Lors de son discours du 6 décembre, Donald Trump a fait deux annonces distinctes. L’une à effet immédiat, reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ; l’autre à effet différé, entamer le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
L’annonce rappelle que l’États-Unis ne reconnaissaient pas jusqu’à ce jour Jérusalem en tant que capitale de l’État juif. Mieux Caroline B Glick (1), documents à l’appui, nous montre que le département d’État était opposé à cette reconnaissance et qu’il a su l’imposer aux présidents successifs et même aux autres pays entretenant des relations diplomatiques avec Israël.
Chacun sait que dès 1995 le Congrès US avait voté une loi demandant au Président de reconnaitre la capitale d’Israël et de transférer l’ambassade, à une très large majorité bipartisane de plus de 90%. Mieux, le 5 juin dernier, le Sénat, dont on connait le rôle clé dans les institutions américaines, avait réitéré unanimement une nouvelle demande bipartisane de reconnaissance (90 pour; contre 0). Jusqu'à ce jour, les présidents successifs avaient différé l’exécution de cette loi sous prétexte de sécurité nationale. En d’autres termes, pour les États-Unis comme pour les autres États, Israël n’avait pas de capitale.
Donald Trump (2) justifie son initiative par un argument de droit imparable. Israël est un pays souverain, et le peuple israélien comme tous les autres peuples peut choisir d’établir sa capitale là où il le veut. C’est un attribut de la souveraineté. Ainsi, sauf discrimination délibérée, le choix israélien ne peut pas ne pas être respecté par le concert des nations.
Une objection vient immanquablement à l’esprit. Jérusalem est une ville disputée car l’entité palestinienne revendique la partie Est de la ville. Reconnaître cette ville comme capitale priverait les Palestiniens d’un droit ultérieur possible et compromettrait toute perspective d’accord négocié.
Une objection vient immanquablement à l’esprit. Jérusalem est une ville disputée car l’entité palestinienne revendique la partie Est de la ville. Reconnaître cette ville comme capitale priverait les Palestiniens d’un droit ultérieur possible et compromettrait toute perspective d’accord négocié.
Mais quiconque a pris connaissance des propos de Trump sait qu’il a borné sa décision par une série de restrictions. Citons-le « Nous ne prenons pas position sur les questions du statut final, ni sur les limites spécifiques de la souveraineté israélienne à Jérusalem, ni sur le tracé des frontières contestées. Ces questions sont laissées aux parties impliquées. » Trump ne parle pas de « Jérusalem unifiée ». Il reconnait la capitale mais s’abstient de toute estimation sur le périmètre exact de la souveraineté israélienne à Jérusalem. Il laisse donc les négociations totalement ouvertes aux « parties impliquées ». Mieux, il déclare que les États-Unis sont favorables à une solution à deux États, « si les deux parties en conviennent. »
On voit ici que les positions de Trump sont strictement compatibles, si ce n’est identiques à celles de l’Union européenne (UE), en particulier de la France. Sauf que l’UE et la France préconisent une solutions à deux États avec Jérusalem comme capitale. Si la formule est totalement compatible avec le projet de Trump, elle est plus intrusive dans la mesure où elle impose a priori la division de Jérusalem, alors que les discussions effectives n’ont jamais vraiment commencé.
Pourquoi cette vague de violences médiatiques ?
Or dès le 6 décembre, une vague infernale a déferlé sur les ondes et sur les écrans français. La figure du journaliste d’information, puis du journaliste idéologue, a laissé la place à celle du journaliste mercenaire, mandaté pour une mission, indifférent aux falsifications qu’il déverse comme de la mitraille. Entendons nous bien. Il ne s’agit nullement des journalistes en général, mais de ce petit club de journalistes politiques et de leurs supplétifs soi-disant universitaires, de cette poignée de voix qui monopolise les canaux de diffusion des flux majeurs de communication politique. Ces gens ont des patrons, ce sont des mercenaires. Ce sont des professionnels qu’à certains égards, la Stasi ou la Guépéou nous auraient enviés. Ils font leur travail, et ils sont aux ordres. Qui a donné les ordres et pourquoi ?
En effet, on peut se demander ce qui a motivé la vague de hargne hystérique commanditée d’une partie de l’Europe, en particulier celle de l’État français et de son complexe médiatique oligarchique. Il faut bien voir que cette vague a été de facto scandaleusement antisémite mais aussi empreinte d’un racisme anti-arabe pervers. En effet, nulle interrogation sur le droit universel d’un peuple à choisir sa capitale aussi violemment dénié au peuple juif. Et les Arabes sont assimilés à des bandes d’émeutiers ou de meurtriers primitifs, ne connaissant que la violence barbare quand ils sont en présence d’innovations politiques ou de compromis, puisque selon les lanceurs d'alerte angoissés, ils réagiraient mécaniquement par une violence hyperbolique à toute circonstance susceptible de les irriter.
L’explosion de violence ayant fait long feu, pourquoi cette agitation européenne commanditée ?
Certainement pas parce que Trump enterrait le processus de paix ou les négociations ; on l’a vu plus haut, il lui donnait en fait toute sa souplesse et il s’interdisait toute intrusion.
Certainement pas parce que la reconnaissance portait avec elle de « lourdes menaces », que c’était « jouer avec le feu », qu’il y avait un péril « d’embrasement », parce que le Hamas avait parlé de «portes de l’enfer ». Dans les faits bien peu de choses sont arrivées malgré les tentatives du Hamas. Juste le régime minimum de heurts et de confrontations directes. Parce que les Arabes ne sont pas les brutes stupides que décrivent en creux les auteurs de ces alarmes méprisantes. Les Arabes sont impliqués dans des guerres et dans le terrorisme par des acteurs et des manipulateurs cyniques, corrompus, mais profondément rationnels.
