Mardi dernier à Bethléem, les Palestiniens ont
illustré le choix auquel les Américains s’exposent dans leurs rapports avec le Fatah, la faction
soi-disant modérée qui contrôle l'Autorité palestinienne et l'OLP.
Le président
Donald Trump et ses conseillers sont sommés d’accepter les règles posées par le
Fatah ou de prendre la porte.
Mardi, une délégation de diplomates du consulat
américain à Jérusalem s’est rendue à Bethléem pour une réunion de la chambre de
commerce locale. Quand ils sont entrés en ville, des membres du Fatah les ont
attaqués. Leurs véhicules arborant des plaques diplomatiques ont reçu une pluie
de tomates et d'œufs lancés par une foule de manifestants qui criaient des
slogans anti-américains.
Après leur entrée dans la salle de réunion, des
émeutiers ont fait irruption. Ils brandissaient des pancartes condamnant
l'Amérique en hurlant: «Américains dehors ! »
Certains d’entre eux s’en sont pris aux Palestiniens
présents dans la salle, les accusant de trahison pour participation à une
réunion avec des Américains. Selon les reportages, il régnait une atmosphère de
tension et de violence. Les responsables américains battirent rapidement en
retraite. Alors qu’ils quittaient la ville, les activistes du Fatah continuèrent
de s’en prendre à leurs voitures, de leur donner des coups de pied et de leur
lancer des œufs, et cela jusqu'à leur départ.
L'attaque de mardi obéissait à un crescendo logique.
Samedi, des membres du Fatah des camps de l'ONU de
Bethléem s’étaient rassemblés pour inaugurer en public un «tribunal populaire».
Trump et le vice-président Mike Pence furent jugés pour «racisme» et «préjugés»
à l’encontre des Palestiniens.
Le «tribunal» les reconnut coupables et il condamna le
président américain et le vice-président à la pendaison. Les «juges» décidèrent
même que leurs corps devaient être brûlés.
De fait, la foule brûla des effigies des chefs
américains Trump et Pence.
![]() |
Effigie du président américain en feu selon la condamnation du tribunal populaire du Fatah |
La signification du "procès" était claire.
Américains et Israéliens méritaient la mort.
Les effigies des dirigeant américains en train de
brûler étaient une suite logique de l'appel du mois dernier à "détruire la
maison de Trump »,.lancé par Mahmoud Abbas, président de l'OLP, du Fatah,
et de l'Autorité Palestinienne
C'est-à-dire que l'agression menée contre les responsables
consulaires mardi, et l'émeute de samedi n’étaient que la mise en exécution des
ordres de Abbas par ses partisans. Il avait mis les Américains dans son viseur.
Et les émeutiers ont appuyé sur la gâchette - pour l'instant, avec des effigies
et des œufs.
Pour Abbas, il n'est pas difficile de dresser son
peuple contre les Américains. Les Palestiniens détestent les Américains.
Comme l'a montré un sondage de Pew de 2014, les
Palestiniens sont les plus anti-américains de la terre. 76 % des Palestiniens
considèrent les États-Unis comme leur ennemi. Le Pakistan arrive en deuxième
position avec 64% des personnes interrogées disant que les États-Unis sont leur
ennemi.
L'anti-américanisme palestinien est remarquable, vu
que les États-Unis ont leur donné le plus d'assistance à l’exception d'Israël.
Les Américains ont passé les 25 dernières années à faire pression sur Israël pour
obtenir toujours plus de concessions au bénéfice des Palestiniens.
Pour l’essentiel, l'anti-américanisme des Palestiniens
découle de deux facteurs.
D'abord, l'incitation. Pendant 25 ans, l'AP, financée
par les États-Unis, a utilisé tous les outils à sa disposition pour endoctriner
les Palestiniens de façon qu’ils haïssent l'Amérique presque autant qu’Israël.
Deuxièmement, à l'instar du régime iranien, les
Palestiniens considèrent les États-Unis et Israël comme les deux faces d'une
même médaille. De fait, leur haine pour les États-Unis est l'image inversée de
l’amour que portent les Israéliens [à l’oncle Sam]..
Si les Palestiniens sont en tête de la liste des gens
qui considèrent les États-Unis comme leur ennemi, Israël arrive en tête de la
liste des nations qui considèrent les États-Unis comme leur partenaire.
Quatre-vingt-dix pour cent des Israéliens considèrent les États-Unis comme leur
partenaire.
Tout ce que Abbas avait à faire [pour créer des
troubles], c’était de demander la destruction de la maison de Trump. La masse
des membres du Fatah a été trop heureuse de descendre dans les rues et de
brûler le président en effigie.

Pour sa part, Trump semble tout
à fait disposé à tout laisser tomber. Au cours de la semaine dernière, il a
menacé à trois reprises de couper toute aide américaine aux Palestiniens. Lors
de son apparition à Davos en compagnie de Benjamin Netanyahu la semaine
dernière, Trump a clairement fait savoir qu'il ne serait pas trop perturbé dans
l’hypothèse d’une disparition du processus de paix.
"Je peux vous dire
qu'Israël veut faire la paix", a-t-il déclaré. Les Palestiniens, a-t-il
poursuivi, "devront aussi vouloir faire la paix, sinon nous n'aurons plus
rien à voir avec cette affaire".
Interrogé sur les implications
de sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël sur les perspectives
de paix, Trump se tourna vers Netanyahou et dit: «Vous [Israël] avez marqué un
point, et vous abandonnerez quelques points plus tard, dans la négociation, si
jamais elle avait lieu. Je ne sais pas si cela arrivera un jour."
Jason Greenblatt, le
négociateur en chef de Trump pour le processus de paix, semble moins réceptif
au concept de la fin du processus de paix.
Lors d'une réunion à Ramat Gan
cette semaine avec les ambassadeurs des États membres de l'UE, l'un d’entre eux
lui a demandé si Jérusalem était encore un sujet de négociations entre Israël
et les Palestiniens ou si, comme Trump l’avait dit à Davos, la question était selon
ses mots, "hors de la table."
Greenblatt aurait répondu qu’à
Davos, Trump n’avait pas donné une description exacte de la situation.
Jérusalem reste un sujet de négociation entre les parties, comme Trump l'avait
précisé dans sa déclaration du 6 décembre 2017, reconnaissant Jérusalem comme
la capitale d'Israël.
Les déclarations de Greenblatt
au cours des derniers jours donnent l’image d'une administration peu claire concernant
la réponse à donner au comportement palestinien après la reconnaissance de
Jérusalem. D'une part, cette administration maintient que la paix ne peut être
fondée que sur la réalité, et que par conséquent, reconnaître Jérusalem est
nécessaire pour parvenir un jour à la paix.
Dans cet esprit, lors de sa
rencontre avec les ambassadeurs européens, Greenblatt a également déclaré que
leur condamnation insistante des constructions dans les communautés
israéliennes de Judée et Samarie, qualifié d'obstacle à la paix était erronée. La
construction de logements dans les colonies n'a aucun impact sur les
perspectives de paix, a-t-il insisté à juste titre.
La dernière fois qu'un
émissaire américain a fait des déclarations proches des remarques de
Greenblatt, c'était en 2003.
Greenblatt a dit qu’il ne
perdait cependant pas l'espoir que les Palestiniens soient intéressés par un
accord de paix.
S'exprimant à Bruxelles lors
d'une conférence des donateurs pour l'Autorité palestinienne, M. Greenblatt a
répété à maintes reprises que les États-Unis étaient engagés dans le processus
de paix.
Ensuite, il y a eu son message
d'adieu au "Premier ministre" de
l’AP, Rami Hamdallah, qui participait à la conférence.
Le seul motif de la
convocation de la conférence de Bruxelles était de ramasser des dizaines de
millions de dollars pour que Hamdallah les enfouisse dans des comptes bancaires
contrôlés par Abbas et ses sous-fifres kleptocrates. Il aurait été plutôt
étrange que Hamdallah ne soit pas là pour mendier en personne.
Et pourtant, Greenblatt n'a
pas traité Hamdallah, présent dans la salle de réunion, comme quantité négligeable. Il ne l'a pas interpellé publiquement sur la dangereuse agression de
la veille, commise à Bethléem par des activistes du Fatah contre les diplomates
de son pays.
A la place, il a déclaré: « Je
suis particulièrement heureux de vous voir, Monsieur le Premier ministre
Hamdallah. J’espère que c’est le signe de l'engagement maintenu de l'Autorité palestinienne
dans le processus que nous avons mené ensemble. Malgré nos différences, nous
restons déterminés à poursuivre le travail en commun, et à faire de notre mieux
pour résoudre le conflit israélo-palestinien. »
Étant donné l’attaque de la
veille des diplomates américains à Bethléem par des membres du Fatah, et les effigies de Trump et de Pence brûlées quatre jours plus tôt, normalement, Greenblatt
aurait dû, condamner publiquement Hamdallah et l'AP pour leurs agissements.
Le fait qu’il ne lui ait pas demandé des comptes, mais qu’il se soit plutôt extasié de sa présence à la façon d’une adolescente face à
une star du rock, montre que les Américains ne savent toujours pas pourquoi les
Palestiniens lardent de coups d’épée Washington [dans leur propagande].
