dimanche 3 avril 2016

Les musulmans d'Europe haïssent l'Occident

Pour les intellectuels post-modernes, cela ne pouvait pas manquer, le comportement des auteurs des attentats de Bruxelles s'explique par les humiliations économiques et sociales que leur infligent les Occidentaux. Il y a des explications autrement plus pertinentes, qui renvoient à la conviction de nombre de jeunes musulmans que l'environnement infidèle doit s'incliner devant leur supériorité ethno-religieuse. (NdT)



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La première réaction des intellectuels post-modernes européens au massacre de Bruxelles était prévisible : qu'avons-nous fait, nous autres européens, à nos musulmans ? Comment des adeptes d'une religion si altière appelée "la religion de paix" ont-ils pu commettre de telles atrocités ?

Des gens comme Peter Vandermeersch, le rédacteur en chef belge du quotidien hollandais NRC-Handelsblad, et l'écrivain belge David Van Reybrouck, deux intellectuels accomplis, ont prétendu que la Belgique devait bien avoir fait quelque chose de terrible pour mériter cela. Leur ligne de pensée : la fureur des terroristes ne peut être qu'une réaction à la façon inhumaine dont ils sont traités par l'Occident.

Ainsi, nous nous condamnons nous-mêmes pour demeurer des parangons de vertu. Il est plus prudent de blâmer nos propres sociétés et leurs conditions socio-économiques que de blâmer la religion et les concepts culturels qui ont servi au lavage de cerveau des terroristes.

Selon ce qui se dit, le taux de chômage dans l'infâme banlieue bruxelloise de Molenbeek, à présent vue comme le vivier djihadiste de l'Europe, est de 30 %. C'est un taux relativement élevé en Europe occidentale mais qui n'est pas rare dans les pays du sud de l'Europe et dans le monde arabe. Il y a de la pauvreté à Molenbeek, mais c'est une pauvreté relative. Il n'y a pas de famine, pas de sans-abris, pas d'absence d'infrastructures médicales où d'écoles.

Si on le compare au niveau de vie moyen du Maroc ou de l'Égypte, celui de Molenbeek correspond au standard confortable des classes moyennes. Comme dans tous les pays de l'Europe occidentale, de nombreuses institutions et organismes belges offrent leur soutien aux familles en manque de logement, d'alimentation, d'éducation, ou de soins médicaux. Les chances de réussir, d'étudier et de devenir un membre respecté de la société sont sans comparaison avec celles existent dans les pays d'origine de nombreux immigrés. Pourtant, le ressentiment est profond dans les jeunes générations des familles immigrées d'origine marocaine.

Aux Pays-Bas, l'immigration en provenance du Maroc et de Turquie, est une réalité bien coûteuse pour le contribuable: les immigrés sont plus consommateurs des services de l'état providence que le citoyen moyen. Faute d'éducation de haut niveau, et vu le nombre insuffisant d'emplois non qualifiés, les immigrés absorbent davantage d'allocations sociales et d'indemnités de chômage que le citoyen moyen. En tant que groupe, ils reçoivent davantage d'argent qu'ils n'en payent sous forme d'impôts. Ils occupent une place plus importante dans les statistiques criminelles que ce que leur nombre justifierait. Il y a beaucoup de cas de réussite mais il y a aussi des tendances décevantes. La radicalisation par exemple. Et la situation en Belgique est encore pire.

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Nul ne peut nier que le chômage est plus élevé dans les communautés musulmanes immigrées que dans la population générale.

Il y a deux explications possibles.

La première se présente à peu près ainsi : le peuple belge est terriblement xénophobe et anti marocain, et il refuse à ses Marocains toute chance de réussir dans la vie. Mais si c'était le cas, on pourrait appliquer cette théorie à tous les pays d'Europe occidentale dans la mesure où les taux de chômage des Marocains et des immigrés musulmans en général sont remarquablement supérieurs à la moyenne dans tout le continent. Cela signifierait que la xénophobie européenne a atteint des niveaux insupportables. Pourquoi les musulmans choisissent-ils de rester dans des sociétés qui font preuve d'un irrespect aussi profond pour leurs populations immigrées ? Parce qu'ils réalisent que le citoyen au chômage dans une Europe de l'État-providence inventé par des infidèles, bénéficie d'une vie matérielle meilleure que celle d''un citoyen ayant un emploi dans un Maroc pieux ?
La vie en Belgique est particulièrement agréable et sûre pour les immigrés s'ils ont la volonté de s'intégrer dans leur nouvel environnement culturel.

L'idée que les Belges d'origine marocaine souffrent d'exclusion, de discrimination et de répression à grande échelle est ridicule, bien qu'elles paraissent encore parfaitement fondée pour les tenants du politiquement correct. La vie en Belgique est particulièrement agréable et sûre pour les immigrés s'ils ont la volonté de s'intégrer dans leur nouvel environnement culturel, s'ils acceptent d'agir en tant qu'individus, d'étudier avec passion et ouverture, et s'ils s'adaptent au système laïque occidental.