Il n’y aura pas d’Intifada parce que les leaders palestiniens désireux de lever ce flambeau sont épuisés ou insignifiants, parce que, dans ses profondeurs, le peuple arabe palestinien est recru de violence et qu’il ne désire pas un nouveau round d’affrontement. Et aussi, les voix mercenaires qui saturent les ondes le savent bien, les structures logistiques et humaines d’une Intifada, les alliances arabes indispensables n’existent pas aujourd’hui comme en septembre 2000 quand Yasser Arafat a lancé sa sanglante insurrection. En fait tous ces périls imaginaires, hystériquement hurlés et assénés par les média, avaient bien plus une fonction de mobilisation et de déclenchement de la violence arabe que de mises en garde pour préserver le calme.
L’ordre était de jouer sur la violence arabe présumée, sur les troubles et le sang, pour justifier la dénonciation de la cible première, la personne de Donald Trump. Il faut voir à quel point tous les hurleurs, ou les « regrettants », sont des amoureux de la démocratie. Trump appliquait une décision confirmée à l’unanimité des représentants du peuple américain. Que peut-on concevoir de plus démocratique qu’appliquer une décision confirmée par les représentants du peuple ? Sarkozy nous avait appris, avec le Traité européen, à piétiner la volonté de l’électorat exprimée dans les urnes. Les grandes figures du pouvoir en Europe ont balayé d’une revers de manche la volonté du peuple américain issue des urnes. Elles savent faire, on le sait avec le peuple et avec les urnes.
Autre raison possible du coup de sang européen et français : apaiser les banlieues. Si jamais ce paramètre est entré dans le calcul des donneurs d’ordres aux média, ils faisaient erreur et pire encore.
Erreur car les banlieues s’enflamment d’abord en cas de violences policières, généralement imaginaires, en cas d’atteinte, imaginaires aussi, à la religion (les émeutes de 2005 ont été alimentées par une grenade anti émeute soi-disant tirée contre une mosquée) ou en cas de péril, imaginaire toujours, pour la dignité de musulmanes illégalement emprisonnées dans du tissu. Un acte juridique américain indiffère totalement les banlieues, même si le mot «Jérusalem » est prononcé. La rue arabe fait faux bond aux agitateurs de l'oligarchie médiatique.
Pire encore, ces faiseurs de calculs ne voient pas que la question de la « Palestine » n’est pas un motif de violence collective, mais la porte d’entrée idéologique des radicaux semeurs de haine au sein des populations musulmanes manipulées. Et qu’à force de hurler contre le « Likoud », « Netanyahou », la « colonisation » imaginaire elle aussi, etc., ils ouvrent toujours plus grand les portes de l’influence des radicaux qui ont des comptes à régler avec l’Occident et avec la fille aînée de l’Église, à savoir la France. Les grands saints immaculés, protecteurs du Palestinien pauvre, opprimé, désarme, privé de droits, colonisé, occupé, ne sont que des agents de la radicalisation qui épuise la France.
La question est donc sans réponse : pourquoi cette vague d’hystérie planifiée suite à l’annonce de Trump ?
Il faut partir d’une évidence : Trump est la cible première de ce tintamarre. Depuis son élection la gauche américaine et l’essentiel des média US ont juré sa perte, le plus rapidement possible. C’est ainsi que le thème de « l’impeachment » revient régulièrement, et que toutes les accusations imaginables sont portées contre lui. Ici, c’est une affaire intérieure américaine.
Mais en même temps Trump est un rebelle qui ne s’aligne pas sur les normes mondiales imposées par l’Europe. Sur le réchauffement climatique , sur le rôle de l’ONU, sur les traités internationaux, sur le financement de la défense, etc. Mais pire encore, Trump a humilié Angela Merkel, et il a exigé que l’ogre allemand cesse de dévorer les emplois US avec ses 100 milliards de dollars d’excédent commercial annuels et son « euro grossièrement sous-évalué ». (La France, l’Espagne, l’Italie, etc. pourraient poser la même question.) De retour à Berlin, furieuse et implacable, Merkel avait appelé ses partenaires continentaux à envisager la révocation des « anciennes alliances », comprendre l’alliance avec les États-Unis.
L’ogre allemand a donc des comptes violents à régler avec Trump. Il peut compter pour cela sur la résignation et la vulnérabilité de ses quasi–vassaux de l’Union européenne, mais surtout sur la colonne idéologique anti Trump omnipotente aux États-Unis. Un front anti Trump s'ébauche entre le complexe financiaro-industriel post-moderne dominant en Europe et l'alliance Démocrates et média américains.
Quoi de plus savoureux que d’empêtrer le président américain haï sur un thème où il est estimé vulnérable. D’autant qu’il s’est avéré particulièrement dangereux pour les intérêts financiers, commerciaux, et impériaux du leader germanique de l’Europe ?
Alors, nous n’avons aucune preuve, mais une coopération en sous-main avec la France du pale Macron est bien possible. Sa mission serait de faire écran aux manœuvres germaniques et de lâcher les chiens, innombrables dans l’hexagones, contre Trump et Israël tandis que l’Allemagne en phase expansive continuerait d’occuper le territoire idéologique en tant que pays cauteleux, modéré, et raisonnable.
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(1) Voir Trumps’s Great and Ingenious Gifts traduite en français à l’adresse
(2) Voir la traduction intégrale du discours de Donald trump à l’adresse
Jean-Pierre Bensimon
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