que sa volonté permettrait de « tracer les contours d'un monde plus sûr et plus humain. » Il avait la bonne grâce d'admettre que ses propos impromptus sur « la paix de notre temps » résultaient d'une journée trop longue et des acclamations de la foule.
Le président Obama et le secrétaire Kerry n'ont pas rencontré de foule en délire. Chamberlain fit ratifier son initiative par une majorité de 369 voix contre 150 au Parlement, tandis que l'accord avec l'Iran sera exécuté à l'encontre de la volonté d'une opposition bipartisane majoritaire à la Commission des affaires étrangères du Sénat et à la Commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants, au Sénat et à la Chambre dans leur globalité, et de la majorité du peuple américain telle qu'elle s'est exprimée dans de multiples sondages. Le président Obama va utiliser une minorité partisane pour court-circuiter les textes constitutionnels concernant les traités, des disposition initiées par les Pères fondateurs pour assurer que tout engagement pluriannuel d'importance ne peut être ratifié sans un consensus national exprimé par un vote des deux tiers du Sénat. Au même moment, son secrétaire d'État utilise dans des déclarations qui n'ont rien d'improvisé, une rhétorique qui aurait embarrassé Neville Chamberlain.
Auteur : Rick Richman
Première publication: le 03 septembre 2015 Commentary Magazine
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
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