vendredi 8 avril 2016

L'accord nucléaire iranien, un an après

Au moment ou l'hebdomadaire Le Point publie un numéro hagiographique sur l'épouvantable régime iranien, il est bon de donner la parole aux voisins arabes de l'Iran et d'entendre leur effroi devant drame auqel le khomeynisme soumet la Région. NdT

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Ne vous y trompez pas. l'Iran que nous connaissons depuis longtemps, un pays hostile, expansionniste et violent, est vivant et en pleine santé.

Dimanche dernier, une année s'est écoulée depuis l'annonce d'un accord-cadre pour le Plan d'Action définitif Conjoint (*), l'accord nucléaire iranien. Le président Obama déclarait alors que cet accord rendrait "le monde plus sûr." Et il en a peut-être été ainsi, mais à court terme seulement, et pour ce qui concerne la prolifération des armes nucléaires iraniennes seulement.

Malheureusement, en dépit de tous les discours sur son changement, l'Iran que nous connaissons depuis longtemps, hostile, expansionniste et violent, est vivant et en pleine santé. Nous aurions souhaité qu'il en soit autrement. Les Émirats arabes Unis cherchent les moyens de coexister avec l'Iran, ayant peut-être plus à gagner que tout autre pays a une normalisation des relations avec Téhéran. La réduction des tensions dans le Golfe arabique qui fait moins de 160 km de large permettrait de restaurer pleinement les liens commerciaux, la coopération énergétique et les échanges culturels; elle permettrait aussi d'entamer le processus de résolution des différends territoriaux qui perdurent depuis 45 ans.
Cependant, depuis l'accord nucléaire, l'Iran à redoublé ses gesticulations et ses provocations. En octobre, en novembre et à nouveau au début du mois de mars, l'Iran a procédé à des essais de missiles balistiques en violation des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies.

En décembre, l'Iran a tiré des roquettes dangereusement proches d'un porte-avions américain dans le Détroit d'Ormuz quelques semaines à peine après avoir capturé un groupe de marins américains. En février, le ministre de la défense iranien s'est rendu à Moscou pour acheter des avions de combat, des hélicoptères et une flotte aérienne pour un montant de 8 milliards de dollars.

Au Yémen, où les conversations font entrevoir de réelles promesses de paix, les interférences perturbatrices de l'Iran ne font que s'aggraver. La semaine dernière, la marine française a saisi une grande quantité d'armes en provenance d'Iran pour soutenir la rébellion des Houthis contre le gouvernement légitime yéménite soutenu par l'ONU. À la fin février, la marine australienne a intercepté à proximité des côtes d'Oman un navire contenant des milliers de fusils AK- 47 et des grenades autopropulsées. Et le mois dernier, un responsable militaire iranien a dit que Téhéran était prêt à envoyer des "conseillers" militaires pour aider les Houthis.

Les interférences ne se limitent pas là. Depuis le début de l'année, Téhéran et ses commanditaires ont multiplié leurs efforts pour fournir des engins explosifs susceptibles de percer des blindages à des cellules localisées au Bahreïn et en Arabie Saoudite. Un ancien général iranien, proche conseiller du Guide Suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé à l'annexion intégrale du Bahreïn par l'Iran. Et en Syrie, l'Iran continue de déployer les milices du Hezbollah et ses Gardiens de la Révolution pour soutenir Bashar Assad.

Il y a là des rappels indiscutables que l'Iran demeure le premier État sponsor du terrorisme, une menace persistante pas seulement pour la Région mais aussi pour les États-Unis. "Mort à l'Amérique" a toujours été davantage qu'un slogan lamentable ; c'était la politique iranienne. L'Iran a orchestré des attentats terroristes innombrables contre les Américains : des casernes des Marines de Beyrouth aux Tours Khobar en Arabie Saoudite. Au cours de la guerre de d'Afghanistan, l'Iran donnait aux talibans 1000 $ pour tout Américain tué.

En Irak, l'Iran fournissait des engins explosifs improvisés IED) qui ont tué ou blessé des milliers de soldats américains. Et ces dernières semaines sept pirates informatiques iranien ont été traduits devant un tribunal fédéral pour des cyber attaque contre des banques et des infrastructures critiques des États-Unis.

Comme l'a dit Henry Kissinger, l'Iran peut être soit un pays soit une cause. Aujourd'hui "l'Iran en tant que cause" fait preuve de beaucoup moins de pragmatisme et de modération dans ses politiques régionales et son comportement que lors des négociations nucléaires. La semaine dernière, M. Khamenei a insisté sur le fait que les missiles balistiques étaient la clé de l'avenir de la République islamique. Il a affirmé que "ceux qui disent que l'avenir est dans les négociations, pas dans les missiles, sont soit des ignorants soit des traîtres."

Il est bien clair à présent qu'un an après la signature de l'accord-cadre, l'Iran n'y voyait que='une occasion de développer les hostilités dans Région. Mais au lieu d'accepter cette attitude en tant que réalité fâcheuse, la communauté internationale doit intensifier son action en vue de contrôler les ambitions stratégiques de l'Iran.

Il est temps de jeter une lumière crue sur les actes d'hostilité initiés par l'Iran dans toute la Région. Lors du sommet du Conseil de Coopération du Golfe à Ryad à la fin du mois, les États-Unis, les Émirats arabes Unis, l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et Oman doivent parvenir à un accord sur un mécanisme de contrôle commun, de façon à démasquer et à mettre en échec les menées agressives de l'Iran. Cet accord doit prévoir des mesures spécifiques pour mettre fin au soutien aux rebelles Houthi du Yémen, aux unités du Hezbollah en Syrie et au Liban, et aux cellules terroristes d'Arabie Saoudite et du Bahrein liées à l'Iran.

Si la carotte du dialogue ne marche pas, nous ne devons pas craindre d'utiliser le bâton. Les demi-mesures prises récemment en réponse aux violations des obligations de l'Iran en matière de missiles balistiques ne sont pas suffisantes. Si l'agression continue, les États-Unis et la communauté internationale doivent faire savoir clairement que l'Iran s'exposera à tout un éventail de sanctions et que des mesures supplémentaires sont encore disponibles en application des résolutions de l'ONU et de l'accord nucléaire lui-même.

Les activités de déstabilisation de l'Iran dans la Région doivent cesser. Jusqu'alors, notre espoir est que le nouvel Iran ne masque pas la réalité: nous sommes encore principalement en présence de l'ancien Iran, aussi dangereux et perturbateur qui a toujours été.

 (*) JCPA ou Joint Comprehensive Plan of Action


Date de première publication : 3 avril 2016

Auteur : Yousef Al Otaiba, ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis

Traduction : Jean-Pierre Bensimon


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