samedi 17 février 2018

Le double jeu de Mahmoud Abbas: vers une nouvelle guerre de Gaza ?


Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est prêt à combattre le Hamas jusqu'au dernier soldat israélien.
Bien qu'il déteste Israël et ses dirigeants, il craint beaucoup plus le Hamas et ses chefs, car si les premiers s'opposent à sa politique, les seconds constituent une menace réelle pour sa vie.

Abbas ne s’épargnerait aucun effort pour éliminer les dirigeants du Hamas. Dans l’idéal, il préférerait qu'Israël fasse le sale boulot pour son compte, de préférence en s’exposant à l’accusation de crimes de guerre.

Comme de nombreux hauts responsables israéliens, M. Abbas comprend que la crise humanitaire dans la Bande de Gaza est proche du désastre. Le taux de chômage frôle les 50%, et les habitants n'ont qu'une poignée d'heures d'électricité par jour tandis que l'eau potable se raréfie.

Le sentiment de désespoir qui y règne rappelle de plus en plus la situation de 2014, où se sentant le dos au mur le Hamas a déclenché une guerre. Abbas sait qu'il n'en faudra pas beaucoup plus pour atteindre un point de rupture, et il fait de son mieux pour nous y conduire.

M. Abbas a récemment réduit de 50% les salaires des fonctionnaires de l'Autorité palestinienne dans la Bande de Gaza et licencié des milliers d'entre eux. Il a suspendu les prestations sociales pour les familles de Gaza, réduit à peu près tous les budgets dans l'enclave côtière. Il tente de limiter à nouveau l'accès à l’électricité, malgré le froid de l'hiver, exacerbant ainsi la souffrance des Gazaouis. En obéissant à des penchants encore plus cruels, il a également suspendu la livraison de médicaments essentiels à Gaza, y compris pour les nouveau-nés et les enfants, et considérablement réduit le financement des soins médicaux dispensés en Israël pour les Gazaouis.

Ces mesures inhumaines visent à accroître les souffrances des Palestiniens. Si le Hamas engage à nouveau les hostilités, Israël n'aura pas d'autre choix que se défendre. Ce sera une campagne militaire complètement différente, car contrairement aux conflits précédents qui se sont terminés sans victoire décisive, le public israélien ne tolérera pas un autre round de combat sans résultat clair.

Il y a des chances que les FDI (Forces de Défense d’Israël) ne se limitent pas à des frappes aériennes et à une incursion terrestre limitée, mais, comme l'ont exigé les hauts responsables lors de l'opération Protective Edge en 2014, ils s’emploieront à renverser et à écraser le Hamas.

Il s'agirait d'une campagne militaire beaucoup plus vaste qui pourrait faire des ravages à la fois en Israël et parmi les Palestiniens. Potentiellement, Israël pourrait être accusé de crimes de guerre et Abbas lui-même prendrait la tête de l’accusation, dans l’espoir d'en tirer des bénéfices à deux niveaux à la fois: il serait salué pour avoir porté un coup fatal au Hamas et il serait adulé pour avoir défendu les Palestiniens contre les sionistes.

L’objectif de Abbas est d'occuper une fois de plus la place de dirigeant unique du peuple palestinien, et il aimerait y parvenir grâce au glaive israélien trempé dans le sang palestinien.

Ce scénario peut-il être évité? Il n'y a pas de réponse simple.

L'option la plus logique consiste à accroître le transfert de biens essentiels vers Gaza, avant tout la nourriture et les médicaments, et à envisager d'ouvrir un autre passage qui pourrait être relié au port d'Ashdod par voie ferroviaire. Dans le même temps, Israël devrait augmenter l'approvisionnement en électricité de l'enclave.

Malheureusement, le Moyen-Orient n'est pas toujours gouverné par la logique. C'est pourquoi le Hamas a creusé un tunnel à visée terroriste sous le passage de Kerem Shalom - le seul passage de marchandises vers Gaza – faisant peser ainsi un risque sur son fonctionnement.

Pourtant, Israël doit agir immédiatement pour atténuer la crise humanitaire dans la bande côtière, pour empêcher si possible la prochaine guerre, et à défaut, pour nous fournir un bouclier diplomatique et légal si nous en avons besoin.

La conduite de Abbas n'est pas nouvelle. Il pousse Israël à la guerre dans le seul but de déclencher des enquêtes internationales cinglantes concluant à des rapports ultérieurement discrédités sur le modèle de celui de Goldstone de 2009 lors de l’opération Plomb Durci.

Mais cette fois, cela pourrait conduire à un scénario de cauchemar qu'Israël doit prévenir. Si nous sommes obligés de nous défendre contre le Hamas, nous devons le faire non pas au bénéfice de Abbas, mais uniquement pour protéger les intérêts vitaux d'Israël.

Titre original : Abbas' doublegame

Auteur : Michael Oren, vice ministre au Bureau du Premier ministre, ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis

Date de première parution : vendredi 16 février 2018

Traduction : Jean-Pierre Bensimon

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