Dans un entretien accordé à Boaz Bismuth, rédacteur en chef d'Israel Hayom, le président Donald Trump a déclaré: «J'ai réalisé plus que ce que j'avais promis» au cours de la première année du mandat.
«Israël doit faire attention avec les implantations» a-t-il poursuivi, ajoutant que les Israéliens et les Palestiniens seraient "stupides" de ne pas conclure un accord de paix.
"Je pense être là pour longtemps", m’a dit Donald Trump lorsque je lui ai demandé si le régime des ayatollahs serait toujours en place en Iran quand il quittera ses fonctions. "Nous verrons."
Venant du leader du monde libre, ce genre de remarque peut être considéré comme une semi-menace. Une chose est claire: les États-Unis ne considèrent plus, comme sous son prédécesseur Barack Obama, que l'Iran est une puissance «stabilisatrice», ni même une présence positive dans la région.
J'ai interviewé Trump avant la dernière épreuve de force au nord d'Israël, avant que l’État juif n’affronte les forces syriennes et iraniennes, samedi dernier à la frontière syro-israélienne. Mais déjà, il était malheureusement clair que la Syrie et l'Iran testaient les États-Unis pour savoir jusqu'où ils pourraient les pousser (voir les nouvelles sur les attaques chimiques et les attentats contre des l'hôpitaux ces derniers jours).
Quand j'ai demandé à Trump si Israël était libre d'opérer en Syrie et au Liban contre des cibles iraniennes, il a pris une mimique ambiguë inhabituelle. Mais le message était clair, quand il s'agit de l'Iran, il est préférable d’agir plutôt que parler. Les États-Unis dissimulent leurs cartes.
Q: Est-il possible d'empêcher l'Iran d'établir des bases militaires permanentes en Syrie et au Liban?
"Vous verrez, regardez [et voyez]."
Q: Pensez-vous qu'Israël a le droit de se défendre si des bases sont effectivement construites en Syrie et au Liban?
"Je ne veux pas faire aujourd’hui des commentaires à ce sujet, c'est trop tôt."
Contrairement à Obama, Trump se rend compte que les actes sont beaucoup plus puissants que les discours (des actes comme bombarder la Syrie ou relocaliser l'ambassade américaine, par exemple). Il semble que Trump perçoive les vérités profondes qui se cachent derrière les images: "si vous devez tirer, tirez, ne parlez pas."
Ayant personnellement rencontré Trump à plusieurs reprises, trois fois dans le bureau ovale, j'ai pu percevoir des changements dans son comportement. À mon avis, ces changements vont dans le bon sens. Il est plus sérieux, plus réfléchi, prenant en compte mes questions avant d’y répondre, et aussi plus curieux, me posant beaucoup de questions sur ce qu’il faut changer.
Non seulement il a rempli sa promesse de campagne sur Jérusalem (en reconnaissant officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël le 6 décembre), mais il était évident que les implications de sa reconnaissance l'avaient surpris. Pour lui, la signification du déménagement est évident. Toute personne ayant un cerveau aurait dû être capable de le comprendre, même en cas de désaccord.
Comme ses prédécesseurs, Trump a été happé par le Moyen-Orient au tout début de sa présidence. Mais contrairement aux autres, il recevait un legs de l'ancien occupant de la Maison-Blanche particulièrement difficile à gérer : la présence massive de la Russie et de l'Iran au cœur du conflit syrien, qui devenait ainsi un problème régional stratégique.
Quiconque tente d'évaluer la politique de Trump dans la région au vu de l'année qui vient de se terminer doit garder à l'esprit deux événements clés: Trump a rappelé l'Iran à l’ordre sur ses essais de missiles balistiques et il a bombardé la Syrie en réponse à l'utilisation d'armes chimiques par le régime. Les deux initiatives ont eu l'effet escompté, du moins à court terme. Et c'était juste un avant-goût de ce que Trump pourrait faire si les provocations continuaient.
