Pour les intellectuels post-modernes, cela ne pouvait pas manquer, le comportement des auteurs des attentats de Bruxelles s'explique par les humiliations économiques et sociales que leur infligent les Occidentaux. Il y a des explications autrement plus pertinentes, qui renvoient à la conviction de nombre de jeunes musulmans que l'environnement infidèle doit s'incliner devant leur supériorité ethno-religieuse. (NdT)
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La première réaction des
intellectuels post-modernes européens au massacre de Bruxelles était prévisible
: qu'avons-nous fait, nous autres européens, à nos musulmans ? Comment des
adeptes d'une religion si altière appelée "la religion de paix"
ont-ils pu commettre de telles atrocités ?
Des gens comme Peter Vandermeersch, le rédacteur en chef belge du quotidien hollandais NRC-Handelsblad, et l'écrivain belge David
Van Reybrouck, deux intellectuels accomplis, ont prétendu que la Belgique
devait bien avoir fait quelque chose de terrible pour mériter cela. Leur ligne
de pensée : la fureur des terroristes ne peut être qu'une réaction à la façon
inhumaine dont ils sont traités par l'Occident.
Ainsi, nous nous condamnons
nous-mêmes pour demeurer des parangons de vertu. Il est plus prudent de blâmer
nos propres sociétés et leurs conditions socio-économiques que de blâmer la
religion et les concepts culturels qui ont servi au lavage de cerveau des
terroristes.
Selon ce qui se dit, le taux
de chômage dans l'infâme banlieue bruxelloise de Molenbeek, à présent vue comme
le vivier djihadiste de l'Europe, est de 30 %. C'est un taux relativement élevé
en Europe occidentale mais qui n'est pas rare dans les pays du sud de
l'Europe et dans le monde arabe. Il y a de la pauvreté à Molenbeek, mais c'est
une pauvreté relative. Il n'y a pas de famine, pas de sans-abris, pas d'absence
d'infrastructures médicales où d'écoles.
Si on le compare au niveau
de vie moyen du Maroc ou de l'Égypte, celui de Molenbeek correspond au standard
confortable des classes moyennes. Comme dans tous les pays de l'Europe
occidentale, de nombreuses institutions et organismes belges offrent leur
soutien aux familles en manque de logement, d'alimentation, d'éducation, ou de
soins médicaux. Les chances de réussir, d'étudier et de devenir un membre
respecté de la société sont sans comparaison avec celles existent dans les pays
d'origine de nombreux immigrés. Pourtant, le ressentiment est profond dans les
jeunes générations des familles immigrées d'origine marocaine.
Aux Pays-Bas, l'immigration en
provenance du Maroc et de Turquie, est une réalité bien coûteuse pour le
contribuable: les immigrés sont plus consommateurs des services de l'état providence que le citoyen moyen. Faute
d'éducation de haut niveau, et vu le nombre insuffisant d'emplois non
qualifiés, les immigrés absorbent davantage d'allocations sociales et
d'indemnités de chômage que le citoyen moyen. En tant que groupe, ils reçoivent
davantage d'argent qu'ils n'en payent sous forme d'impôts. Ils occupent une
place plus importante dans les statistiques criminelles que ce que leur nombre
justifierait. Il y a beaucoup de cas de réussite mais il y a aussi des
tendances décevantes. La radicalisation par exemple. Et la situation en
Belgique est encore pire.
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Nul ne peut nier que le
chômage est plus élevé dans les communautés musulmanes immigrées que dans la
population générale.
Il y a deux explications
possibles.
La première se présente à
peu près ainsi : le peuple belge est terriblement xénophobe et anti marocain,
et il refuse à ses Marocains toute chance de réussir dans la vie. Mais si
c'était le cas, on pourrait appliquer cette théorie à tous les pays d'Europe
occidentale dans la mesure où les taux de chômage des Marocains et des immigrés
musulmans en général sont remarquablement supérieurs à la moyenne dans tout le
continent. Cela signifierait que la xénophobie européenne a atteint des niveaux
insupportables. Pourquoi les musulmans choisissent-ils de rester dans des
sociétés qui font preuve d'un irrespect aussi profond pour leurs populations
immigrées ? Parce qu'ils réalisent que le citoyen au chômage dans une
Europe de l'État-providence inventé par des infidèles, bénéficie d'une vie
matérielle meilleure que celle d''un citoyen ayant un emploi dans un Maroc
pieux ?
La vie en Belgique est particulièrement agréable et sûre pour les immigrés s'ils ont la volonté de s'intégrer dans leur nouvel environnement culturel.
L'idée que les Belges
d'origine marocaine souffrent d'exclusion, de discrimination et de répression à
grande échelle est ridicule, bien qu'elles paraissent encore parfaitement
fondée pour les tenants du politiquement correct. La vie en Belgique est
particulièrement agréable et sûre pour les immigrés s'ils ont la volonté de
s'intégrer dans leur nouvel environnement culturel, s'ils acceptent d'agir en
tant qu'individus, d'étudier avec passion et ouverture, et s'ils s'adaptent au
système laïque occidental.
