Au moment ou l'hebdomadaire
Le Point publie un numéro hagiographique sur l'épouvantable régime iranien, il
est bon de donner la parole aux voisins arabes de l'Iran et d'entendre leur
effroi devant drame auqel le khomeynisme soumet la Région. NdT
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Ne vous y trompez pas. l'Iran
que nous connaissons depuis longtemps, un pays hostile, expansionniste et violent, est
vivant et en pleine santé.
Dimanche dernier, une année
s'est écoulée depuis l'annonce d'un accord-cadre pour le Plan d'Action
définitif Conjoint (*), l'accord nucléaire iranien. Le président
Obama déclarait alors que cet accord rendrait "le monde plus sûr." Et
il en a peut-être été ainsi, mais à court terme seulement, et pour ce qui
concerne la prolifération des armes nucléaires iraniennes seulement.
Malheureusement, en dépit de
tous les discours sur son changement, l'Iran que nous connaissons depuis
longtemps, hostile, expansionniste et violent, est vivant et en pleine santé.
Nous aurions souhaité qu'il en soit autrement. Les Émirats arabes Unis cherchent
les moyens de coexister avec l'Iran, ayant peut-être plus à gagner que tout
autre pays a une normalisation des relations avec Téhéran. La réduction des
tensions dans le Golfe arabique qui fait moins de 160 km de large permettrait
de restaurer pleinement les liens commerciaux, la coopération énergétique et les
échanges culturels; elle permettrait aussi d'entamer le processus de résolution
des différends territoriaux qui perdurent depuis 45 ans.
Cependant, depuis l'accord
nucléaire, l'Iran à redoublé ses gesticulations et ses provocations. En
octobre, en novembre et à nouveau au début du mois de mars, l'Iran a procédé à
des essais de missiles balistiques en violation des résolutions du Conseil de Sécurité
des Nations unies.
En décembre, l'Iran a tiré
des roquettes dangereusement proches d'un porte-avions américain dans le Détroit
d'Ormuz quelques semaines à peine après avoir capturé un groupe de marins
américains. En février, le ministre de la défense iranien s'est rendu à Moscou
pour acheter des avions de combat, des hélicoptères et une flotte aérienne pour
un montant de 8 milliards de dollars.
Au Yémen, où les
conversations font entrevoir de réelles promesses de paix, les interférences
perturbatrices de l'Iran ne font que s'aggraver. La semaine dernière, la marine
française a saisi une grande quantité d'armes en provenance d'Iran pour
soutenir la rébellion des Houthis contre le gouvernement légitime yéménite
soutenu par l'ONU. À la fin février, la marine australienne a intercepté à
proximité des côtes d'Oman un navire contenant des milliers de fusils AK- 47 et
des grenades autopropulsées. Et le mois dernier, un responsable militaire
iranien a dit que Téhéran était prêt à envoyer des "conseillers"
militaires pour aider les Houthis.
Les interférences ne se
limitent pas là. Depuis le début de l'année, Téhéran et ses commanditaires ont
multiplié leurs efforts pour fournir des engins explosifs susceptibles de
percer des blindages à des cellules localisées au Bahreïn et en Arabie
Saoudite. Un ancien général iranien, proche conseiller du Guide Suprême,
l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé à l'annexion intégrale du Bahreïn par
l'Iran. Et en Syrie, l'Iran continue de déployer les milices du Hezbollah et
ses Gardiens de la Révolution pour soutenir Bashar Assad.
Il y a là des rappels
indiscutables que l'Iran demeure le premier État sponsor du terrorisme, une
menace persistante pas seulement pour la Région mais aussi pour les États-Unis.
"Mort à l'Amérique" a toujours été davantage qu'un slogan lamentable
; c'était la politique iranienne. L'Iran a orchestré des attentats terroristes
innombrables contre les Américains : des casernes des Marines de Beyrouth aux
Tours Khobar en Arabie Saoudite. Au cours de la guerre de d'Afghanistan, l'Iran
donnait aux talibans 1000 $ pour tout Américain tué.
En Irak, l'Iran fournissait
des engins explosifs improvisés IED) qui ont tué ou blessé des milliers de
soldats américains. Et ces dernières semaines sept pirates informatiques
iranien ont été traduits devant un tribunal fédéral pour des cyber attaque
contre des banques et des infrastructures critiques des États-Unis.
Comme l'a dit Henry
Kissinger, l'Iran peut être soit un pays soit une cause. Aujourd'hui "l'Iran
en tant que cause" fait preuve de beaucoup moins de pragmatisme et de
modération dans ses politiques régionales et son comportement que lors des
négociations nucléaires. La semaine dernière, M. Khamenei a insisté sur le fait
que les missiles balistiques étaient la clé de l'avenir de la République
islamique. Il a affirmé que "ceux qui disent que l'avenir est dans les
négociations, pas dans les missiles, sont soit des ignorants soit des traîtres."
Il est bien clair à présent
qu'un an après la signature de l'accord-cadre, l'Iran n'y voyait que='une
occasion de développer les hostilités dans Région. Mais au lieu d'accepter
cette attitude en tant que réalité fâcheuse, la communauté internationale doit
intensifier son action en vue de contrôler les ambitions stratégiques de
l'Iran.
Il est temps de jeter une
lumière crue sur les actes d'hostilité initiés par l'Iran dans toute la Région.
Lors du sommet du Conseil de Coopération du Golfe à Ryad à la fin du mois, les
États-Unis, les Émirats arabes Unis, l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït,
Bahreïn et Oman doivent parvenir à un accord sur un mécanisme de contrôle
commun, de façon à démasquer et à mettre en échec les menées agressives de
l'Iran. Cet accord doit prévoir des mesures spécifiques pour mettre fin au
soutien aux rebelles Houthi du Yémen, aux unités du Hezbollah en Syrie et au
Liban, et aux cellules terroristes d'Arabie Saoudite et du Bahrein liées à
l'Iran.
Si la carotte du dialogue ne
marche pas, nous ne devons pas craindre d'utiliser le bâton. Les demi-mesures
prises récemment en réponse aux violations des obligations de l'Iran en matière
de missiles balistiques ne sont pas suffisantes. Si l'agression continue, les
États-Unis et la communauté internationale doivent faire savoir clairement que
l'Iran s'exposera à tout un éventail de sanctions et que des mesures
supplémentaires sont encore disponibles en application des résolutions de l'ONU
et de l'accord nucléaire lui-même.
Les activités de
déstabilisation de l'Iran dans la Région doivent cesser. Jusqu'alors, notre
espoir est que le nouvel Iran ne masque pas la réalité: nous sommes encore
principalement en présence de l'ancien Iran, aussi dangereux et perturbateur
qui a toujours été.
(*) JCPA ou Joint Comprehensive Plan
of Action
Titre original : One Year After the Iran Nuclear Deal
Date de première publication : 3 avril 2016
Auteur : Yousef Al
Otaiba, ambassadeur des Émirats arabes unis aux
États-Unis
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
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