Contrairement à la réputation qu'il a acquise au cours de sa campagne, Trump préfère agir que parler. Quand il détecte une opportunité, il n'hésite pas, il frappe. L'Iran et la Syrie devraient en tirer des enseignements. Il a tenu cette position bien qu'Obama ait compliqué les choses pour son successeur en restant les bras croisés quand la Russie est entrée en Syrie en 2015.
Q: Vous sentez-vous chez vous à Washington, à présent, après une année au pouvoir?
"Vraiment, je me sens très bien, je suis chez moi, nous avons remporté beaucoup de succès et passé une excellente première année."
Q: Pensez-vous que votre présidence a réalisé la plus grande partie de ce que vous espériez au cours de cette première année au pouvoir?
"Je pense en fait, que j'ai réalisé plus que ce que j'avais promis, dans un certain sens. Nous avons fait des choses que, je le crains, bon nombre de gens ne pensaient pas possibles : l'allégement fiscal le plus important jamais effectué, la [démolition] du mandat individuel [institué par l’Obamacare], et une régulation [des dépenses]comme il n’y en a jamais eu. Donc nous avons très bien réussi. Au-delà de nos espérances.
Q: Quel a été le point culminant de votre première année, quel a été le point le plus élevé?
"Je pense que Jérusalem était une grande chose et je pense que c'était un point très important: la capitale, Jérusalem, étant votre grande capitale, c’était une chose très importante pour beaucoup de gens, j'ai été remercié, et dans certains cas non remercié pour être honnête à 100% sur ce sujet. Mais c'était un engagement très important que j'avais pris et j'ai rempli mon engagement. "
Q: Je pense que la nation entière d'Israël vous dit un grand merci, monsieur. La décision sur Jérusalem était-elle l'un de vos objectifs pour la première année de votre mandat?
"C’et vrai. J'avais dit que j'aimerais pouvoir le faire la première année. Je peux comprendre pourquoi beaucoup d'autres présidents n’ont pas tenu leur promesse. On leur a fait subir d’énormes pressions pour ne pas le faire. Ils ont tous renoncé à leur promesse, même quand c’était une promesse de campagne, mais je le comprends parce que je vais vous le dire, le lobbying contre cette décision était énorme. "
Q: Que vouliez-vous dire en affirmant récemment, à Davos, que du fait de votre décision, Jérusalem n’était plus sur la table [de négociation]?
"En retirant Jérusalem de la table, j'ai voulu préciser clairement que Jérusalem est la capitale d'Israël. En ce qui concerne ses frontières spécifiques, je soutiendrais ce que les deux parties décideront."
Q: Israël devra-t-il donner quelque chose en échange de la décision sur Jérusalem?
"Je pense que les deux parties devront faire des compromis difficiles pour parvenir à un accord de paix."
Q: De toute évidence, il y a du suspense en Israël à propos du plan de paix [dont la publication est] imminente. Quand les États-Unis dévoileront-ils leur plan de paix?
"Nous verrons ce qui se passera. En ce moment, je dirais que les Palestiniens ne cherchent pas à faire la paix, ils ne cherchent pas à faire la paix et je ne suis pas nécessairement sûr qu'Israël cherche à faire la paix. Donc nous nous contentons d’observer ce qui se passe."
Q: Les implantations feront-elles partie du plan?
"Nous parlerons des colonies. Les colonies sont quelque chose de très compliqué, et elles ont toujours compliqué la recherche de la paix. Je pense qu'Israël doit être très prudent avec les colonies."
Q: Comment voyez-vous la relation future entre les pays du Golfe, y compris l'Arabie Saoudite, et Israël?