Il n'y a absolument aucune
différence de statut socio-économique entre la jeunesse peu éduquée, issue de
la population des cols bleus belges, et la jeunesse issue des populations
musulmanes immigrées. Les uns et les autres doivent lutter pour surmonter les handicaps
familiaux des bas niveaux socio-économiques. En Espagne, où le taux de chômage
des jeunes a atteint 50 % et où l'État-providence est moins développé qu'en
Belgique, les citoyens du pays ne se sont pas fait exploser dans les stations de
métro.
Une autre explication des
taux de chômage élevés des musulmans en Europe n'a rien à voir avec l'exclusion
et la discrimination. Un large segment de la population immigrée s'en tire
correctement mais un nombre significatif, pas moins de 50 % selon certains, ne
se sont pas débarrassé des schémas mentaux et culturels acquis dans leur pays
d'origine relevant de la catégorie des "pays en développement". Le
refus de l'égalité des droits aux femmes, l'absence de séparation entre l'église et l'État, un bas niveau
d'éducation, une religiosité excessive, un machisme patriarcal, c'est tout cela
qui s'affiche là où il y a un pourcentage élevé d'immigrés, comme à Molenbeek.
Presque 60 % des musulmans européens refusent d'avoir pour amis des homosexuels et 45 % d'entre eux pensent qu'on doit se défier des Juifs. Plus de la moitié croient que l'Occident veut détruire l'islam.
En décembre 2013, le
professeur Ruud Koopmans du Centre berlinois de
Sciences sociales à publié une étude sur "le fondamentalisme et
l'hostilité envers les étrangers," où il compare l'hostilité manifestée
par les immigrés musulmans à celle des chrétiens natifs d'Europe occidentale.
Il écrit : "presque 60 % des musulmans pensent qu'il faut revenir aux
racines de l'islam, 75 % pensent qu'il n'y a une seule interprétation du Coran
possible que tout
musulman doit adopter, et 65 % disent que pour eux la loi religieuse est plus
importante que la loi du pays où ils vivent." En regard, il conclut que
dans le cas des citoyens chrétiens : "moins de 4 % peuvent être considérés
comme des fondamentalistes avérés."
En ce qui concerne la haine
des Juifs et des homosexuels dans la population musulmane de l'Europe, Koopmans
observe : "Presque 60 % des musulmans européens refusent d'avoir pour amis
des homosexuels et 45 % d'entre eux pensent qu'on doit se défier des Juifs. Si
environ un cinquième des natifs peuvent être considérés comme islamophobes, le
rejet de l'Occident chez les musulmans- pour lequel il n'y a, assez bizarrement, pas qualificatif : on pourrait l'appeler l'occidentalophobie, - est encore
plus élevé, 54 % d'entre eux croyant que l'Occident veut détruire l'islam."
Le taux de chrétiens qui haïssent les musulmans s'établit à environ 10 %.
Qu'est-ce que "nous" "leur" avons fait ? Nous leur avons ouvert nos villes, nos maisons, notre portefeuille.
"L'occidentalophobie" est
un terme intéressant. Il exprime le refus d'accepter les concepts essentiels de
la vie en Occident. Des hommes jeunes, à l'image des auteurs des attentats de
Bruxelles, refusent les codes de la société belge. Ils ont été élevés dans
l'idée que leur éthique religieuse est supérieure à l'éthique des infidèles
(quasiment inexistante à leurs yeux dans tous les cas). Leur statut
socio-économique de second rang est donc un affront humiliant et une indignité
auxquels il est urgent de mettre fin.
L'intégration musulmane dans
les sociétés européennes est réussie quand les musulmans sont prêts à
abandonner les schémas mentaux de leur pays d'origine, des pays qu'ils quittent
il ne faut pas l'oublier, à la recherche d'une vie meilleure. Tant qu'ils
refuseront de s'adapter à la mentalité européenne, ils perpétueront le
ressentiment et une culture de la violence.
Que "leur" avons
" nous" fait ? Nous leur avons ouvert nos villes, nos maisons, notre
portefeuille. Et dans les temples laïques de notre progrès, nos stations de
métro, nos aéroport et nos théâtres, leurs fils se suicident et ils emmènent nos
fils et nos filles avec eux. Nous n'avons pas à nous excuser de quoi sur ce
soit. "L'occidentalophobie" prend sa source dans la communauté
musulmane. Nous avons le devoir de lui demander d'y mettre un terme.
Titre
original : Europe’s Muslims hate the West
Date de première publication : 29 mars 2016 dans Politico
Auteur : Leon De Winter, écrivain et journaliste hollandais
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
Merci d'avoir traduit ce texte.
RépondreSupprimerComment se fait-il que l'auto-flagellation, l'auto-culpabilisation soit la seule analyse de ceux qui gouvernent en Belgique, et plus généralement en Europe ??
Cette culture de l'excuse a décidement la vie dure.