vendredi 3 novembre 2017

L’Amérique est la risée

Le constat est patent. L'Amérique de Trump reproduit la politique d'Obama au Moyen-Orient. Non seulement les propos véhéments envers les mollahs ne dépassent pas le stade de la rhétorique, mais de fait, les Etats-Unis continuent de déblayer le terrain pour le compte de la terrible hégémonie iranienne. Ils continuent d'apaiser jusqu'au ridicule les chiites aussi bien que les sunnites, plongés dans la confusion. La faiblesse américaine sous Obama s'est matérialisée en Europe par l'essor du djihadisme, c'est-à-dire la multiplication des attentats odieux, le plus souvent commis par des populations autochtones. En lâchant la bride aux ayatollahs, en s'effaçant, Obama  a permis à l'affrontement chiites/sunnites d'enflammer la Syrie et l'Irak, et en conséquence l'Europe. La ligne de feu et de sang passe désormais au cœur de l'Europe. Faute de vision, faute d'autorité, faute de détermination, Trump revisite les impasses d'Obama. Jusqu'à quel point l'Europe sera-t-elle capable de résister à l'onde de choc inévitable sur son sol ? (NdT)
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Un an s’est écoulé depuis la victoire électorale remarquable de Donald Trump, il est temps d'essayer quelque chose de nouveau.

Les États-Unis ont un problème de crédibilité. En clair, à part Israël, personne au Moyen-Orient ne semble prendre les prendre au sérieux.

Commençons par les Palestiniens.

Suite à l'accord d'unité conclu le mois dernier entre le Fatah soutenu par les Etats-Unis et le Hamas soutenu par l'Iran, l'envoyé spécial du Président américain, Jason Greenblatt, a déclaré: "Tout gouvernement palestinien doit s'engager sans ambiguïté et explicitement à la non-violence, reconnaître l'Etat d'Israël, accepter les accords et obligations antérieurs entre les parties - y compris le désarmement des terroristes - et s'engager dans des négociations pacifiques. "

Mercredi, la mise en œuvre de l'accord d'unité a passé son premier test.

Le Hamas a permis à l'Autorité palestinienne, financée par les Etats-Unis et contrôlée par le Fatah, de prendre en charge les terminaux frontaliers entre Gaza, Israël et l'Egypte. En échange, l'Autorité palestinienne a repris ses versements mensuels au Hamas, alimentés par les contribuables américains à hauteur d’environ 500 millions de dollars annuels.

La déclaration de Greenblatt a été lourdement moquée par les dirigeants du Fatah. Ils ont dépensé la majeure partie du mois dernier à lancer des attaques contre la Grande-Bretagne coupable d’avoir publié il y a cent ans, la Déclaration Balfour qui a facilité l’apparition d'un Etat juif en Terre d'Israël.

Il est clair que la faction du Fatah qualifiée de "modérée" par les Etats-Unis n'est pas disposée à reconnaître Israël. Quant aux terroristes du Hamas, ils ont aussi craché au visage de Greenblatt.

Alors que des hommes armés de ce groupe autorisaient le personnel du Fatah à se rendre dans les terminaux frontaliers entre Gaza, Israël et l'Egypte, au Liban, sa haute direction prêtait allégeance au régime iranien et s’engageait à poursuivre l’objectif de destruction d'Israël.

Salah al-Arouri, le chef adjoint du Hamas, étreignait le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le remerciait de lui avoir assuré le soutien iranien.

Arouri habite à Beyrouth, dans le quartier Dahia, le bastion du Hezbollah.

Tandis qu'Arouri pressait Nasrallah sur son cœur, son patron, le chef du Hamas Ismail Haniyeh, prononçait un discours à proximité lors d'une conférence.

Il expliqua que l'accord avec le Fatah n'était qu'un moyen au service de l'objectif de destruction d’Israël. Le Hamas, dit-il, ne cédera jamais "même une poignée de terre de Palestine" et ne reconnaîtra jamais Israël.

Le Hamas et le Fatah ont raison de mépriser les Etats-Unis. Comme les événements de cette semaine l’ont prouvé une fois de plus. Quoique fassent, ces deux groupes, les Américains ne repenseront pas leur soutien à l'OLP et à ceux qui partagent sa couche.

En faisant référence aux pressions des Etats-Unis, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a décidé mardi de reporter indéfiniment le projet de loi du gouvernement soumis à la Knesset pour étendre les frontières de Jérusalem à quelques communautés situées au-delà des lignes d'armistice de 1949. Israël, a-t-il expliqué, n'a aucun intérêt à se mettre en travers des Américains juste avant qu’ils ne présentent leur plan de paix.

