Décennie après décennie, les administrations américaines successives ont mis en branle ce qu'on a appelé un «processus de paix». Aucune n’est parvenue à des avancées vers le terme du conflit israélo-palestinien.
Au cours de la dernière année, le président Donald Trump a espéré qu'il pourrait réussir là où d'autres ont échoué. Il a chargé des conseillers de confiance, libérés des erreurs des processus de paix antérieurs, de travailler sur cet «accord ultime».
Mais les événements de ces derniers jours ne devraient laisser aucun doute dans son esprit ou dans celui de quiconque : un dirigeant palestinien serrant la main d'un dirigeant israélien sur la pelouse de la Maison Blanche n’est pas une image plausible dans un avenir prévisible.
La cause de cette impossibilité est apparue samedi dernier [le 10 févr. 2018], lorsque les forces iraniennes opérant à partir d'une base aérienne en Syrie ont lancé un drone dans l'espace aérien israélien. Un hélicoptère Apache l'a abattu. Israël a ensuite envoyé huit avions de combat F-16i pour détruire le centre de commandement iranien en Syrie. L'un des avions a été plombé par ce que les Israéliens décrivent comme "un tir de barrage anti-aérien massif des forces syriennes". Les pilotes sont retournés dans l'espace aérien israélien, ont été éjectés et ont survécu. Leur avion s'est écrasé en territoire israélien.
Aucun dirigeant palestinien n'a condamné cette provocation. Aucun dirigeant palestinien n'a jamais condamné l'Iran, dont les intentions envers Israël sont ouvertement éradicatices.
Le Hezbollah, le groupe téléguidé par l'Iran dans la région, a des dizaines de milliers de missiles qui pointent vers des cibles israéliennes depuis le Liban, un pays qu'il dirige de fait à présent. Le Hezbollah est ouvertement génocidaire envers les Israéliens et les Juifs. Le chef du "Parti de Dieu", Hassan Nasrallah, a déclaré que si "les Juifs de toutes les parties du monde se rassemblent en Palestine occupée ... [alors c’est] là que se déroulera la bataille finale et décisive".
Le Hamas, la principale puissance de la Bande de Gaza qui entretient une présence non négligeable en Cisjordanie, a des vues identiques concernant les Israéliens et les Juifs. Le Hamas estime que tout territoire conquis un jour par les musulmans ne peut être cédé à des non-musulmans. Ce ne sont pas des positions de négociation. C’est une question d'idéologie et de théologie pour le Hamas, pour le Hezbollah et les théocrates iraniens. Donc, pour le Hamas, la paix avec Israël n'est pas une option concevable.
Dans cet environnement, il faudrait un leader palestinien doté d'une énorme indépendance, d'un charisme et d'un grand courage pour négocier la fin du conflit. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas n'est pas ce leader.
Élu en 2005 pour un mandat de quatre ans, Abbas est resté à ce poste depuis lors sans être réélu. Dans de récentes déclarations, il a clairement indiqué qu'il n'acceptait pas le principe de base d'une solution à deux États.
Il ne reconnaît pas que le peuple juif a le droit à l'autodétermination sur une part quelconque de son ancienne patrie. Il a récemment déclaré que "Jérusalem est arabe, musulmane et chrétienne", omettant ostensiblement les racines juives de la ville sainte.
Cela fait des années que Abbas a dit qu'il acceptait de négocier avec les Israéliens. Mais au lieu de négocier, il a pris part à des campagnes pour délégitimer Israël. C’est dans ce cadre que la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations Unies a été votée fin 2016 parce que le président Barack Obama a refusé d'y opposer son veto. Abbas affirme qu'Israël n'a aucun droit sur les quartiers Est de Jérusalem, pas même sur le quartier juif de la vieille ville. Ni non plus sur les sites les plus sacrés du judaïsme, le Mur des Lamentations et le Mont du Temple. La reconnaissance de Trump de Jérusalem en tant que capitale d'Israël en décembre a au moins contribué à stopper l'élan de ce récit destructeur.
Il est important de le comprendre. Cette campagne de délégitimation répond à l'intention stratégique de justifier les attaques contre Israël – qu’elle viennent de l'Iran, de la Syrie, du Hezbollah, du Hamas, etc. La «résistance» à un «régime illégitime» diffusera tôt ou tard un cocktail empoisonné de violence, de guerre économique et de diplomatie. Tant que cet objectif semble réaliste, même vaguement, aucun dirigeant palestinien ne peut s’en démarquer sans dessiner une cible sur son dos. Et aucun dirigeant israélien ne peut envisager de compromis sérieux.
Abbas s'oppose à la "normalisation" avec Israël, empêchant effectivement les Israéliens et les Palestiniens de travailler ensemble, de se connaître, peut-être de découvrir qu'ils n'ont pas besoin d'être des ennemis à tout jamais.
La campagne anti-israélienne de boycott, de désinvestissement et de sanctions fait partie intégrante de cet effort «anti-normalisation». C'est également une cause importante du chômage élevé et de la pauvreté en Cisjordanie.
Abbas a 82 ans. À un moment donné, il laissera sa place et un nouveau processus de paix pourra être déclenché. Mais cela dépendra de qui lui succédera.
Selon la loi palestinienne, le président du Conseil législatif palestinien assumerait "temporairement" les pouvoirs et les devoirs du président de l'AP. Cette position est actuellement occupée par un responsable du Hamas qui, selon les Israéliens, a été impliqué dans des activités terroristes.
Après 60 jours, il y aurait des élections «libres». Compte tenu du temps écoulé depuis les élections en Cisjordanie et à Gaza, quelle est la probabilité que ces élections soient organisées? Et si, comme c’est le cas au Moyen-Orient depuis d'innombrables siècles, le pouvoir est pris par les armes, qui risque de l'emporter? Le Hamas? Le Hezbollah?
Pour ceux qui, dans l'administration Trump, sont en charge du conflit israélo-palestinien, la tâche consiste maintenant à travailler avec l'Arabie saoudite et d'autres partenaires arabes sunnites. Mais aussi avec tous les éléments pragmatiques au sein de l'Autorité palestinienne afin de promouvoir si possible une nouvelle génération de dirigeants ouverts à la résolution des conflits, qui ne considèrent pas la coexistence pacifique avec Israël comme une défaite.
L'ampleur de ce défi, condition préalable à tout nouveau processus de paix significatif, ne doit pas être sous-estimée.
Titre original : Why peace can't be processed now
Auteur : Clifford D. May président de la Fondation pour la Défense des Démocraties, et éditorialiste à The Washington Times
Date de première publication : le 16 février 2018 in Israel Hayom
Traduction : Jean-Pierre Bensimon
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