mercredi 28 septembre 2016

Obama va-t-il de se lancer dans une nouvelle épreuve de force avec Israël ?

Cet article publié l'an dernier, illustre parfaitement la position toujours sinueuse de l'administration Obama sur l'opportunité de mettre un véto sur une résolution du Conseil de Sécurité établissant un État palestinien (NdT)


Les concessions que le Président Obama est en train de faire à l'Iran n'ont pas seulement alarmé la droite en Israël, mais aussi la gauche. Elles ont contraint les Démocrates pro-israéliens à choisir entre la loyauté envers le Président et un soutien résolu à l'État juif. La précédente secrétaire d'État, Hillary Clinton, a même prévenu : "Il nous faut travailler tous ensemble pour revenir à la relation spéciale entre Israël et l'Amérique dans une perspective constructive, et nous retrouver sur les problèmes et les intérêts de base en commun."

Mais il semble que le Président s'apprête à prendre une autre direction, celle consistant à ouvrir un second conflit avec Israël sur un sujet d'intérêt vital.  Selon Bloomberg  News  "l'Administration a fait savoir qu'elle pourrait abandonner la politique traditionnelle des États-Unis de protection d'Israël à l'ONU en soutenant une résolution [française] au Conseil de sécurité. Celle-ci poserait les termes d'une solution à deux États…" Robert Malley, le directeur du Moyen-Orient du Conseil national de sécurité du Président Barak Obama, a fait savoir à au moins une nation européenne "que l'Administration soutiendrait une résolution définissant les paramètres d'un accord de paix au Moyen-Orient." Cette information provient d'un rapport sur un entretien en tête-à-tête envoyé à ses supérieurs par un diplomate européen en poste à Washington .… consulté par Bloomberg News.

Laurent Fabius, l'ancien ministre des affaires étrangères français, a dit que le but de cette résolution de l'ONU "est d'exercer des pressions au nom de la communauté internationale" pour dicter "des paramètres clairs" pour ouvrir des négociations à achever dans les 24 mois. Selon le projet de résolution français qui a circulé en novembre, il reviendrait au Conseil de sécurité de l'ONU de "décider" des paramètres de "la solution négociée." Selon ce projet, dorénavant, les négociations devront prévoir "une implication étroite des principales parties prenantes aux côtés des parties en négociation" pour poursuivre les pressions au cours des négociations bilatérales.

Cette résolution serait un triomphe pour ceux qui désirent depuis longtemps que les grandes puissances dictent l'avenir d'Israël, comme le demande la Ligue Arabe depuis la création de cet État. Le peuple juif est revenu dans son foyer ancestral. Il est désormais maître des décisions sur son propre destin et ne saurait être soumis à des volontés étrangères.

La résolution stipule que le pouvoir de décision et les initiatives reviennent à un forum dont Israël n'est même pas membre. Cette entité a été judicieusement décrite par l'ambassadrice américaine Jeanne Kirkpatrick, il y a trois décennies. "Le Conseil de sécurité ressemble davantage à un ring de boxe qu'à un espace où l'on débat politiquement et où l'on tente de résoudre un problème… Israël est assigné à la place du méchant… dans un mélodrame… où l'on met en scène…de nombreux agresseurs avec force de violence verbale… Le but est d'isoler et d'humilier la victime."

Imposer des solutions par le truchement d'une résolution entre aussi en contradiction avec les principes énoncés par l'administration Obama elle-même, le 18 février 2011, L'ambassadrice aux Nations Unies, Susan Rice, (qui préside à présent le Conseil national de sécurité du Président) disait:"Il n'est pas judicieux que ce Conseil tente de résoudre les questions fondamentales qui divisent les Israéliens et les Palestiniens… Le seul moyen d'atteindre des résultats en commun, c' est de passer par des négociations directes entre les parties… C'est le conflit des Israéliens et des Palestiniens, et si l'on est étranger, même bien intentionné, on ne peut pas le résoudre." Une résolution du Conseil de sécurité risque de durcir les positions des deux côtés. Elle peut amener les parties à déserter les négociations. Dans le cas où elles reprendraient, les parties reviendraient au Conseil de sécurité au premier blocage." 

Les termes particuliers du projet français de résolution la rendent très coûteuse. "Un retrait total des forces de sécurité israélienne assorti d'un calendrier," est exigé, sans référence au droit d'Israël à des frontières sures qui était garanti auparavant par la résolution 242 de 1967. Selon ce projet de résolution, la règle cardinale est que "les arrangements de sécurité doivent respecter la souveraineté… de la Palestine" pour demeurer "dans le cadre établi par la résolution."

La plupart des Israéliens pensent que, dans les conditions actuelles, l'évacuation totale de l'armée israélienne de la Bande occidentale [Cisjordanie] conduirait rapidement à une prise de contrôle du Hamas. Celui-ci reçoit des armes de l'Iran pour supplanter l'Autorité palestinienne. Selon, le général Yaacov Amidror, le conseiller national de sécurité du premier ministre Netanyahou jusqu'en novembre 2013, sans la présence de l'armée israélienne, l'Autorité palestinienne "ne pourrait pas survivre, ne fusse que 10 minutes."