Ainsi, au moment où le Hamas et le Fatah appliquent leur accord d'unité, se rapprochent de l'Iran, et réaffirment leur engagement de détruire Israël, Netanyahou redoute que les Américains ne se fâchent contre son gouvernement s'il osait avancer un plan pour renforcer le contrôle d'Israël sur un espace auquel aucun gouvernement israélien ne renoncera jamais.

Aussi fâcheuse que soit la position des Etats-Unis vis-à-vis des Palestiniens, elle est encore plus déplorable en Irak.

Israël mène ses propres guerres. Plus de 4.400 militaires américains sont morts au combat en Irak. Près de 32.000 ont été blessés. Et aujourd'hui, l'Irak est plus dangereux pour les Etats-Unis et leurs alliés qu'il ne l’était en 2003, au moment de l’invasion de ce pays par la coalition et du renversement du régime baassiste meurtrier de Saddam Hussein.

En 2003, l'armée irakienne était l'ombre d’elle-même. Soumise au régime de sanctions de l'ONU, elle manquait de formation et de matériel. Son hostilité envers l’Iran était implacable.

Aujourd'hui, grâce aux Etats-Unis, l'armée irakienne est bien entraînée et bien équipée, elle est munie d’armes de technologie avancée. Et par la grâce de l'ancien président Barack Obama, cette armée irakienne, bien armée et bien entraînée, est contrôlée par l'Iran.

Tant et si bien qu’elle constitue pour les Etats-Unis, pour les alliés des Etats-Unis, et pour la région, une menace qui dépasse de loin celle de Saddam en 2003.

Le fait même que le gouvernement et l'armée irakienne, qui doivent leur existence aux Etats-Unis, soient prêts à collaborer avec l'Iran, est une preuve que l’Oncle Sam est perçu au mieux comme un tigre de papier.

Deux histoires rapportées ces derniers jours montrent à quel point leur mépris pour l'Amérique dépasse les bornes.

Mardi, le Parlement irakien a adopté à l'unanimité une loi enjoignant à la police d’ouvrir des enquêtes criminelles sur "quiconque affiche des symboles sionistes dans les rassemblements publics, par exemple un drapeau sioniste".

Le bloc parlementaire du Conseil islamique chiite suprême, contrôlé par l'Iran, est à l’origine de cette mesure.

14 ans après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis dans le but de promouvoir la liberté dans un l'Etat qui n'avait jamais connu que la tyrannie, la nouvelle loi donne officiellement  le statut de crime à toute manifestation de soutien à Israël.

Pour les Américains la haine des Juifs en Irak n’est pas très dérangeante. Récemment, l'administration Trump a fait savoir  qu'elle s’alignait sur la promesse d'Obama de rendre les archives de la communauté juive d'Irak au gouvernement irakien. Peu importe au Département d'Etat que ces documents aient été volés aux Juifs irakiens par des agents du régime qui les a forcés à fuir le pays, mettant fin à 2600 ans de présence juive continue dans ce pays.

La nouvelle loi anti-drapeau israélien était dirigée contre les Kurdes, les seuls alliés fiables des Etats-Unis en Irak.

Des liens chaleureux ont été tissés de longue date entre les Kurdes et Israël. C’est le seul Etat qui a soutenu ouvertement l'indépendance kurde et le référendum sur l'indépendance que 91% d’entre eux ont approuvée en septembre. 

Aussi les Kurdes ne dissimulent pas leur amour pour l’allié le plus puissant de l’Amérique au Moyen-Orient.

Le drapeau d'Israël figurait en bonne place dans les manifestations pro-indépendantistes à travers le Kurdistan irakien.

Les Kurdes sont maintenant la cible du gouvernement de Bagdad. Les opérations déclenchées contre eux sont menées en grande partie sous commandement iranien.

Mercredi, The Washington Free Beacon a fait état de documents obtenus par le truchement d’élus républicains. Ils montrent à quel point l'Iran et ses supplétifs terroristes sont devenus une force puissante en Irak.

Le Républicain Duncan Hunter, un vétéran de la guerre d’Irak, a montré une photographie de miliciens chiites opérant sur des chars américains M1 Abrams drapés dans la bannière du Hezbollah. Une autre photo montre le Major-général Qassem Soleimani en compagnie de chefs de milices irakiennes soutenues par les États-Unis.

Hunter a observé que les milices irakiennes soutenues par les États-Unis, dont les commandants étaient sur la photo avec Soleimani, ont participé à l'offensive du mois dernier contre les Kurdes.

