Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud
Abbas est prêt à combattre le Hamas jusqu'au dernier soldat israélien.
Bien
qu'il déteste Israël et ses dirigeants, il craint beaucoup plus le Hamas et ses
chefs, car si les premiers s'opposent à sa politique, les seconds constituent
une menace réelle pour sa vie.
Abbas ne s’épargnerait aucun effort pour éliminer
les dirigeants du Hamas. Dans l’idéal, il préférerait qu'Israël fasse le sale
boulot pour son compte, de préférence en s’exposant à l’accusation de crimes de
guerre.
Comme de nombreux hauts responsables israéliens,
M. Abbas comprend que la crise humanitaire dans la Bande de Gaza est proche du
désastre. Le taux de chômage frôle les 50%, et les habitants n'ont qu'une
poignée d'heures d'électricité par jour tandis que l'eau potable se raréfie.
Le sentiment de désespoir qui y règne rappelle de
plus en plus la situation de 2014, où se sentant le dos au mur le Hamas a
déclenché une guerre. Abbas sait qu'il n'en faudra pas beaucoup plus pour
atteindre un point de rupture, et il fait de son mieux pour nous y conduire.
M. Abbas a récemment réduit de 50% les salaires
des fonctionnaires de l'Autorité palestinienne dans la Bande de Gaza et
licencié des milliers d'entre eux. Il a suspendu les prestations sociales pour
les familles de Gaza, réduit à peu près tous les budgets dans l'enclave côtière.
Il tente de limiter à nouveau l'accès à l’électricité, malgré le froid de
l'hiver, exacerbant ainsi la souffrance des Gazaouis. En obéissant à des
penchants encore plus cruels, il a également suspendu la livraison de
médicaments essentiels à Gaza, y compris pour les nouveau-nés et les enfants,
et considérablement réduit le financement des soins médicaux dispensés en
Israël pour les Gazaouis.
Ces mesures inhumaines visent à accroître les
souffrances des Palestiniens. Si le Hamas engage à nouveau les hostilités,
Israël n'aura pas d'autre choix que se défendre. Ce sera une campagne militaire
complètement différente, car contrairement aux conflits précédents qui se sont
terminés sans victoire décisive, le public israélien ne tolérera pas un autre
round de combat sans résultat clair.
Il y a des chances que les FDI (Forces de Défense
d’Israël) ne se limitent pas à des frappes aériennes et à une incursion
terrestre limitée, mais, comme l'ont exigé les hauts responsables lors de
l'opération Protective Edge en 2014, ils s’emploieront à renverser et à écraser
le Hamas.
Il s'agirait d'une campagne militaire beaucoup
plus vaste qui pourrait faire des ravages à la fois en Israël et parmi les
Palestiniens. Potentiellement, Israël pourrait être accusé de crimes de guerre
et Abbas lui-même prendrait la tête de l’accusation, dans l’espoir d'en tirer
des bénéfices à deux niveaux à la fois: il serait salué pour avoir porté un
coup fatal au Hamas et il serait adulé pour avoir défendu les Palestiniens
contre les sionistes.
L’objectif de Abbas est d'occuper une fois de
plus la place de dirigeant unique du peuple palestinien, et il aimerait y
parvenir grâce au glaive israélien trempé dans le sang palestinien.
Ce scénario peut-il être évité? Il n'y a pas de
réponse simple.
L'option la plus logique consiste à accroître le
transfert de biens essentiels vers Gaza, avant tout la nourriture et les
médicaments, et à envisager d'ouvrir un autre passage qui pourrait être relié
au port d'Ashdod par voie ferroviaire. Dans le même temps, Israël devrait
augmenter l'approvisionnement en électricité de l'enclave.
Malheureusement, le Moyen-Orient n'est pas toujours
gouverné par la logique. C'est pourquoi le Hamas a creusé un tunnel à visée
terroriste sous le passage de Kerem Shalom - le seul passage de marchandises vers
Gaza – faisant peser ainsi un risque sur son fonctionnement.
Pourtant, Israël doit agir immédiatement pour
atténuer la crise humanitaire dans la bande côtière, pour empêcher si possible
la prochaine guerre, et à défaut, pour nous fournir un bouclier diplomatique et
légal si nous en avons besoin.
La conduite de Abbas n'est pas nouvelle. Il
pousse Israël à la guerre dans le seul but de déclencher des enquêtes
internationales cinglantes concluant à des rapports ultérieurement discrédités sur
le modèle de celui de Goldstone de 2009 lors de l’opération Plomb Durci.
Mais cette fois, cela
pourrait conduire à un scénario de cauchemar qu'Israël doit prévenir. Si nous
sommes obligés de nous défendre contre le Hamas, nous devons le faire non pas au
bénéfice de Abbas, mais uniquement pour protéger les intérêts vitaux d'Israël.
Titre original : Abbas' doublegame
Auteur : Michael Oren, vice ministre au Bureau du Premier ministre, ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis
Date de première parution :
vendredi 16 février 2018
Traduction :
Jean-Pierre Bensimon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire