dimanche 4 février 2018

Il est temps que les États-Unis prennent leurs distances avec l'OLP

Mardi dernier à Bethléem, les Palestiniens ont illustré le choix auquel les Américains s’exposent  dans leurs rapports avec le Fatah, la faction soi-disant modérée qui contrôle l'Autorité palestinienne et l'OLP.
Le président Donald Trump et ses conseillers sont sommés d’accepter les règles posées par le Fatah ou de prendre la porte.

Mardi, une délégation de diplomates du consulat américain à Jérusalem s’est rendue à Bethléem pour une réunion de la chambre de commerce locale. Quand ils sont entrés en ville, des membres du Fatah les ont attaqués. Leurs véhicules arborant des plaques diplomatiques ont reçu une pluie de tomates et d'œufs lancés par une foule de manifestants qui criaient des slogans anti-américains.

Après leur entrée dans la salle de réunion, des émeutiers ont fait irruption. Ils brandissaient des pancartes condamnant l'Amérique en hurlant: «Américains dehors ! »

Certains d’entre eux s’en sont pris aux Palestiniens présents dans la salle, les accusant de trahison pour participation à une réunion avec des Américains. Selon les reportages, il régnait une atmosphère de tension et de violence. Les responsables américains battirent rapidement en retraite. Alors qu’ils quittaient la ville, les activistes du Fatah continuèrent de s’en prendre à leurs voitures, de leur donner des coups de pied et de leur lancer des œufs, et cela jusqu'à leur départ.

L'attaque de mardi obéissait à un crescendo logique.

Samedi, des membres du Fatah des camps de l'ONU de Bethléem s’étaient rassemblés pour inaugurer en public un «tribunal populaire». Trump et le vice-président Mike Pence furent jugés pour «racisme» et «préjugés» à l’encontre des Palestiniens.

Le «tribunal» les reconnut coupables et il condamna le président américain et le vice-président à la pendaison. Les «juges» décidèrent même que leurs corps devaient être brûlés.

De fait, la foule brûla des effigies des chefs américains Trump et Pence.
Effigie du président américain en feu selon la condamnation du tribunal populaire du Fatah
La signification du "procès" était claire. Américains et Israéliens méritaient la mort.

Les effigies des dirigeant américains en train de brûler étaient une suite logique de l'appel du mois dernier à "détruire la maison de Trump »,.lancé par Mahmoud Abbas, président de l'OLP, du Fatah, et de l'Autorité Palestinienne

C'est-à-dire que l'agression menée contre les responsables consulaires mardi, et l'émeute de samedi n’étaient que la mise en exécution des ordres de Abbas par ses partisans. Il avait mis les Américains dans son viseur. Et les émeutiers ont appuyé sur la gâchette - pour l'instant, avec des effigies et des œufs.

Pour Abbas, il n'est pas difficile de dresser son peuple contre les Américains. Les Palestiniens détestent les Américains.

Comme l'a montré un sondage de Pew de 2014, les Palestiniens sont les plus anti-américains de la terre. 76 % des Palestiniens considèrent les États-Unis comme leur ennemi. Le Pakistan arrive en deuxième position avec 64% des personnes interrogées disant que les États-Unis sont leur ennemi.

L'anti-américanisme palestinien est remarquable, vu que les États-Unis ont leur donné le plus d'assistance à l’exception d'Israël. Les Américains ont passé les 25 dernières années à faire pression sur Israël pour obtenir toujours plus de concessions au bénéfice des Palestiniens.

Pour l’essentiel, l'anti-américanisme des Palestiniens découle de deux facteurs.

D'abord, l'incitation. Pendant 25 ans, l'AP, financée par les États-Unis, a utilisé tous les outils à sa disposition pour endoctriner les Palestiniens de façon qu’ils haïssent l'Amérique presque autant qu’Israël.

Deuxièmement, à l'instar du régime iranien, les Palestiniens considèrent les États-Unis et Israël comme les deux faces d'une même médaille. De fait, leur haine pour les États-Unis est l'image inversée de l’amour que portent les Israéliens [à l’oncle Sam]..

Si les Palestiniens sont en tête de la liste des gens qui considèrent les États-Unis comme leur ennemi, Israël arrive en tête de la liste des nations qui considèrent les États-Unis comme leur partenaire. Quatre-vingt-dix pour cent des Israéliens considèrent les États-Unis comme leur partenaire.

Tout ce que Abbas avait à faire [pour créer des troubles], c’était de demander la destruction de la maison de Trump. La masse des membres du Fatah a été trop heureuse de descendre dans les rues et de brûler le président en effigie.

Pour sa part, Trump semble tout à fait disposé à tout laisser tomber. Au cours de la semaine dernière, il a menacé à trois reprises de couper toute aide américaine aux Palestiniens. Lors de son apparition à Davos en compagnie de Benjamin Netanyahu la semaine dernière, Trump a clairement fait savoir qu'il ne serait pas trop perturbé dans l’hypothèse d’une disparition du processus de paix.

"Je peux vous dire qu'Israël veut faire la paix", a-t-il déclaré. Les Palestiniens, a-t-il poursuivi, "devront aussi vouloir faire la paix, sinon nous n'aurons plus rien à voir avec cette affaire".

Interrogé sur les implications de sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël sur les perspectives de paix, Trump se tourna vers Netanyahou et dit: «Vous [Israël] avez marqué un point, et vous abandonnerez quelques points plus tard, dans la négociation, si jamais elle avait lieu. Je ne sais pas si cela arrivera un jour."
Jason Greenblatt, le négociateur en chef de Trump pour le processus de paix, semble moins réceptif au concept de la fin du processus de paix.

Lors d'une réunion à Ramat Gan cette semaine avec les ambassadeurs des États membres de l'UE, l'un d’entre eux lui a demandé si Jérusalem était encore un sujet de négociations entre Israël et les Palestiniens ou si, comme Trump l’avait dit à Davos, la question était selon ses mots, "hors de la table."

Greenblatt aurait répondu qu’à Davos, Trump n’avait pas donné une description exacte de la situation. Jérusalem reste un sujet de négociation entre les parties, comme Trump l'avait précisé dans sa déclaration du 6 décembre 2017, reconnaissant Jérusalem comme la capitale d'Israël.

Les déclarations de Greenblatt au cours des derniers jours donnent l’image d'une administration peu claire concernant la réponse à donner au comportement palestinien après la reconnaissance de Jérusalem. D'une part, cette administration maintient que la paix ne peut être fondée que sur la réalité, et que par conséquent, reconnaître Jérusalem est nécessaire pour parvenir un jour à la paix.

Dans cet esprit, lors de sa rencontre avec les ambassadeurs européens, Greenblatt a également déclaré que leur condamnation insistante des constructions dans les communautés israéliennes de Judée et Samarie, qualifié d'obstacle à la paix était erronée. La construction de logements dans les colonies n'a aucun impact sur les perspectives de paix, a-t-il insisté à juste titre.

La dernière fois qu'un émissaire américain a fait des déclarations proches des remarques de Greenblatt, c'était en 2003.

Greenblatt a dit qu’il ne perdait cependant pas l'espoir que les Palestiniens soient intéressés par un accord de paix.

S'exprimant à Bruxelles lors d'une conférence des donateurs pour l'Autorité palestinienne, M. Greenblatt a répété à maintes reprises que les États-Unis étaient engagés dans le processus de paix.

Ensuite, il y a eu son message d'adieu au  "Premier ministre" de l’AP, Rami Hamdallah, qui participait à la conférence.

Le seul motif de la convocation de la conférence de Bruxelles était de ramasser des dizaines de millions de dollars pour que Hamdallah les enfouisse dans des comptes bancaires contrôlés par Abbas et ses sous-fifres kleptocrates. Il aurait été plutôt étrange que Hamdallah ne soit pas là pour mendier en personne.

Et pourtant, Greenblatt n'a pas traité  Hamdallah, présent dans la salle de réunion, comme quantité négligeable. Il ne l'a pas interpellé publiquement sur la dangereuse agression de la veille, commise à Bethléem par des activistes du Fatah contre les diplomates de son pays.

A la place, il a déclaré: « Je suis particulièrement heureux de vous voir, Monsieur le Premier ministre Hamdallah. J’espère que c’est le signe de l'engagement maintenu de l'Autorité palestinienne dans le processus que nous avons mené ensemble. Malgré nos différences, nous restons déterminés à poursuivre le travail en commun, et à faire de notre mieux pour résoudre le conflit israélo-palestinien. »

Étant donné l’attaque de la veille des diplomates américains à Bethléem par des membres du Fatah, et les effigies de Trump et de Pence brûlées quatre jours plus tôt, normalement, Greenblatt aurait dû, condamner publiquement Hamdallah et l'AP pour leurs agissements.

Le fait qu’il ne lui ait pas demandé des comptes, mais qu’il se soit plutôt extasié de sa  présence à la façon d’une adolescente face à une star du rock, montre que les Américains ne savent toujours pas pourquoi les Palestiniens lardent de coups d’épée Washington [dans leur propagande].

Greenblatt, comme ses collègues du consulat et du Département d'État, ne comprend pas ce qui se passe parce qu'ils pensent que le processus de paix repose sur des négociations. Mais cela n'a jamais été le pivot du processus de paix. S'il s'agissait vraiment de négociations, les Palestiniens auraient été tenus pour responsables de leurs manquements à tous les engagements pris envers Israël. Mais ils n'ont jamais été tenus pour responsables. Seul Israël a été tenu pour responsable.

En même, Israël a été mis en cause,alors qu'il a respecté tous ses engagements.

Pendant ce temps, les Palestiniens n'ont jamais honoré un seul des leurs que ce soit envers Israël ou les États-Unis. Ils n'ont jamais annulé ni modifié la Charte de l'OLP qui appelle à l'anéantissement d'Israël. Ils n'ont jamais mis fin à leur incitation à l'assassinat d'Israéliens. Ils n'ont jamais mis fin à leur parrainage du terrorisme et à son financement. Ils n'ont jamais extradé les terroristes meurtriers d'Américains  pour qu’ils comparaissent à leur procès aux États-Unis. Ils n'ont bien sûr jamais extradé de terroristes inculpés par Israël. Et, ils n'ont jamais reconnu le droit d'Israël d’exister.

Du point de vue palestinien, le processus de paix est un processus de reddition israélienne inconditionnelle, de soumission à toutes leurs exigences. Pour eux, le rôle des États-Unis en tant que parrain du processus de paix est de contraindre Israël à faire des concessions qui, prises ensemble, conduiraient à sa reddition inconditionnelle. Et durant la majeure partie du dernier quart de siècle, les administrations américaines successives se sont conformées aux règles posées par les Palestiniens.

Mais ensuite Trump est apparu. Quand il a reconnu Jérusalem comme la capitale d'Israël, il a enlevé quelque chose aux Palestiniens. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Et maintenant, on rapporte que l'administration envisage de tenir l'agence des Nations Unies pour les réfugiés de l'ONU, l’UNRWA, à la même définition du «réfugié» que celle du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Cela signifie qu'une autre carte majeure du jeu palestinien est en danger. Si Trump met sa menace à exécution, les seuls Palestiniens éligibles au statut de réfugié seront les 20.000 Palestiniens [survivants] qui ont quitté Israël entre 1947 et 1949. D'un seul coup, Trump balaierait la revendication palestinienne visant à détruire Israël par l'immigration de masse de cinq millions d'Arabes nés à l'étranger - dans le cadre de la paix.

Dans un entretien avec Fox News, le négociateur en chef palestinien Saeb Erekat a été interrogé sur ce que l'administration pouvait faire pour apaiser leur colère et les convaincre de reprendre leurs contacts avec Washington. Erekat a déclaré que la seule chose que les États-Unis pouvaient faire, c’est d'annuler leur reconnaissance de Jérusalem. Cela signifie que seule la capitulation inconditionnelle des Américains face aux exigences palestiniennes ramènerait Washington dans les bonnes grâces de l'OLP.

A l'entrée de Jéricho, un panneau indique que les Américains et les chiens ne sont pas bienvenus. Des panneaux sur des vitrines de Ramallah et de Jéricho informent les visiteurs américains et britanniques qui veulent pénétrer dans ces cités qu'ils devront présenter des excuses pour la politique de leur gouvernement.

Il est temps que Greenblatt comprenne que le processus de paix est terminé. Et à moins que Trump ait l'intention de s'humilier lui-même et d'humilier l’Amérique en vendant Israël comme ses prédécesseurs, le processus de paix ne sera pas ressuscité. Plus lui-même et ses collègues s’écarteront de la vérité, plus ils se mettront en péril, et plus ils donneront des marges de manœuvre à  un peuple qui sera ravi d'aller au-delà des œufs et des tomates, des effigies et des bannières.


Auteur : Caroline B. Glick, journaliste et essayiste israélienne in Jerusalem Post  

Date de première publication :  01 février 2018

Traduction : Jean-Pierre Bensimon

1 commentaire:

  1. Excellent article qui rejoint les idées de Dore Gold. Greenblatt semble effectivement à côté de la plaque. Il prend son rôle trop au sérieux et repère mal les revendications arabes-je n'arrive pas à dire "palestiniennes", tant le terme est faux et sujet à tous les négationnismes concernant les juifs et Israël.

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