Michale Pregent, un ancien officier supérieur des renseignements qui a servi en Irak, a déclaré au Free Beacon que la photo du char Abrams drapé aux couleurs du Hezbollah prouve que des instructeurs américains ont entraîné les forces du Hezbollah à l’utilisation de ce char de combat avancé.

"Tout soldat qui a eu à conduire un char de ce genre sait qu’il est impossible d’en capturer un sur le champ de bataille et d’être capable de le conduire. Il faut avoir été formé par un expert américain pour y parvenir. Et pour les gens du Hezbollah, la seule façon d'obtenir cette formation, c’est de porter un uniforme irakien. Les milices [contrôlées par l'Iran] se vantent de pouvoir porter n'importe quel uniforme des forces irakiennes, et elles ne s’en privent pas. "

Hunter en a conclu que les photos démontrent que "nous équipons et nous entraînons les mauvaises personnes. " Le Département d'Etat est en train de nous faire perdre une nouvelle fois en Irak, de la pire des façons.

"Au mieux, le Département d'Etat ne remplit pas ses missions", a suggéré Hunter.

"Et au pire,…il a été complice des Iraniens qu’il aide à reprendre ce pourquoi mes frères d'armes et moi avions combattu."

La complicité de l'administration Trump dans la prise de contrôle de l'Irak par l'Iran, comme sa complicité avec les Palestiniens partisans de la destruction d'Israël, indique qu'au Moyen-Orient, l'administration Trump n'a pas abandonné les orientations de l'administration Obama.

En effet, même dans les domaines où l'administration Trump a cherché à prendre de la distance avec celle qui l’a précédée, ses décisions sur le terrain sont encore dans une large mesure le prolongement de la politique d'Obama.

Par exemple, l'administration Trump a publié cette semaine des centaines de milliers de pages de documents saisis par les forces spéciales quand elles ont éliminé Oussama ben Laden à Abbottabad, au Pakistan, en 2011. En dépit des demandes réitérées de députés et de chercheurs, l'administration Obama a refusé de publier ces documents.

Comme on le soupçonnait depuis longtemps, les documents maintenant publics révèlent que l'Iran a servi effectivement de sponsor à al-Qaïda.

Et pourtant, comme sous Obama, l'administration Trump prétend que puisque l'Iran est chiite et qu’al-Qaïda -et l'État islamique qui a suivi- sont sunnites, on peut escompter que pour en triompher, les Iraniens travailleront avec les États-Unis. C'est pourquoi, par exemple, le Pentagone, en lutte contre des éléments de l'État islamique et d’al-Qaïda, a engagé des forces US au Liban aux cotés des Forces armées libanaises contrôlées par le Hezbollah, dans une opération conjointe Hezbollah/armée libanaise.

C'est pourquoi les Etats-Unis continuent d'armer et de former les Forces armées libanaises contrôlées par le Hezbollah et l’Iran. Ils leurs livrent des armes avancées, tout comme il le font avec l'armée irakienne et les milices satellites, toutes sous contrôle de l'Iran. Il est difficile de savoir si Trump nommera un jour des émissaires qui partagent son désir de fonder la politique américaine au Moyen-Orient sur les réalités de la région.

Mais même s'il remplace des ombres de l’ère Obama comme Brett McGurk, l'envoyé américain pro-iranien pour les opérations contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak, rien ne garantit que les hommes de Trump changeront la trajectoire de la politique américaine. Après tout, Greenblatt ainsi que le conseiller et beau-fils du Président, Jared Kushner, sont des fidèles de Trump. Et la seule chose qu'ils ont changée dans la politique US envers Israël et les Palestiniens, c'est le ton des déclarations officielles. 

En substance, les Etats-Unis continuent à se prosterner devant l'OLP et d'imposer à Israël de ne pas défendre ses intérêts, de peur que cela ne nuise aux perspectives d’accord entre Israël et le partenaire du Hamas. Winston Churchill avait déclaré: "Vous pouvez toujours faire confiance aux Américains pour prendre la bonne décision, après avoir essayé toutes les autres."

Il semble que face à l'accord d'unité Hamas-Fatah, à la prise de contrôle de l'Irak par l’Iran et à la campagne contre les alliés kurdes menée par le gouvernement irakien sous l’égide de l'Iran, les Etats-Unis aient épuisé "toutes les autres" au Moyen-Orient.

Comme un an s’est écoulé depuis la victoire électorale remarquable de Donald Trump, il est temps d'essayer quelque chose de nouveau. Le moment est venu pour les Américains de prendre les bonnes décisions au Moyen-Orient

Date de première parution : le 3 novembre 2017

Auteur : Caroline B. Glick journaliste au Jerusalem Post

Traduction : Jean-Pierre Bensimon

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