M. Abbas, directement confronté à un complot dans la Bande occidentale en août 2014, à l'initiative de Khaled Meshaal, le chef du Hamas, déclara: "Vous introduisez en contrebande des armes, des explosifs et des dollars dans la Bande occidentale, non pas pour combattre Israël, mais pour renverser l'Autorité palestinienne… Mes services de sécurité en ont la preuve."  M. Abbas affirmait que l'armée israélienne "avait arrêté 93 membres du Hamas qui étaient en train de préparer un coup d'État contre l'Autorité palestinienne." En juin 2007, M. Abbas, accusa le Hamas d'avoir tenté de l'assassiner, le condamnant publiquement comme groupe de "terroristes meurtriers" et "une bande de comploteurs.

L'apparition d'un État du Hamas dans la Bande occidentale, ou l'effondrement de l'Autorité centrale suivi d'une guerre civile, constitueraient un désastre pour Israël. Une Bande occidentale fourmillant de roquettes, de missiles, et de kamikazes apporteraient la guerre dans une zone proche du cœur d'Israël. Avec Jérusalem devenue "capitale commune de deux États" comme le demande la résolution, il n'y aurait plus aucun obstacle à l'infiltration de terroristes en Israël.

Le Hamas convoite la Bande occidentale parce qu'il sait que sa proximité des centres vitaux d'Israël en fait un terrain de lancement d'attaques d'Israël beaucoup plus efficace que les tirs en provenance de Gaza. En septembre 2014, Mahmoud Al-Zahar, le fondateur du Hamas, a dit que son mouvement devait "transférer tout ses moyens ou même une petite partie dans la Bande occidentale. Nous serions capables de lancer la bataille pour la promesse finale avec une vitesse que personne ne peut imaginer." Dans un autre discours, il affirmait: "S'il y avait dans la Bande occidentale seulement le quart des moyens de résistance de Gaza, l'entité israélienne expirerait en un jour… Peut-on imaginer ce qu'il arriverait si l'ennemi était frappé à partir de la Bande occidentale… ? "

Dans la réalité du Moyen-Orient, il est impossible de concevoir des arrangements de sécurité capables de protéger le peuple d'Israël sans des restrictions de souveraineté de l'État palestinien dans la Bande occidentale, ce qui est proscrit par le projet de résolution. Même les paramètres Clinton de l'époque de Camp David en 2000, stipulaient par exemple qu'Israël maintiendrait des avant-postes dans la Bande occidentale et aurait accès à son espace aérien pour ses besoins opérationnels.

Au-delà des questions de sécurité, le projet français de résolution à l'ONU prétend que le peuple d'Israël n'a pas le droit d'être sur la terre de ses pères fondateurs. Il stipule que les communautés israélienne situées au-delà de la ligne d'armistice de 1949 (qui n'a jamais été reconnue comme frontière légale), celles qui résident dans la partie Est de Jérusalem et à proximité du Tombeau des Patriarches à Hébron, ainsi que celles de la grande banlieue de Jérusalem à Maale Adumim, "n'ont aucune valeur légale."

D'un seul coup, les Nations unies priveraient de la propriété de leur maison, 41 % de Juifs vivant à Jérusalem dans des banlieues comme Ramot, Ramat Shlomo, Neve Yaakov, Pisgat Ze'ev, Talpiot Est, Har Homa et Gilo. Georges Mitchell, l'envoyé d'Obama au Moyen-Orient a dit : "les Israéliens ne cessent pas… les constructions à Jérusalem Est. Pour les Israéliens ce qu'ils sont en train de construire fait partie d'Israël… Vous pouvez toujours échanger des arguments pendant les 14 prochaines années sur les questions de légalité, ou bien essayer de lancer une négociation pour résoudre ces questions de façon à répondre aux aspirations des deux sociétés."

Si M. Obama s'écarte de cette voie en soutenant la résolution du Conseil de sécurité si profondément injurieuse pour Israël, nous allons tous nous retrouver dans une situation encore plus agitée que celle des derniers mois. Dans les 40 années qui ont suivi le premier veto posé par le président Richard Nixon pour défendre Israël, le 10 septembre 1972, tous les présidents américains ont utilisé leur droit de veto pour bloquer les résolutions anti-israéliennes au Conseil de Sécurité de l'ONU. Huit présidents ont apposé 42 vetos pour défendre Israël. (Même Jimmy Carter a mis son veto une fois, mais il a voté une autre fois.) Si M. Obama rompt avec cette tradition, il aura propulsé le conflit avec Israël sur des sommets jamais atteints.

Une dizaine de Démocrates éminents de la Chambre des représentants, tous juifs, ont demandé à l'adjoint du Conseil national de sécurité, Ben Rhodes, de faire en sorte qu'Obama cesse d'agir comme si Israël seul ralentissait le processus de paix, sans qu'il y ait une parole critique pour le président palestinien Mahmoud Abbas. L'un d'entre eux a dit : "vous nous demandez de dire que l'Administration a soutenu Israël [dans les négociations avec l'Iran]. Pourquoi nous demandez-vous de dire des choses pareilles alors que notre électorat croit que l'Administration est en train de donner un coup de poignard dans le dos d'Israël ? "

Jusqu'à maintenant, M. Obama semble prendre plaisir au conflit avec Israël, tout en se rapprochant de l'Iran. Un nouveau conflit à l'ONU serait une nouvelle étape dans cette ligne de conduite.


Auteur : Steven J. Rosen, directeur de The Washington Project au Middle East Forum

Première publication : le 27 avril 2015 The Washington Times 

Traduction : Jean-Pierre Bensimon


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