Il n'y a absolument aucune différence de statut socio-économique entre la jeunesse peu éduquée, issue de la population des cols bleus belges, et la jeunesse issue des populations musulmanes immigrées. Les uns et les autres doivent lutter pour surmonter les handicaps familiaux des bas niveaux socio-économiques. En Espagne, où le taux de chômage des jeunes a atteint 50 % et où l'État-providence est moins développé qu'en Belgique, les citoyens du pays ne se sont pas fait exploser dans les stations de métro.

Une autre explication des taux de chômage élevés des musulmans en Europe n'a rien à voir avec l'exclusion et la discrimination. Un large segment de la population immigrée s'en tire correctement mais un nombre significatif, pas moins de 50 % selon certains, ne se sont pas débarrassé des schémas mentaux et culturels acquis dans leur pays d'origine relevant de la catégorie des "pays en développement". Le refus de l'égalité des droits aux femmes, l'absence de séparation entre l'église et l'État, un bas niveau d'éducation, une religiosité excessive, un machisme patriarcal, c'est tout cela qui s'affiche là où il y a un pourcentage élevé d'immigrés, comme à Molenbeek.
Presque 60 % des musulmans européens refusent d'avoir pour amis des homosexuels et 45 % d'entre eux pensent qu'on doit se défier des Juifs. Plus de la moitié croient que l'Occident veut détruire l'islam.

En décembre 2013, le professeur Ruud Koopmans du Centre berlinois de Sciences sociales à publié une étude sur "le fondamentalisme et l'hostilité envers les étrangers," où il compare l'hostilité manifestée par les immigrés musulmans à celle des chrétiens natifs d'Europe occidentale. Il écrit : "presque 60 % des musulmans pensent qu'il faut revenir aux racines de l'islam, 75 % pensent qu'il n'y a une seule interprétation du Coran possible que tout musulman doit adopter, et 65 % disent que pour eux la loi religieuse est plus importante que la loi du pays où ils vivent." En regard, il conclut que dans le cas des citoyens chrétiens : "moins de 4 % peuvent être considérés comme des fondamentalistes avérés."

En ce qui concerne la haine des Juifs et des homosexuels dans la population musulmane de l'Europe, Koopmans observe : "Presque 60 % des musulmans européens refusent d'avoir pour amis des homosexuels et 45 % d'entre eux pensent qu'on doit se défier des Juifs. Si environ un cinquième des natifs peuvent être considérés comme islamophobes, le rejet de l'Occident chez les musulmans- pour lequel il n'y a, assez bizarrement, pas qualificatif : on pourrait l'appeler l'occidentalophobie, - est encore plus élevé, 54 % d'entre eux croyant que l'Occident veut détruire l'islam." Le taux de chrétiens qui haïssent les musulmans s'établit à environ 10 %.
Qu'est-ce que "nous" "leur" avons fait ? Nous leur avons ouvert nos villes, nos maisons, notre portefeuille.

"L'occidentalophobie" est un terme intéressant. Il exprime le refus d'accepter les concepts essentiels de la vie en Occident. Des hommes jeunes, à l'image des auteurs des attentats de Bruxelles, refusent les codes de la société belge. Ils ont été élevés dans l'idée que leur éthique religieuse est supérieure à l'éthique des infidèles (quasiment inexistante à leurs yeux dans tous les cas). Leur statut socio-économique de second rang est donc un affront humiliant et une indignité auxquels il est urgent de mettre fin.

L'intégration musulmane dans les sociétés européennes est réussie quand les musulmans sont prêts à abandonner les schémas mentaux de leur pays d'origine, des pays qu'ils quittent il ne faut pas l'oublier, à la recherche d'une vie meilleure. Tant qu'ils refuseront de s'adapter à la mentalité européenne, ils perpétueront le ressentiment et une culture de la violence.

Que "leur" avons " nous" fait ? Nous leur avons ouvert nos villes, nos maisons, notre portefeuille. Et dans les temples laïques de notre progrès, nos stations de métro, nos aéroport et nos théâtres, leurs fils se suicident et ils emmènent nos fils et nos filles avec eux. Nous n'avons pas à nous excuser de quoi sur ce soit. "L'occidentalophobie" prend sa source dans la communauté musulmane. Nous avons le devoir de lui demander d'y mettre un terme.


Date de première publication : 29 mars 2016 dans Politico

Auteur : Leon De Winter, écrivain et journaliste hollandais


Traduction : Jean-Pierre Bensimon

1 commentaire:

  1. Merci d'avoir traduit ce texte.
    Comment se fait-il que l'auto-flagellation, l'auto-culpabilisation soit la seule analyse de ceux qui gouvernent en Belgique, et plus généralement en Europe ??
    Cette culture de l'excuse a décidement la vie dure.

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