"Ils vont beaucoup mieux. Je pense qu'ils me respectent et ils ont accepté ce que j'ai fait [concernant Jérusalem]. Quant aux pays du Golfe, j'ai eu de très bonnes relations avec beaucoup d'entre eux, mais je pense qu’il faut du temps, quand les gens ont vu tous ces morts et toutes ces destructions ... des années de mort, de destruction, de richesses dissipées, une masse de richesses dissipées Je pense que les gens sont fatigués de tout cela. C'est pourquoi faire la paix est si pertinent pour Israël et pour les Palestiniens Mais je pense que l'Arabie saoudite et d'autres pays ont déjà parcouru un long chemin. "
Q: Je devine que l'Égypte et le Caire sont supposés jouer un rôle clé dans le plan de paix. Sont-ils prêts à jouer ce rôle?
"Je pense qu'ils le feront, je veux dire au bon moment. Je m'intéresse maintenant aux Palestiniens et à Israël, je ne sais pas, franchement, si nous allons même avoir des discussions, nous verrons ce qui se passe, mais je pense qu’il serait très stupide pour les Palestiniens, et je pense aussi qu’il serait très idiot pour les Israéliens, de ne pas conclure un accord. C'est notre seule chance et cela ne se reproduira jamais par la suite. "
Q: Êtes-vous prêt à couper votre aide aux pays qui boycottent Israël et à vous opposer au mouvement BDS?
"Je ne veux pas le dire parce que vous savez, nous le ferons peut-être dans le cas de certains pays et peut-être pas dans d'autres. Je ne veux pas parler de ça."
Q: Que pensez-vous des relations entre les États-Unis et Israël en ce moment?
"Je pense qu'ils sont géniales, je pense que Bibi [le surnom populaire de Benjamin Netanyahu] est une personne formidable, un leader formidable, je pense que les relations sont bonnes, mais je pense qu’elles seront encore bien meilleures si jamais il obtenait un accord de paix. "
Q: Le vice-président Mike Pence jouera-t-il également un rôle dans cette relation?
"Ouais, il va jouer un rôle très important, il a déjà joué un rôle important."
Q: Diriez-vous que nos nations sont plus proches que jamais?
"Je pense que nous sommes probablement plus proches que jamais, je sens que nos relations seraient encore meilleures si nous pouvions vraiment conclure un accord en termes de paix. Je veux dire que vous n'étiez pas très proche d'Obama, il vous a donné l'accord sur l'Iran. Au fond, un accord qui apporte de mauvaises choses pour Israël. Obama a été terrible. Il a été absolument terrible pour Israël. Je pense que nos relations sont très bonnes. Je pense qu'elles sont probablement meilleures qu’elle n’ont jamais été. "
Q: En Israël, nous pensons que l'accord de 2015 avec l'Iran était une façon de donner crédit à la révolution iranienne.
" Pour Israël l'accord avec l’Iran a été catastrophique. Rien moins. Je pense que c'est catastrophique pour Israël à cause de la façon de l’élaborer, de ce qu’on s’est autorisé à faire , de la façon de le signer, de la façon de le ratifier, tout cela est plutôt incroyable pour moi. C'est un accord terrible pour beaucoup d’acteurs mais je pense qu’il est mauvais en particulier pour Israël, vraiment. "
Q: Mais ayant hérité de la situation laissée par Obama, l'Iran peut-il encore être contenu ?
"Absolument, bien sûr. Vous voyez ce qui se passe, ils ont des émeutes dans les rues."
Q: Êtes-vous inquiet du climat politique qui règne à Washington et au sein des forces de l'ordre?
"Je pense que nous avons beaucoup appris au cours des trois ou quatre dernières semaines. Nous apprenons beaucoup et nous continuerons à beaucoup apprendre. Je pense que ça va très bien se terminer."
Q: Avez-vous remarqué des changements dans le comportement de l'Iran depuis que vous les avez mis en demeure?
"J'ai remarqué beaucoup de changements dans leur comportement, mais je ne vais pas faire de commentaire sur la nature de ce changement. Mais il y a certainement eu un changement."
Auteur : Boaz Bismuth, rédacteur en chef de Israel Hayom
Date de première publication : 11 février 2018
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
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