Greenblatt, comme ses
collègues du consulat et du Département d'État, ne comprend pas ce qui se passe
parce qu'ils pensent que le processus de paix repose sur des négociations. Mais
cela n'a jamais été le pivot du processus de paix. S'il s'agissait vraiment de
négociations, les Palestiniens auraient été tenus pour responsables de leurs
manquements à tous les engagements pris envers Israël. Mais ils n'ont jamais
été tenus pour responsables. Seul Israël a été tenu pour responsable.
En même, Israël a été mis en
cause,alors qu'il a respecté tous ses engagements.
Pendant ce temps, les
Palestiniens n'ont jamais honoré un seul des leurs que ce soit
envers Israël ou les États-Unis. Ils n'ont jamais annulé ni modifié la Charte
de l'OLP qui appelle à l'anéantissement d'Israël. Ils n'ont jamais mis fin à
leur incitation à l'assassinat d'Israéliens. Ils n'ont jamais mis fin à leur
parrainage du terrorisme et à son financement. Ils n'ont jamais extradé les
terroristes meurtriers d'Américains pour qu’ils comparaissent
à leur procès aux États-Unis. Ils n'ont bien sûr jamais extradé de terroristes inculpés
par Israël. Et, ils n'ont jamais reconnu le droit d'Israël d’exister.
Du point de vue palestinien,
le processus de paix est un processus de reddition israélienne inconditionnelle, de soumission à toutes leurs exigences. Pour eux, le rôle des États-Unis en tant que parrain du
processus de paix est de contraindre Israël à faire des concessions qui, prises
ensemble, conduiraient à sa reddition inconditionnelle. Et durant la majeure
partie du dernier quart de siècle, les administrations américaines successives se
sont conformées aux règles posées par les Palestiniens.
Mais ensuite Trump est apparu.
Quand il a reconnu Jérusalem comme la capitale d'Israël, il a enlevé quelque
chose aux Palestiniens. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Et
maintenant, on rapporte que l'administration envisage de tenir l'agence des
Nations Unies pour les réfugiés de l'ONU, l’UNRWA, à la même définition du
«réfugié» que celle du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Cela signifie qu'une autre carte majeure du jeu palestinien est en danger. Si
Trump met sa menace à exécution, les seuls Palestiniens éligibles au statut de
réfugié seront les 20.000 Palestiniens [survivants] qui ont quitté Israël entre
1947 et 1949. D'un seul coup, Trump balaierait la revendication palestinienne visant
à détruire Israël par l'immigration de masse de cinq millions d'Arabes nés à
l'étranger - dans le cadre de la paix.
Dans un entretien avec Fox
News, le négociateur en chef palestinien Saeb Erekat a été interrogé sur ce que
l'administration pouvait faire pour apaiser leur colère et les convaincre de reprendre
leurs contacts avec Washington. Erekat a déclaré que la seule chose que les
États-Unis pouvaient faire, c’est d'annuler leur reconnaissance de Jérusalem.
Cela signifie que seule la capitulation inconditionnelle des Américains face
aux exigences palestiniennes ramènerait Washington dans les bonnes grâces de
l'OLP.
A l'entrée de Jéricho, un
panneau indique que les Américains et les chiens ne sont pas bienvenus. Des
panneaux sur des vitrines de Ramallah et de Jéricho informent les visiteurs
américains et britanniques qui veulent pénétrer dans ces cités qu'ils devront
présenter des excuses pour la politique de leur gouvernement.
Il est temps que
Greenblatt comprenne que le processus de paix est terminé. Et à moins que Trump
ait l'intention de s'humilier lui-même et d'humilier l’Amérique en vendant
Israël comme ses prédécesseurs, le processus de paix ne sera pas ressuscité.
Plus lui-même et ses collègues s’écarteront de la vérité, plus ils se mettront
en péril, et plus ils donneront des marges de manœuvre à un peuple qui sera ravi d'aller au-delà des
œufs et des tomates, des effigies et des bannières.
Titre original : Time for the US to walk away from the PLO
Auteur : Caroline B.
Glick, journaliste et essayiste israélienne in Jerusalem Post
Date de première publication :
01 février 2018
Traduction : Jean-Pierre
Bensimon
Excellent article qui rejoint les idées de Dore Gold. Greenblatt semble effectivement à côté de la plaque. Il prend son rôle trop au sérieux et repère mal les revendications arabes-je n'arrive pas à dire "palestiniennes", tant le terme est faux et sujet à tous les négationnismes concernant les juifs et Israël.
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